La souveraineté du Québec : Utopie ou instrumentalisation intellectuelle ? - 1 -

Tribune libre

Alors que beaucoup de souverainistes ont la conviction que l'identité et la culture québécoises forment la cuirasse (face et dos) protectrice de leur mémoire collective, les fédéralistes conviennent qu’il s’agit là d’une définition élaborée par des élites intellectuelles, et qu’elle n’est pas appropriée pour le Canada.
Cependant, ces mêmes élites sont convaincues que cette cuirasse résistera aux coups de boutoirs, à l’évidence redondants, des fédéralistes, dans un contexte où la langue française autant que la culture qu’elle véhicule sont comme deux béquilles sans lesquelles le Canada n’existerait plus.
Depuis moins de trois semaines, c’est par intermittence que les annonces chocs font réagir les oppositions néolibérales et leurs groupes économiques affiliés qui ne manquent pas d’exprimer leurs inquiétudes et afficher leur panique suite au coup de barre à gauche impulsé par le gouvernement Marois.
Un grand nombre d’observateurs semble s’accorder pour souligner que même si les unes comme les autres sont indissociables ne serait-ce qu’en raisons des choix stratégiques qu’elles véhiculent, les promesses économiques de ce programme sont mises de l’avant alors que celles en rapport avec la souveraineté sont temporairement mises sous l’éteignoir.

Cela ne m’empêche pas de revenir sur cette idée qui a été centrale au cours de la campagne électorale péquiste et que beaucoup évoquent en fonction d’appréciations parfois singulières.

J’admets avec raison que la vraie problématique de la souveraineté m’échappe en partie même si je m’y intéresse depuis plus de dix ans. Ces dernières semaines, ma curiosité en ce qui concerne la problématique sociale m’a incité à interpeler deux amis ‘’québécois’’ se qualifiants tous deux ‘’de souche’’ et affirmant des visions opposées et antagoniques sur le maintien du Québec au sein du Canada ou sa séparation du ‘’Rest of Canada (RoC)’’.

Mélanie, originaire de l’Estrie, affiche les conditions et les arguments favorables à la souveraineté. Gilles, natif du Sud Ouest de Montréal, dit être favorable au statuquo et par conséquent au maintien de la Province au sein de la Confédération Canadienne.
Ce qui suit est la synthèse d’une conversation, que j’ai voulue sereine et tranquille, arrangée afin que chacun à sa manière me fasse part de ses convictions en la matière.

Cela s’est passé, dans un espace ouvert situé sur le Boulevard St Laurent, artère principale, frontière – presque virtuelle – entre l’Ouest et l’Est de Montréal. Terrain neutre, le lieu se trouve physiquement du côté Ouest et appartient à un québécois d‘origine algérienne, marquant avec un sourire narquois sa neutralité dans ce type d’échanges.
Pour témoigner de mon intérêt à l’idée de la souveraineté, je leur ai proposé de m’en parler autour d’un thé, accompagné de douceur bien de chez-moi. J
’ai introduit la discussion en évoquant le fait que cette idée est considérée par beaucoup comme étant dangereuse et aggressante, pendant que d’autres la dépeignent comme étant une nécessité absolue et n’hésitent pas à l’afficher et à l’exhiber chaque fois que nécessaire.
Elle est latente, parfois commentée comme ésotérique par celles et ceux qui n’y voient pas leur intérêt et de toute évidence soumise à une volonté farouche d’étouffement par les fédéralistes. Une nation sans pays ça ne compte pas …
J’ai tenté d’expliquer à mes deux interlocuteurs que je souhaitais comprendre et apprendre un peu plus sur ce projet de sortir la Province, où je suis venu m’installer, du reste de la confédération. Quels seraient les gains d’une aussi totale et complète autonomie qui séparerait la population en deux grands groupes opposés, divergents, à la limite antinomiques ?
Chacun y est allé de ses arguments. Historiques (Québec Province du Canada distincte depuis 1867), économiques (Hydroélectricité, énergies renouvelables, aérospatiale, technologies de l’information), politiques (autodétermination, choix du peuple), géographiques (superficie, réserve d’eau, immensité des forêts, exploitation du bois, etc.) et surtout culturels et identitaires (le fait français, etc.).
‘’Les Québécois forment une nation au sein d'un Canada uni’’ a décidé le 27 novembre 2006, la Chambre des communes du Canada. ‘’C’est déjà un premier pas vers l’objectif final’’, soutiendra Mélanie.
À suivre
Ferid Chikhi
De Longueuil

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Algéro-Canadien, Ferid Chikhi vit au Québec depuis 2001. Conférencier et formateur, il est membre de plusieurs groupes et collectifs d’études. Contributeur de presse il est auteur d'articles, de réflexions et d'analyses tant politiques qu’économiques. Il a publié divers textes sur les problématiques d’accueil et d’intégration des immigrants au Québec. Ferid est membre du Conseil d'administration des IPSOs ; membre fondateur de l'Association des Nord-Africains pour la Laicité (AQNAL) ; membre du Groupe d'Études et de Réflexions Méditerranée Amérique du Nord (GERMAN) et l'animateur du site www.convergencesplurielles.com





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