À la défense de notre langue

Le français «full chill»

Tribune libre

Au risque de passer pour un dinosaure et par respect pour tous les Félix Leclerc et les Gilles Vigneault de ce monde, je m’érige en défenseur de notre belle langue française devant la destruction massive de son vocabulaire et de sa syntaxe dilapidés par les jeunes adeptes de ce qu’il est convenu d’appeler le français «full chill».

Pour réaliser son Dictionnaire du chilleur, l’auteur, Jérôme 50, a fait le tour du Québec pour répertorier les mots qui façonnent la langue des francophones de 15 à 35 ans, un amalgame qui s’inspire d’internet, de l’anglais sans égard aux anglicismes, et d’autres emprunts à d’autres cultures, telles l’espagnol, l’arabe et le créole. Aux yeux de l’auteur, ce dialecte demeure du français, «style» québécois avec ses distinctions, arguant que l’important réside dans le fait que les mots doivent évoluer et les idées circuler. Justement, parlant de circulation des idées, comment un jeune «chilleur» pourra-t-il communiquer avec une personne âgée s’exprimant dans un français «normal»alors qu’un cul-de-sac linguistique s’érige en barricade, et qu’un fossé infranchissable se creuse entre les deux «interlocuteurs»?

Ce n’est pas le première fois que la langue française est bombardée de toutes parts sous prétexte qu’elle doit s’ajuster aux nouvelles réalités d’aujourd’hui. Soit! Et après? Qu’advient-il de ses racines qui l’ont nourrie? Comment une castre d’individus peut-elle s’ingérer sans pudeur dans la structure profonde d’une langue et la transformer drastiquement et unilatéralement? À mon sens, ces questions méritent d’être posées et surtout que les «chilleurs» y apportent des réponses.

La langue française transporte avec elle des millénaires d’histoire et de culture qui l’ont lentement façonnée jusqu’à aujourd’hui. Elle a évolué avec les technologies modernes en créant de nouveaux mots dépeignant de nouvelles réalités. Le français incarne une langue fièrement défendue par nos ancêtres depuis des siècles, et à ce titre, elle ne peut ni ne doit être triturée tel un vieux chiffon. Au contraire, elle mérite amplement tout notre respect et doit être protégée soigneusement contre tous les «chilleurs» de ce monde.


Henri Marineau, Québec


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Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplôme de l’École Normale Supérieure en 1972. Cette année-là, il entre au Collège des Jésuites de Québec à titre de professeur de français et participe activement à la mise sur pied du Collège Saint-Charles-Garnier en 1984. Depuis lors, en plus de ses charges d’enseignement, M. Marineau occupe divers postes de responsabilités au sein de l’équipe du Collège Saint-Charles-Garnier entre autres, ceux de responsables des élèves, de directeur des services pédagogiques et de directeur général. Après une carrière de trente-et-un ans dans le monde de l’éducation, M. Marineau prend sa retraite en juin 2003. À partir de ce moment-là, il arpente la route des écritures qui le conduira sur des chemins aussi variés que la biographie, le roman, la satire, le théâtre, le conte, la poésie et la chronique. Pour en connaître davantage sur ses écrits, vous pouvez consulter son site personnel au www.henrimarineau.com




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1 commentaire

  • Henri Marineau Répondre

    27 octobre 2024

    Correction:  troisième paragraphe, ligne 1


    Ce n'est pas la première fois...