Le manifeste des économistes atterrés

Économistes atterrés


Le 29 septembre dernier, les Echos a discrètement relayé le « Manifeste des Economistes Atterrés. » En 22 points, Philippe Askenazy, Thomas Coutrot, André Orléan et Henri Sterdyniak dénoncent 10 fausses évidences, largement propagées par ces fous qui nous gouvernent.
Je vous livre les têtes de chapitres :
Fausse évidence n°1 : Les marchés financiers sont efficients
Fausse évidence n°2 : Les marchés financiers sont favorables à la croissance économique
Fausse évidence n°3 : Les marchés sont de bons juges de la solvabilité des Etats
Fausse évidence n°4 : L’envolée des dettes publiques résulte d’un excès de dépenses
Fausse évidence n°5 : Il faut réduire les dépenses pour réduire la dette publique
Fausse évidence n°6: La dette publique reporte le prix de nos excès sur nos petits-enfants
Fausse évidence n°7 : Il faut rassurer les marchés financiers pour pouvoir financer la dette publique
Fausse évidence n°8 : L’Union Européenne défend le modèle social européen
Fausse évidence n°9 : L’euro est un bouclier contre la crise
Fausse évidence n°10: La crise grecque a enfin permis d’avancer vers un gouvernement économique et une vraie solidarité européenne
Alors que les députés examinent le projet de budget 2011 et que l’on discute beaucoup des « dérapages » de nos finances publiques, les trois chapitres (4 à 6) consacrés à l’endettement public sont très intéressants.
Les auteurs fustigent d’abord l’opinion communément répandue parmi nos gouvernants et la plupart de leurs soutiens médiatiques: « L’État s’endettant comme un père de famille alcoolique qui boit au dessus de ses moyens: telle est la vision ordinairement propagée par la plupart des éditorialistes. » Or, écrivent-ils, « la montée de la dette publique, en France et dans de nombreux pays européens (…) provient largement non pas d’une tendance à la hausse des dépenses publiques (…) mais de l’effritement des recettes publiques, du fait de la faiblesse de la croissance économique sur la période, et de la contre-révolution fiscale menée par la plupart des gouvernements depuis vingt-cinq ans. » La critique du bouclier fiscal, plus importante depuis le printemps dernier, a permis d’entamer enfin ce débat sur les niches fiscales.
Autre réflexion, réduire les dépenses publiques n’est pas le premier levier de réduction de la dette publique. Un Etat ne se comporte pas comme un ménage. « La dynamique de la dette dépend en toute généralité de plusieurs facteurs: le niveau des déficits primaires, mais aussi l’écart entre le taux d’intérêt et le taux de croissance nominal de l’économie. » Plus cet écart est important, plus la dette et ses intérêts s’envolent. Or, rappellent les auteurs, le niveau de croissance n’est pas sans rapport avec … la dépense publique. L’Irlande, qui a engagé un sévère plan de rigueur l’an dernier, vient de le réaliser, avec une récession aggravée au premier semestre. Pour des pays dépendants des marchés extérieurs, la rigueur est une potion dangereuse. Aussi ces 5 économistes suggèrent-ils au contraire de « maintenir le niveau des protections sociales, voire les améliorer (assurance-chômage, logement…)« , une démarche inverse de celle suivie par le gouvernement de Sarkofrance.


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