Le Québec, société distincte

Le franco-québécois, « une langue belle »

La loi 21 entre mauvaises mains

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Tribune libre

 




Par les temps qui courent, le français d’ici, le franco-québécois, fait l’objet d’un mouvement de solidarité de la part de nombreux groupes de défense, notamment en raison de l’anglicisation galopante de la Métropole.

Toutefois, mon intention ici n’est pas de vous entretenir des tenants et aboutissant de ces débats qui sont par ailleurs fort utiles, voire nécessaires, mais plutôt de mettre l’accent sur la beauté et la richesse du français parlé ici au Québec, partant du principe qu’on ne protège bien que ce que l’on connaît bien.

Je vous propose de partir de ce quatrain de la magnifique chanson d’Yves Duteil « La langue de chez nous » : « C'est une langue belle à qui sait la défendre/ Elle offre les trésors de richesses infinies/ Les mots qui nous manquaient pour pouvoir nous comprendre/ Et la force qu'il faut pour vivre en harmonie ».

Revenons si vous le voulez bien sur le premier vers : « C'est une langue belle à qui sait la défendre ». Partant de là, nous entrons dans le vif du sujet, à savoir la manière de défendre notre « langue belle » ici au Québec. Encore faut-il se rappeler qu’ « Elle a [d’abord] jeté des ponts par-dessus l'Atlantique… et  « quitté son nid pour un autre terroir » pour parvenir en Nouvelle-France, et qu’elle a dû subir en 1759 un choc linguistique percutant de la part des conquérants anglais.

Imaginez toute l’énergie et le courage des Canadiens-français conquis de l’époque qu’ils ont dû déployer pour défendre leur langue. Il faudra attendre la naissance du Haut et du Bas-Canada Canada, soit l’Ontario et le Québec d’aujourd’hui, pour que le français reprenne, non sans heurt, ses lettres de noblesse en terre d’Amérique. Depuis lors, avec l’arrivée des autres provinces anglophones au sein du Canada, le Québec français est devenu de plus en plus isolé. Et encore aujourd’hui, les Québécois francophones, qui détiennent une majorité qui s’effrite peu à peu, doivent régulièrement monter aux barricades pour protéger leur langue.

Le français du Québec, à l’exemple de leurs parlants, est une langue fière qui a traversé les mers pour s’établir ici dans ce vaste pays de froids et de longs hivers. Le français du Québec est une langue riche dans laquelle vivent en harmonie des amérindianismes et des québécismes qui nous caractérisent en tant que peuple parlant le franco-québécois.

En ces temps de grande turbulence où le français au Québec semble parfois bien fragile, grand bien lui ferait qu’il soit appuyé fermement par les Québécois de souche par respect pour leurs ancêtres qui ont su, à grands coups de gestes courageux, lui conserver la vigueur qu’il manifeste encore aujourd’hui.

Enfin, je vous laisse sur cette réflexion de Saint-Exupéry « Si tu veux construire un bateau, ne rassemble pas tes hommes et femmes pour leur donner des ordres, pour expliquer chaque détail, pour leur dire où trouver chaque chose... Si tu veux construire un bateau, fais naître dans le cœur de tes hommes et femmes le désir de la mer ».

La loi 21 entre mauvaises mains

Frédéric Bastien, historien et ex-candidat à la direction du Parti québécois, a déposé une plainte au conseil de la magistrature contre le juge Marc-André Blanchard, celui-là même qui devra trancher le débat sur la loi de la laïcité, parce qu’il aurait validé les propos controversés de Me Azim Hussain comparant la loi 21 à des lois raciales.

À titre d’exemples, Me Hussain aurait comparé le loi 21 aux lois de Nuremberg, des lois raciales nazies discriminant la communauté juive, et aux lois ségrégationnistes sud-américaines forçant, entre autres, les individus de couleur à s’asseoir à l’arrière dans les autobus.

Loin de de se dissocier des comparaisons outrancières de l’avocat et de le ramener à l’ordre, le juge est allé jusqu’à valider les arguments de Me Hussain. Or, selon Frédéric Bastien, le magistrat aurait dû couper court à ces propos démesurés et « rabrouer » l’avocat, au lieu de renchérir avec des exemples similaires.

Dans cette foulée, Frédéric Bastien dénonce aussi des paroles « partiales » émises par le juge lors d’un échange précédent, où le magistrat aurait dit que « quant à [lui], il n’y a aucun doute qu’il y a des droits fondamentaux qui sont violés » par la loi 21, un commentaire anti déontologique selon l’historien puisque les avocats qui se portent à la défense de la loi 21 n’ont pas encore plaidé. 

Sans être un expert en droit, il m’apparaît évident que le juge a erré dans ses fonctions de modérateur neutre et qu’il doit être remplacé illico, à défaut de quoi la loi 21 se dirige carrément dans le mur.


Henri Marineau, Québec


 


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Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplôme de l’École Normale Supérieure en 1972. Cette année-là, il entre au Collège des Jésuites de Québec à titre de professeur de français et participe activement à la mise sur pied du Collège Saint-Charles-Garnier en 1984. Depuis lors, en plus de ses charges d’enseignement, M. Marineau occupe divers postes de responsabilités au sein de l’équipe du Collège Saint-Charles-Garnier entre autres, ceux de responsables des élèves, de directeur des services pédagogiques et de directeur général. Après une carrière de trente-et-un ans dans le monde de l’éducation, M. Marineau prend sa retraite en juin 2003. À partir de ce moment-là, il arpente la route des écritures qui le conduira sur des chemins aussi variés que la biographie, le roman, la satire, le théâtre, le conte, la poésie et la chronique. Pour en connaître davantage sur ses écrits, vous pouvez consulter son site personnel au www.henrimarineau.com




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1 commentaire

  • Henri Marineau Répondre

    12 décembre 2020

    Mathieu Bock-Cöté et l'éloge de notre langue


    https://www.journaldequebec.com/2020/12/12/eloge-de-notre-langue