La leçon Scheer

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Dumont se trompe : c'est justement parce qu'il n'a pas assumé ses positions conservatrices qu'il a paru hypocrite


Par n’importe quel chemin, Andrew Scheer devait arriver à cette décision. Il représentait un obstacle monumental à l’élection d’un éventuel gouvernement conservateur. Trop de ses partisans s’en rendaient compte. Il devait partir.


L’école de ses enfants, les erreurs de son entourage, tout ça n’est que circonstanciel. Si les conservateurs sont sérieux, ils doivent tirer du passage d’Andrew Scheer une leçon simple et fondamentale. Leur chef doit dorénavant avoir les mains totalement détachées de tout le mouvement de conservatisme social et religieux.


Andrew Scheer semble un bon gars, un père de famille respectable. Comme tout chef de parti, il a ses qualités et ses défauts. Mais sa candidature était plombée par ses déclarations passées sur l’avortement et le mariage gai autant que par le rôle de militants religieux dans sa course à la direction du parti.


Recette pour perdre


Un chef qui s’intéresse aux stratégies des groupes pro-vie ? Non merci. Un chef qui laisse à tous une incertitude quant à la réouverture du débat sur l’avortement ? Parfait pour perdre. Un chef qui rencontre en secret les groupes religieux qui veulent utiliser la politique pour imposer leurs valeurs sociales ? Finito !


Les homosexuels, les couples gais mariés ou pas, le droit des femmes à l’avortement, voilà autant de débats réglés. S’il veut gagner au Québec et en Ontario, le Parti conservateur ne doit pas être perçu comme un nuage noir qui plane au-dessus­­­ de droits acquis par les Canadiens au cours des dernières décennies.


En fait, le prochain chef conservateur doit travailler à aller chercher le vote des homosexuels qui aiment la gestion prudente des finances publiques plutôt que de représenter une menace. Il doit convaincre les gais qui détestent les impôts élevés ou les gais propriétaires de PME plutôt que de les inquiéter avec leur orientation sexuelle.


Le message conservateur d’avenir est économique, en intégrant une dimension envi­ronnementale. Il est dans le respect des contribuables et la sécurité des familles. Mieux dépenser notre argent, récompenser ceux qui travaillent fort, protéger l’avenir du pays, il ne manque pas de thèmes aux conservateurs pour élaborer une vision d’avenir.


Si fort dans l’Ouest !


La leçon d’Andrew Scheer, c’est aussi que d’aller chercher des majorités soviétiques dans l’Ouest et finir dans l’opposition, c’est stérile. Dans l’Alberta rurale, le député


Damien Kurek a obtenu 85 % du vote, une majorité de 50 000 votes sur son plus proche rival. Pour plaire autant dans l’Ouest, le parti de Scheer a fini par déplaire dans le Canada central.


Un chef de l’Ouest, qui défend avec une passion particulière les intérêts de l’Ouest et qui traîne dans ses bobettes les sensibilités religieuses de l’Ouest, ça finit par plaire surtout dans l’Ouest.


Je n’ai rien, vraiment rien contre l’Ouest, sauf que l’ampleur de la victoire conservatrice là-bas explique en partie l’ampleur de leur échec au Québec et en Ontario.


Les conservateurs doivent décider s’ils veulent gouverner le Canada dans un avenir prévisible ou jouer le rôle de fidèle opposition pendant une longue dynastie Trudeau.




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