Oubliez Énergie Est, c'est en Colombie-Britannique que la vraie controverse sur les pipelines va se tenir, et ça promet! C'est bien fait pour les politiciens et la presse anglophone qui ont dénigré le Québec à cause de nos réticences devant le projet de TransCanada. Le vrai débat va se faire ailleurs que chez nous, et c'est un vrai casse-tête pour le gouvernement Trudeau.
La situation est simple : les élections en Colombie-Britannique ont accouché d'un gouvernement libéral minoritaire de 43 députés. Il ne survivra pas au vote de confiance du NPD et du Parti vert qui ont fait élire respectivement 41 et 3 députés, pour un total de 44! La première ministre libérale Christy Clark admet qu'elle ne survivra pas à un tel vote, mais elle a quand même l'intention de s'y soumettre d'ici la fin du mois.
Là où ça se corse pour le gouvernement Trudeau, c'est que l'entente conclue entre le NPD et les Verts prévoit le rejet du projet de pipeline Kinder Morgan qui doit acheminer le pétrole de l'Alberta vers le Pacifique. Ce projet a reçu l'autorisation du gouvernement fédéral.
Justin Trudeau et la première ministre albertaine Rachel Notley sont aux aguets. Ils font valoir que les projets de pipeline sont de juridiction fédérale. Mais le chef des Verts, Andrew Weaver, estime que les articles de la Constitution qui garantissent les droits des peuples autochtones pourraient être invoqués pour contrer la décision d'Ottawa.
Vous voyez l'imbroglio? Ce projet de pipeline ne peut pas aller de l'avant dans le contexte d'un tel débat juridique et politique. Qui plus est, l'opposition des Verts à ce projet pourrait coûter cher aux libéraux fédéraux de la Colombie-Britannique aux élections fédérales de 2019.
Lundi, le Globe and Mail de Toronto a consacré un long éditorial à cette situation, pour conclure que Justin Trudeau ne doit pas céder. Il y va de l'intérêt national, a dit le Globe, en citant la première ministre albertaine Rachel Notley : «On ne peut pas accepter, comme pays, que nos régions côtières ne servent qu'à faire ce que les habitants de ces régions veulent bien faire».
Conclusion du journal : «Il y a un principe en jeu ici : un gouvernement provincial ne devrait pas avoir un droit de veto sur le commerce canadien, à cause de sa géographie».
L'enjeu est énorme : Justin Trudeau osera-t-il imposer sa loi? Ça reste à voir. Mais une chose est acquise : ce n'est pas la première ministre Christy Clark qui va lui éviter ce choix difficile. Mme Clark pourrait aller voir le lieutenant-gouverneur et lui remettre sa démission en demandant la tenue d'une autre élection générale. Mais elle a déjà écarté cette possibilité. Elle a également rejeté l'idée de suggérer au lieutenant-gouverneur de demander aux néo-démocrates de former le gouvernement. Si elle doit perdre le pouvoir aux mains du NPD, elle veut que ça se fasse en public, au vu et au su de tout le monde.
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