Le mot-caché...souveraineté

Un silence inquiétant

Tribune libre

À part quelques rares déclarations publiques ou quelques envolées oratoires sur la question nationale devant des partisans déjà convaincus, on ne peut pas dire que le mot « souveraineté » fait partie du quotidien de Pauline Marois.
À titre d'exemple, mardi le 26 mars, devant les membres de la Chambre de commerce et d’industrie de la Ville de Québec, un auditoire qui contenait beaucoup de péquistes, la première ministre leur a livré un discours de huit pages sans prononcer une seule fois le mot souveraineté.
Et, pourtant, même si, en général, le discours souverainiste n’obtient pas souvent la cote devant les chambres de commerce, il me semble que, cette-fois-ci, les occasions de mettre l'option en valeur ne manquaient pas. Pauline Marois s’adressait, en effet, à un auditoire très sympathique aux critiques de son gouvernement contre les mesures de Flaherty sur la formation professionnelle et les fonds des travailleurs, deux mesures intrusives qui seraient contrées par un gouvernement souverain.
Et, au même moment où le mot-caché continue de briller par son absence dans la bouche de notre première ministre, le gouvernement du Parti québécois, qui s’était farouchement opposé à la loi 78, trouve opportun de se prononcer en faveur du règlement P6 qui oblige les manifestants à livrer leur itinéraire à l’avance et à se découvrir le visage.
À mon sens, les péquistes sont peut-être en train de faire un compromis de trop en bradant nos libertés d’expression en échange d’un moment de calme. Mais pire encore, en agissant de façon aussi laxiste, ils soufflent sur les braises de la crise, risquant de l’attiser, une conséquence qui, à mon avis, démontrerait l’échec du PQ dans ses négociations avec le étudiants.
En bref, le silence chronique de Pauline Marois sur l’option souverainiste de son parti, allié à des décisions pour le moins contestables de son gouvernement faisant preuve d’un recul par rapport à plusieurs de ses engagements pré-électoraux, n’augurent rien d’emballant ni de mobilisateur pour la promotion de la souveraineté du Québec, un concept qui semble caché derrière les coulisses du pouvoir !
Henri Marineau
Québec

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Henri Marineau2033 articles

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Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplôme de l’École Normale Supérieure en 1972. Cette année-là, il entre au Collège des Jésuites de Québec à titre de professeur de français et participe activement à la mise sur pied du Collège Saint-Charles-Garnier en 1984. Depuis lors, en plus de ses charges d’enseignement, M. Marineau occupe divers postes de responsabilités au sein de l’équipe du Collège Saint-Charles-Garnier entre autres, ceux de responsables des élèves, de directeur des services pédagogiques et de directeur général. Après une carrière de trente-et-un ans dans le monde de l’éducation, M. Marineau prend sa retraite en juin 2003. À partir de ce moment-là, il arpente la route des écritures qui le conduira sur des chemins aussi variés que la biographie, le roman, la satire, le théâtre, le conte, la poésie et la chronique. Pour en connaître davantage sur ses écrits, vous pouvez consulter son site personnel au www.henrimarineau.com





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6 commentaires

  • Henri Marineau Répondre

    2 avril 2013

    @ Yves Rancourt,
    Vous dites: "C’est vraiment désolant de voir un souverainiste avoué s’en prendre à un parti souverainiste en puisant dans les idées d’un chroniqueur fédéraliste. C’en est même désespérant."
    Sachez, M. Rancourt, que, peu importe la provenance des idées auxquelles j'adhère, je n'ai aucun scrupule à les utiliser pour défendre l'argumentaire de mon article!

  • Yves Rancourt Répondre

    31 mars 2013

    Dans ses premiers paragraphes, monsieur Marineau reprend presque mot à mot des propos tenus par le chroniqueur Gilbert Lavoie dans un texte publié dans Le Soleil de samedi, un journal( de Gesca) que l'on ne peut certes pas qualifier de très favorable à l'indépendance du Québec. C'est le moins que l'on puisse dire.
    C'est vraiment désolant de voir un souverainiste avoué s'en prendre à un parti souverainiste en puisant dans les idées d'un chroniqueur fédéraliste. C'en est même désespérant.
    Salutations.

  • Archives de Vigile Répondre

    31 mars 2013

    @ René P.
    Bon commentaire que j'endosse à 100%! Jamais si bien dit!
    André Gignac 31/3/13

  • Archives de Vigile Répondre

    30 mars 2013

    Vous avez bien raison monsieur Marineau. Lorsqu'une compagnie quelconque veut promouvoir son produit, elle nous décrit ses caractéristiques, elle nous le montre, elle cherche à nous convaincre qu'on ne peut s'en passer sinon, son produit ne se vend pas. Pour avoir notre pays, c'est la même chose:il faut le vendre, il faut convaincre les Québécois que sans lui, ils n'existent pas, ils ne sont rien sinon, les valets des envahisseurs, les valets de la royauté qui vit à leurs dépens, qui vide leurs poches pour emplir les siennes. Alors, il faut qu'ils se posent la question célèbre de la juge Charbonneau de la Commission qui porte son nom: êtes vous incompétents ou imbéciles? Parce que, un moment donné, il faut arrêter de tourner autour du pot et poser les vraies questions, surtout celles qui vous ramènent à nous-mêmes. La publicité est efficace lorsqu'elle est présentée sans arrêt. Le Canada l'a bien compris car ses politiciens ne ratent pas une occasion d'essayer de nous convaincre que sans lui on ne pourrait pas vivre. Le PQ, au contraire, a toujours caché son option en prétextant que le fait d'en parler faisait peur "au monde". Si le "monde"! en a peur, c'est justement parce qu'il n'en parle pas. C'est bien connu que l'inconnu fait peur. Alors, parlons-en encore et encore. Si on est vraiment convaincus, cela devrait nous transpercer. Je ne sais vraiment pas pourquoi on a peur de dire ce que l'on est et ce dont il nous faut pour nous épanouir. On est là pour défendre le mariage des prêtres, on est là pour défendre l'homosexualité,on est là pour défendre la laicité, on est là pour défendre l'égalité sociale, on est là pour défendre la justice, on est là pour défendre la gratuité scolaire,etc,etc,etc,on est même là pour défendre les Palestiniens mais, lorsqu'il s'agit de défendre notre peuple, notre autonomie, notre pays conquis par la violence, on se sent coupables?, on n'est pas là?, on a peur de faire de la chicane? on laisse les fédéralistes égoistes tromper le peuple? Lorsqu'il s'agit de notre survie, il me semble que rien d'autre n'existe. Si on n'y voit pas maintenant, demain il sera trop tard. Alors, il faut y mettre le paquet et cesser de dire qu'il ne faut pas "faire peur au monde". Madame Marois, entourez-vous de publicistes compétents et payez-les...comme c'est le cas pour5 les publicistes "canadians".

  • Jean-Pierre Bélisle Répondre

    30 mars 2013

    Je n'ai rien d'un dévot; ni à l'égard de Madame Marois, ni à l'égard de sa plateforme de "gouvernance souverainiste".
    Madame Marois avait annoncé bien avant de devenir première ministre en quoi consisterait sa gouvernance souverainiste. Alors, à quoi bon lui chercher noise pour ce "mot caché", comme vous dites, que vous aimeriez qu'elle prononce sans-cesse publiquement comme si elle récitait le chapelet.
    Et d'ailleurs, on ne devrait juger un personnage politique que d'après les résultats concrets de ses actes; non d'après les traits de sa personnalité, ses intentions ou - dans le cas présent - d'après la fréquence des mots qu'il vous plairait qu'elle/il vocalise en toute circonstance.
    Les accomplissements d'un(e) premier ministre, dérivent essentiellement de sa capacité à protéger son peuple en faisant face à l'imprévu. Non pas du caractère mélodieux de ses chants de gorge.
    Le pm canadien Stepher Harper, par exemple, ne psalmodie pas les mots "religion" et "Jésus Christ" devant les chambres de commerce. Pourtant, ses politiques sont concrètement très efficaces à l'égard des églises évangélistes et aucune de celles-ci ne lui reprochent ses "mots cachés".
    Enfin, la question de la police et de l'ordre public. Vous vous trompez tout simplement de cible, vous manquez absolument du "sens de l'État" et vous semblez incapable de situer ce sujet dans la présente et sombre perspective politique Nord-Américaine en particulier et occidentale en général.
    Si le Québec était déjà une petite république souveraine et que - dans les mêmes circonstances - son président tienne des propos autres que ceux prononcés par Madame Marois, il y aurait à n'en point douter tous les ingrédients pour un coup d'état policier-militaire, soutenu tant au Sud qu'à l'Ouest.
    Les discours ou commentaires à saveur anarchistes sont pour la rue. Le vocabulaire afférent n'appartient pas à la langue de l'État.
    JPB

  • Yves Rancourt Répondre

    30 mars 2013

    Monsieur Marineau,
    Si j'ai bien compris votre cheminement, vous êtes membre d'Option nationale. Et, naturellement, vous ne pouvez vous empêcher de critiquer un parti frère mais "ennemi" sur la base d'une simple omission de sa chef dans un discours d'une importance secondaire. Je comprends dès lors pourquoi notre nation vit présentement des moments si difficiles.
    En regardant le dernier Léger, on constate encore une fois que moins d'un quart des électeurs francophones appuient le PLQ de Philippe Couillard et pourtant l'électorat s'apprêterait à lui redonner le pouvoir, à redonner le pouvoir à cette oligarchie fédéraliste qui a fait reculer le Québec comme jamais dans son histoire. Alors que les anglophones et allophones appuient très largement le PLQ, nous, francophones, colonisés comme nous le sommes, faisons tout pour diviser notre vote, et ce pour le moindre prétexte.
    Je ne suis pas membre du PQ et suis capable de reconnaître ses erreurs mais je ne suis pas assez suicidaire pour agir contre les intérêts de notre nation.
    Salutations.