Le corps des femmes

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Et pourtant, c'est au nom du « choix » et du féminisme que ces femmes se font opérer : seul le conservatisme protège des délires libéraux



Cette année, la poupée Barbie fêtera ses 60 ans. Toujours aussi belle, jeune, filiforme, la chevelure blonde généreuse, les jambes longues et les seins parfaitement proportionnés. Qu’elle soit habillée en hôtesse de l’air ou en astronaute, Barbie est la quintessence d’une féminité réduite à une beauté physique parfaitement plastique.




Féminisme ou pas, cette vision décervelée de la femme sévit de moins en moins, mais elle s’entête encore. Il faut dire qu’avec la chirurgie plastique, Barbie a pris chair. Sous le bistouri, le corps des femmes est devenu un chantier de construction en perpétuelle restauration.




Deux reportages du Journal y ajoutaient hier de nouvelles preuves. Tout d’abord, le « nombre de Québécoises qui subissent une chirurgie de leurs parties génitales pour des raisons esthétiques augmente à une vitesse vertigineuse ». Ensuite, « des Montréalaises incitent d’autres femmes à s’inscrire à la demande de recours collectif visant cinq fabricants d’implants mammaires, qui, selon elles, sont la cause de plusieurs problèmes de santé aussi graves que le cancer ».




Alarmants




« Rajeunissement vaginal » ou « augmentation mammaire », ici comme ailleurs, ces phénomènes sont alarmants. On ne parle pas ici d’interventions esthétiques mineures, dont les hommes se prévalent eux aussi. On ne parle pas non plus de chirurgies post-cancer. Quoiqu’il y ait aussi plusieurs femmes qui, suivant l’ablation totale ou partielle d’un sein, refusent la « reconstruction » chirurgicale.




Survivante du cancer du sein et capable de vivre en paix avec mon apparence, j’ai préféré ne pas me faire « reconstruire ». D’autres femmes choisissent de le faire. Ces deux options sont tout à fait raisonnées sur le plan médical.




Les reportages du Journal sont d’une tout autre eau. On parle d’opérations lourdes dont le seul but est d’altérer le corps d’une femme dans ce qu’elle a de plus intime et de plus sexuel : ses seins et son sexe. Bien entendu, ce sont des femmes qui, elles-mêmes, en font la demande. Ce qui confirme la lourdeur de la pression sociale ambiante.




Mutilations




Souvent aussi, sous l’influence toxique et déshumanisante du porno, de plus en plus de jeunes filles se magasinent des seins démesurés et des vulves éternellement pubères dont l’unique raison d’être est de plaire aux hommes.




En même temps, 200 millions de femmes et de filles sur la planète subissent des mutilations sexuelles, dont l’excision du clitoris. Le tout, là aussi, supposément pour augmenter le plaisir sexuel des hommes.




Du porno à la sculpture chirurgicale des femmes, le dénominateur commun reste le même : un corps plastique au service d’une jouissance autre que la sienne. Alors, que faire ? Pour les filles et les garçons, l’éducation à l’égalité et à la sexualité est certes une clé importante.




Mais il faudra aussi le dire haut et fort : le corps des femmes n’est pas un chantier de construction. De toute évidence, malgré les avancées réelles du féminisme sur le terrain économique et le mouvement #moiaussi, il reste encore beaucoup à faire.