Le gouvernement canadien actuel fait preuve d’une détermination farouche pour favoriser le développement de l’industrie pétrolière au pays. Depuis l’accession au pouvoir des conservateurs de Stephen Harper, on ne compte plus les mesures extraordinaires mises de l’avant pour soutenir cette expansion : démantèlement des normes visant à préserver l’habitat des poissons, allègement des procédures d’études environnementales, changement de la classification d’une espèce considérée menacée, bâillonnement des scientifiques, coupures dans les installations et les institutions de ceux œuvrant à l’étude du climat, des océans et de l’environnement en général, annulation d’un projet de zone de protection marine dans l’estuaire du Saint-Laurent, production d’études bidons favorables aux projets de pipelines, déni des droits des premières nations, restriction du mandat de l’Office national de l’énergie afin d’exclure de l’examen des projets de pipelines les impacts sur le réchauffement climatique, retrait du protocole de Kyoto, retrait de la convention internationale pour la lutte à la désertification, non-adhésion à l’IRENA et j’en passe.
Le gouvernement québécois montre lui aussi des inclinations peu démocratiques visant à favoriser les intérêts pétroliers et gaziers. La règlementation complaisante du ministre de l’environnement David Heurtel sur la protection de l’eau potable vient paver la voie à l’industrie du gaz et pétrole de schiste avant même que le Bureau d’audiences publiques en environnement (BAPE) n’aie terminé ses travaux sur ces projets et alors que 70 municipalités ont déjà voté un règlement beaucoup plus restrictif afin d’encadrer plus sérieusement l’industrie.
L’accueil favorable aux projets de pipelines d’Enbridge et TransCanada et les permis accordés aux compagnies pétrolières et gazières pour faire des forages malgré l’opposition des municipalités et des citoyens, pensons au décret permettant les présents forages à Anticosti, en dit long sur l’état d’esprit qui règne au sein du parti au pouvoir.
À quoi mène cette mauvaise volonté politique? À soutenir la croissance des pays asiatiques, dont la Chine et l’Inde. C’est à ces pays qu’est destiné en majorité le pétrole des sables bitumineux qu’on veut acheminer par pipeline et par pétrolier pour l’exportation. Il en est aussi de même du gaz liquéfié. La production du gaz et pétrole de schiste sont des effets indirects de ce grand projet national. Cette conjoncture politique intervient au moment où toute la biodiversité est menacée par la concentration de CO2 dans l’atmosphère, lequel provoque le réchauffement climatique et l’acidification des océans. Le phytoplancton, à la base de la chaîne alimentaire et qui fournit la moitié de l’oxygène de la planète, connait un déclin rapide. Les poissons de fond quittent leur habitat par manque d’oxygène. Les océans comptent déjà des centaines de zones dites mortes où la plupart des espèces pêchées font place aux méduses. Les experts prévoient que les espèces marines dotées d’un squelette, c’est-à-dire pratiquement toutes les espèces de poissons et crustacés, devraient disparaître d’ici 20 à 50 ans.
Quand on sait qu’un tiers de l’humanité tire de l’océan sa principale source de protéines et que les revenus de la pêche comptent pour des milliards dans l’économie mondiale, on conçoit les problèmes à venir.
Il ne faudra pas compter sur la Chine et l’Inde pour mettre en œuvre des politiques de décroissance visant à freiner leurs émissions de GES. Les économies émergentes estiment que c’est aux pays développés de réparer les dégâts causés par la révolution industrielle à laquelle ils n’ont pas pris part. C’est donc dans les pays industrialisés que se joue l’avenir de la planète. Et les Québécois sont appelés bien malgré eux à tenir un rôle historique dans cette lutte au réchauffement climatique. Refuser les projets de pipeline et de développement pétrolier et gazier au Québec, c'est enfin rendre possible l'amorce d'une transition vers les énergies vertes. C’est rejeter le masque de la croissance qui est en passe de tout détruire. C’est donner l’exemple.
Comité vigilance hydrocarbures L’Assomption
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1 commentaire
Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre
5 août 2014"Mauvaise volonté politique"?...
Disons plutôt "mauvaise foi": mentir sciemment!
Plans diaboliques, même, si on parle du Canada. Puisque les pays en émergence savent que la croissance les pollue, que la hausse des niveaux marins les inondera, et qu'ils en imputent le prix aux pays développés, Canada s'empresse de leur vendre leur propre verre de ciguë.
Peut-être que Canada anticipe même d'accueillir les réfugiés climatiques, comme payeurs de taxes canadian... en tant que travailleurs au bitume? Les Rocheuses comme rempart contre la hausse du Pacifique? Et dans l'est? New-York et Boston, inondés avant Toronto?... Les réfugiés climatiques du sud monteront au nord...
On entendait en fin de semaine l'astronaute Julie Payette raisonner un peu ainsi, en interview avec M. Lacombe. Il lui disait: Tant d'argent pour l'univers, et rien pour contrer les changements climatiques. Elle répétait: l'humain est inventif, il va trouver une solution, un jour... qui sera peut-être trop tard, conclut-il