J’ai regardé avec beaucoup d’intérêt le débat qu’a animé la journaliste Anne-Marie Dussault sur RDI mardi soir dernier.
Comme chaque fois qu’il est question du projet de charte de la laïcité, j’ai constaté qu’on ne tenait pour ainsi dire pas compte du citoyen bénéficiaire des services publics, qui est pourtant la raison même de l’État. S’il existe des écoles, des universités, des hôpitaux, des cours de justice, des musées, des corps policiers, des ministères, des régies de toutes sortes et j’en passe, c’est avant tout pour servir le citoyen et contribuer à son mieux-être. Les employés de l’État tirent la justification de leurs emplois essentiellement des services qu’ils rendent à leurs concitoyens. En conséquence, les droits des bénéficiaires de l’État, qui sont aussi ses contribuables, devraient primer dans les services publics et parapublics.
Cette priorité des droits des usagers de l’État impose à tous ses représentants un devoir de réserve et de neutralité pour assurer un traitement équitable et impartial pour tous et toutes, sans distinction notamment de religion ou d’opinion politique, ainsi que nous l’a rappelé si justement le professeur Guy Rocher à la Commission parlementaire. La loi de la fonction publique impose déjà aux fonctionnaires une stricte neutralité politique dans l’exercice de leurs fonctions. La charte de la laïcité viendra compléter cette loi en affirmant les principes inaliénables de la laïcité et de la neutralité religieuse de l’État et de tous ses représentants.
L'usager des services publics
Le grand oublié du débat sur la laïcité
Tribune libre
Claude Simard11 articles
Claude Simard, Professeur retraité de la faculté des sciences de l’éducation de l’Université Laval
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2 commentaires
Archives de Vigile Répondre
7 février 2014Bravo M. Simard de rappeler la finalité même des services publics. Dans le secteur de la santé, cela correspond exactement à ce que le ministre de la Santé et des services sociaux affirmait en 1990 dans son Livre blanc «Une réforme axée sur le citoyen».
Ce choix se fonde sur les raisons suivantes :
c'est aux citoyens que sont destinés les services rendus par le réseau de la santé et des service sociaux;
ce sont les citoyens qui paient, soit directement soit à travers leurs impôts, les services rendus par le réseau;
ce sont les citoyens qui doivent inspirer les orientations.
L'objectif fondamental de la réforme est donc de replacer le citoyen au CENTRE du réseau de la santé et des services sociaux, le citoyen étant vu sous trois angles :
le citoyen consommateur
le citoyen décideur
le citoyen payeur
Archives de Vigile Répondre
6 février 2014C'est tout à fait cela. Pourquoi le droit individuel personnel de la liberté d'un employé de l'État de manifester de façon infantile ses croyances primerait-il sur le droit des citoyens payeurs de taxes et d'impôts et bénéficiaires de services de ne pas être importunés par une "réclame publicitaire" ambulante qu'ils ne partagent pas nécessairement?
Si on permet cela, on ouvre la boîte de Pandore. Qui empêchera les employés non croyants de faire de même et d'afficher ostensiblement leur non-croyance?
Qui empêchera l'employé catholique d'afficher son mépris contre l'islam ou le judaisme et vice-versa?
Qui empêchera les raëliens de s'en mêler et faire la réclame des Élohims et des membres des diverses sectes religieuses et non religieuses d'embarquer dans la valse?
Veut-on vraiment que la fonction publique se transforme en cirque publicitaire?
Pierre Cloutier