La couleuvre Fournier

Tribune libre


Sans grande surprise, le ministre des Affaires intergouvernementales canadiennes Jean-Marc Fournier continue d’étaler son style habituel louvoyant lorsqu’arrive le temps de répondre aux questions pointues des journalistes sur un sujet délicat.
Il en est ainsi du projet de réforme unilatéral du Sénat du gouvernement Harper qui vient d’être rabroué par la Cour suprême. Ainsi, à savoir si le Sénat sert les intérêts du Québec à l’heure actuelle, la couleuvre Fournier s’est contentée de répondre qu’elle n’avait pas à répondre à cette question-là mais que la véritable question portait sur les priorités économiques des Québécois : « Si vous nous demandez : “ Est-ce que c’est 250 000 emplois ou les 24 emplois des sénateurs ? ” C’est les 250 000 emplois. »
Et voilà, le tour est joué…Les caméras sont déplacées pernicieusement dans une autre direction, et tant pis pour un sujet aussi « banal » que la réforme du Sénat qui ne figure pas au sommet des priorités du gouvernement du Québec, aux dires du premier responsable des Affaires intergouvernementales canadiennes.
Par contre, en ce qui a trait aux négociations constitutionnelles, notre louvoyant ministre libéral se montre beaucoup plus loquace. Ainsi, dans l’hypothèse où Stephen Harper décidait de consulter les provinces sur le sort du Sénat, le gouvernement du Québec en profiterait pour négocier d’autres « enjeux », alléguant du même souffle qu’il mettrait l’accent sur le « dialogue, la coopération et la collaboration avec Ottawa et les autres provinces canadiennes »…En terme de gueule de bois, avouons qu’on ne peut faire mieux !

Pourtant, dans les faits, il m’apparaît évident que Jean-Marc Fournier tente d’éviter les écueils laissés par Stephen Harper dans l’épineux dossier du juge Nadon, lequel a donné raison au gouvernement du Québec, et les scandales qui ont éclaboussé la Chambre haute au cours des derniers mois, sachant fort bien que ces dossiers chauds pourraient procurer des armes aux partis souverainistes québécois qui ne réclament rien d’autre que l’abolition du Sénat.
En bref, l’histoire se répète…Le scénario démagogique pervers auquel nous ont habitués les libéraux de Jean Charest pendant neuf ans avec Jean-Marc Fournier en tête reprend sa place sur la scène politique québécoise avec tous les louvoiements qui l’accompagnent.
Henri Marineau
Québec

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Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplôme de l’École Normale Supérieure en 1972. Cette année-là, il entre au Collège des Jésuites de Québec à titre de professeur de français et participe activement à la mise sur pied du Collège Saint-Charles-Garnier en 1984. Depuis lors, en plus de ses charges d’enseignement, M. Marineau occupe divers postes de responsabilités au sein de l’équipe du Collège Saint-Charles-Garnier entre autres, ceux de responsables des élèves, de directeur des services pédagogiques et de directeur général. Après une carrière de trente-et-un ans dans le monde de l’éducation, M. Marineau prend sa retraite en juin 2003. À partir de ce moment-là, il arpente la route des écritures qui le conduira sur des chemins aussi variés que la biographie, le roman, la satire, le théâtre, le conte, la poésie et la chronique. Pour en connaître davantage sur ses écrits, vous pouvez consulter son site personnel au www.henrimarineau.com





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1 commentaire

  • Archives de Vigile Répondre

    1 mai 2014

    Monsieur Marineau
    Que voulez-vous? Les Québécois ont des tendances masochistes et autodestructrices. Ça provient sûrement de notre vieux fonds religieux catholique. Avant d'avoir expié toute notre fausse culpabilité collective, nous répéterons "ad vitam aeternam" les mêmes gestes suicidaires comme celui de la réélection des libéraux le 7 avril dernier. Il ne faut pas s'en faire, les Canadiens de Montréal vont tout arranger ça!
    André Gignac 1/5/14