Le «génocide» du Petit Papa Noël

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« Dans un pays qui fait pleuvoir des milliards sur les autochtones depuis longtemps, un «génocide»!, qui croira ça? »


À quelques mois des élections, et prenant les chapeaux de Robin des bois et du Petit Papa Noël, Justin Trudeau s’est ému presque sans effort devant le rapport sur les femmes et les filles autochtones assassinées ou disparues rendu public lundi.


«Une honte», a-t-il dit, avec sa face longue des grands jours.  


Dressant un doigt mouillé pour sentir le vent, le Grand Contrit a pris une journée avant de prononcer l’absurde mot qui répugnait à tous ceux qui croient que la vérité a encore ses droits.  


Un «génocide», a-t-il donc répété, une fois rendu dans l’Ouest.   


Personne n’y croit vraiment. Et le Grand Duc de la Compassion n’y croit manifestement pas non plus mais quelle importance!  


Dans un pays qui fait pleuvoir des milliards sur les autochtones depuis longtemps, un «génocide»!, qui croira ça? Allons! N’en mettez plus, la cour des culpabilités est pleine à rebord.  


Génocide, ce mot est tellement fort qu’il rebute et empêche la compassion. Et ce fameux rapport, comme d’autres avant lui, passera par dessus la tête de la majorité silencieuse pour finir sur les tablettes de l’office fédéral/provincial des affaires à oublier.  


Même si le sort des femmes autochtones n’est pas toujours enviable, et très souvent misérable, il ne s’agit pas d’un génocide. Du moins pas au sens où on l’entend depuis un siècle.  


La mort et la disparition de femmes autochtones au Canada (et/ou des 2ELLGBTQQIA) ne peuvent être comparées à l’extermination des Juifs, à l’anéantissement des Arméniens ou au massacre des Tutsis au Rwanda.  



Le «génocide» du Petit Papa Noël

photo d'Archives




Imputer au Canada un «plan génocidaire», c’est tout simplement ridicule, hystérique. Une «fake news», comme on dit aujourd'hui.   


Sauf évidemment si on admet que les mots n’ont plus de sens, qu’on en fait ce qu’on veut, que les mots, comme la vérité, ne soient qu’une pâte à modeler.  


Ainsi peut-on accabler le Québec, si peu chéri dans le reste du Canada par les temps qui courent.  


Elle a droit à une sacrée réprimande, la Belle Province, et même à un rapport complémentaire, rien de moins.   


Les méchants Québécois qui déjà en font voir de toutes les couleurs aux immigrants et qui ne veulent pas que l’islam ait en son sein la partie aussi facile qu’ailleurs...  


Ils sont bien utiles quand vient le temps de distribuer les blâmes. Pourtant, selon Rade-Cane, «la très vaste majorité des victimes provenaient des provinces de l’Ouest, puis de l’Ontario».   


Par ailleurs, la commission sur les meurtres ou la disparition des femmes autochtones n’a pas été très bavarde quant au sort des femmes sur les réserves fédérales. C’est plus facile de jeter la pierre à la SQ, au réseau de la santé ou aux Québécois en général.  


Mais ces femmes, jeunes souvent, qui craignaient-elles avant de fuir dans quelconque centre-ville? Qui les avait poussées à frapper aux fenêtres des motels pour s’offrir contre une bouteille de n’importe quoi? D’où venait donc leur détresse originelle?  


Est-ce un agent de la SQ, un fonctionnaire qui plaque une main sur la bouche de la petite qui dort? Jadis des missionnaires pervers mais encore...  


Dommage que nous n’ayons pas un Alan Duff, qui a fait un portrait saisissant des Maoris de Nouvelle-Zélande, affligés par l’alcoolisme, l’inceste et la violence.  



Le «génocide» du Petit Papa Noël

JOEL LEMAY/AGENCE QMI




L'an dernier, la commission avait été perturbée par des tensions sourdes quand se concrétisa sa volonté de donner un large écho aux témoignages des familles des victimes.   


Tirer sur le fil des évènements à partir du plancher des vaches, à partir de la vie quotidienne des victimes... Ça n'aurait pas tout expliqué mais c'était naturellement explosif.  


Lundi, on a évoqué une réforme nécessaire de la justice et du «droit autochtone». On n’en parle pas souvent de celui-là, ni de la justice autochtone et des pouvoirs du grand chef ou du conseil de bande... Pourtant, on est en 2019...   


Comprenons donc qu'il sera toujours plus simple de s’en prendre aux autres, aux Blancs, de Québec ou d'Ottawa, comme le veut la tradition depuis l’adoption de la Loi sur les Indiens...  


Cela n'est pas inutile à tous. À l'approche des élections, le Lampion des Causes Humanitaires peut paufiner son jeu en cultivant à loisir les sentiments les meilleurs. En choisissant ses mots selon les provinces...