Dans sa biographie publiée en 2001 aux Éditions Québec Amérique sous le titre Jacques Parizeau, le croisé, Pierre Dufresne amorce ainsi son livre :
« L’idée d’entreprendre la biographie d’un personnage qui vit toujours est plutôt intrépide. Dans le cas de Jacques Parizeau, le défi est d’autant plus périlleux que sa présence et son influence sur le paysage politique continuent de se faire sentir. »
M. Dufresne n’aurait jamais cru si bien dire! En effet, poursuit le biographe dans son chapitre « Les vœux politiques » à l’intérieur duquel il qualifie René Lévesque et Jacques Parizeau de « frères siamois de l’indépendance » :
« Le samedi 14 octobre 1967, avec l’appui d’un petit groupe de fidèles, René Lévesque tente de faire accepter sa proposition constitutionnelle par le congrès du Parti Libéral. À des milliers de kilomètres de là, dans un wagon, Jacques Parizeau est en train de rédiger le texte d’une allocution qui risque de faire dérailler la fédération canadienne. En fin d’après-midi, René Lévesque quitte la salle de bal du château Frontenac. Son idée de souveraineté-association vient d’être rejetée par les instances du parti. »
Moins de quarante-huit plus tard, Jacques Parizeau, invité par le Banff School Advanced Management, conclut ainsi son exposé :
« La question de savoir si le Québec aura ou n’aura pas de statut particulier est byzantine. Québec a déjà un statut particulier embrassant tout un éventail d’activités. Il aura tôt ou tard un statut encore plus particulier. Il deviendra peut-être même indépendant. »
Près de quarante-cinq ans plus tard, le même Jacques Parizeau publie une lettre au Devoir le 28 mars 2011 déplorant le « flou artistique » du PQ au sujet de la souveraineté, particulièrement sur le mutisme actuel de l’article 1 du Parti sur la préparation du référendum et l’utilisation de fonds publics pour le tenir.
Et Jacques Parizeau de conclure son article :
« Si les souverainistes persistent dans le flou artistique, une fois au pouvoir, ils se retrouveront dans la position du PQ en 1996 : « On découvre qu’on n’a pas le mandat pour faire la souveraineté et donc qu’on ne peut pas en conscience utiliser des fonds publics à cette fin. Cela est démoralisateur, plaide-t-il, et actuellement, même si l’opinion publique reste étonnamment attachée à la souveraineté, de plus en plus de gens pensent qu’on n’y arrivera pas. »
En plus d’avoir passé plus de la moitié de sa vie à lutter « pour » la souveraineté du Québec, voilà qu’encore une fois, le croisé se voit contraint de lutter « contre » les instances du PQ! Une croisade épique qui mérite à Jacques Parizeau la plus haute distinction de la persévérance!
Henri Marineau
Québec
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
Aucun commentaire trouvé