La censure: un important et malheureux débat

La censure consiste à ne pas publier ce qui dérange

Tribune libre

La censure…
Il semble qu'il y a la bonne et… et… disons, l'autre, « celle qu'il faut ».
Celle qu'il faut pour être civilisé, celle qu'il faut pour être bien élevé, celle qu'on vous dira «qui s'impose». Une censure tout à fait "normale" (sic)!
Pour moi, il n'y a pas de censure acceptable ni une autre exagérée. Il y a la censure, point. Les censeurs ne sont pas des gabarits dans lesquels on fait passer les mots, les textes, les idées, les opinions, les pensées… pour les en ressortir "objectivement" approuvés.
Non les censeurs censurent selon leur goût, leur culture, leur degré de bienséance, leurs opinions, leurs convictions, leur idéologie, bref ils censurent en fonction des lunettes qu'ils ont sur le nez.
On aura beau établir des règles, des "Nétiquettes", il n'en demeure pas moins que tous ces règlements ne servent que de prétexte pour atteindre «LE» but, c'est-à-dire: CENSURER.
« LA CENSURE CONSISTE À NE PAS PUBLIER CE QUI DÉRANGE. »
C'est le texte de Monsieur Gaëtan Dostie [1] qui me fait, encore une fois, réfléchir à haute voix sur la censure. En fait, ce n'est pas vraiment son court texte qui me fait réagir, mais plutôt les commentaires.
Des commentaires approuvant la censure sans toutefois démontrer son incontournable (sic) utilité.
Des commentaires qui attaquent, sans raison, M. Dostie qui témoigne de la nocivité que la censure exerce sur le débat.
Un certain Julien, d'une façon assez inélégante, apostrophe l'auteur de « La censure « vigilienne » est quand même de la censure ! ». Il lui dit:
«Quand on est pas d’avis avec les poètes socialistes, on est un traître ourdissant son crime de lèse-nation au service du Grand Vilain Outaouais. Et ça parle de censure !
… Où c’est que vous avez vu que c’était un forum de discussion ? Merde ! Pourquoi ses lamentations périodiques, accusatrices ? À quelles fins, vraiment, franchement ?
Fondez-en un, de site, avec interminables palabres, repalabres et rerepalabres. Mais pourquoi les gens se plaignent-ils donc tant de ce dont ils profitent gratuitement ? Ça me scie !»
Et v'lan! En résumé, c'est: "Dégage, bonhomme, si tu n'es pas content. Ici on choisit ce qui nous plaît et si ça te défrise, fais-toi un site et fais pas chier les censeurs. En plus, mon indésirable, on ne te fait même pas payer"
Forum de discussion…
Qu'est-ce qu'un forum de discussion?
Une sorte de site sentant la radio poubelle où le débat se résume à du lancement de clichés et des insultes courtes et parfois polies?
Je crois que Vigile était au dessus de cette puanteur de fond de poubelle qui peut prévaloir dans bien des forums de discussions. Vigile est un journal électronique qui nous offre une kyrielle d'articles sérieux en plus d'une tribune donnant la parole au simple citoyen.
On peut y puiser de l'information, des opinions et on pouvait aussi débattre certains thèmes, certains sujets. Bien sûr, tout débat risqué de basculer dans la dérive excessive. Mais quel est donc le plus grand danger, la dérive parfois excessive ou le bâillonnement?
Je préfère la dérive. Elle nous importune seulement si on s'y attarde, tandis que le bâillonnement est sans appel. Il peut nous priver d'un point de vue, d'une information, d'une perspective dont nous n'avons aucune idée, nous laissant ainsi baignant dans notre ignorance, nos préjugés et notre vision peut-être erronée.
Je déplore les attaques personnelles, les tons agressifs et agressant qui prévalent toujours lorsque l'argumentation fait défaut. Je considère le commentaire de ce Julien, en employant ses propres mots, comme une «lamentation accusatrice».
Où donc sont les arguments, où donc ce commentaire nous fait-il soupeser le pour et le contre? Nulle part. Ce n'est qu'attaque agressive et sans fondement.
Un autre commentaire guère plus reluisant fait par Mme Marie Mance Vallée dit:
« En effet, Vigile n’a jamais été un forum de discussions »!
En lisant le texte de Monsieur Dostie, je n'observe à aucun endroit cette idée de forum de discussion. Forum de discussion, possibilité de débattre et de confronter ses points de vue. Je ne crois pas que Vigile ait été un forum de discussion ou les commentaires apparaissent de minute en minute. Je crois que la section des commentaires servait à débattre en prenant le temps d'étayer ses dires. Mais, je l'avoue, je n'ai jamais tellement utilisé la section "commentaire" de Vigile donc je ne parle pas en connaissance de cause. Cependant, je constate que la nouvelle politique des commentaires étouffe toute possibilité de débat.
Je suis bien d'accord avec Mme Mance qui dit: «Des forums, il en existe plusieurs où vous pouvez vous exprimer dans ce genre.»
En effet, des forums où le débat est un cirque qui pue le fond de poubelle, il y en a plusieurs. Généralement, les discussions ne sont pas fonction d'un texte, mais d'un état d'âme rapidement lancé ou d'un sujet du genre boule de neige médiatique.
Je ne suis pas sûr que Monsieur Dostie, après avoir lu Le Devoir, recherche ce genre de discussion que l'on retrouve sur canoe. L'absence de débat plus sérieux sur Vigile laisse toute la place à ces discussions peu relevées.
C'est bien dommage, la population a tellement besoin de débattre et d'apprendre à débattre. C'est la qualité de notre démocratie qui en souffre. C'est la conscientisation, c'est la politisation, c'est le pourquoi on va voter. Le débat est important pour confronter les idées et pour confronter ses propres idées.
Il ne faut pas confondre débat et simili débat où l'insulte et le préjugé remplace l'argumentation. Les radio-poubelles sont en simili-débat constant. On y nourrit allègrement le préjugé et l'imbécillité et l'art démagogique y est roi.
Comme le dit Mme Mance, Vigile est un journal électronique . Le Devoir aussi est un journal en partie "électronique". On peut y débattre, ce n'est pas un vulgaire forum de discussion et on ne censure pas les commentaires multiples (par contre, il arrive qu'on censure pour d'autres raisons).
Je trouve complètement ridicule (c'est mon humble et triste opinion) l'affirmation de Mme Mance, affirmation qu'on pourrait classer dans la catégorie des « clichés classiques », qui dit:
« Au Québec, c’est toujours la même chose, quand quelqu’un réussit une entreprise, d’autant plus quand elle a fait ses preuves, il se trouve toujours des personnes pour la détruire ou vouloir la transformer. Chez moi, on appelle ces personnes des dompteurs d’ours ou encore des gérants d’estrade. »
Wow! Quelle réflexion!
On peut dire que Mme Mance était vraiment à court d'argumentation. Accuser M. Dostie de vouloir "détruire" Vigile parce qu'il déplore la nouvelle politique des commentaires me semble totalement déplacé.
De plus l'insulte couronnant le tout: «Chez moi, on appelle ces personnes des dompteurs d’ours ou encore des gérants d’estrade. »
Je ne sais vraiment pas comment on peut vous appeler, vous, Mme Mance. Je n'ai pas l'habitude "d'appeler" les gens. Je trouve un peu honteux de votre part d'insulter une personne qui ne partage pas votre opinion. Et votre réaction me confirme que la censure, quelle qu'elle soit, n'est pas bonne.
La seule censure que je tolèrerais (ah! Il est censeur à ses heures, lui aussi, se dit-elle!), c'est la censure des textes non signés. Je considère que lorsque l'on s'exprime, il faut avoir le courage de ses idées et je trouve lâches les personnes qui écrivent sous de fausses identités et sous des pseudonymes (ceci aussi n'est que mon humble et triste opinion).
Pour conclure, je persiste à dire que cette politique des commentaires règlementés défavorise le sain débat et j'espère que les "autorités" de Vigile révisent leur position et prennent conscience des lacunes reliées à cette fâcheuse décision. J'espère qu'ils auront le courage de revoir leur politique. Il faut être courageux pour avouer une erreur.
Je termine en remerciant ce précieux journal qu'est Vigile. Je le remercie de m'offrir une tribune me permettant de m'exprimer.
Serge Charbonneau
Québec
[1] La censure « vigilienne » est quand même de la censure !
http://www.vigile.net/La-censure-vigilienne-est-quand


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3 commentaires

  • Serge Charbonneau Répondre

    30 septembre 2009

    Monsieur Julien X dit:
    «Mais elle est fantasmé, cette censure ! La preuve : on vous publie, et on publie Monsieur Dostie, et d’autres, et d’autres encore.»
    Vous avez mal compris Monsieur Julien X, on parle de la politique des commentaires. Jamais il n'a été question de censure de textes. Il ne faut pas tout mêler.
    Les commentaires excédant 500 mots sont censurés, vous le dites d'entrée de jeu.
    Les commentaires hors sujet sont censurés, vous le dites vous-même.
    Politique de Vigile:
    « Désormais, chacun aura droit à un premier commentaire (un éventuel 2e commentaire remplacera le premier, etc.), mais « je refuserai » les commentaires sur les commentaires. Cette formule concerne tout le monde.
    Ceci s'appelle de la censure. L'autorité du journal, comme toutes les autorités, a le privilège de censurer. C'est son pouvoir. Nul ne peut le contester. Les dictatures agissent de la même façon: « je refuserai » ceci ou cela. «Je» décide de ce qui passe ou ne passe pas. Mais ne vous en faites pas «Je» suis juste et ma loi est juste.
    « Cette formule concerne tout le monde. » Et v'lan! Pas de passe-droit.
    Fantasme cette censure? Voyons, la censure c'est « je refuserai ». On refuse ou on accepte. On censure ou on publie. Il n'y a pas de "entre les deux". Ça vous convient parce que vous n'en êtes pas affecté et vous aviez horreur de ceux qui "abusaient". Bon.
    Moi, je suis contre la censure, point. Peu importe la raison, je suis contre toutes les censures.
    Je considère qu'il existe des moyens plus démocratiques pour endiguer les dérives et ramener ceux qui s'égarent hors des sujets. Quant à ceux qui monopolisent, "l'espace électronique" (vous savez, l'espace électronique est tout de même spacieux), il n'en tient qu'aux lecteurs de leur accorder de l'importance ou pas.
    Si on alimente le feu, bien sûr il brûle plus longtemps.
    Et pour ce qui est de l'énorme tache de la censure, il n'y a qu'à l'abandonner.
    Je suis toujours sidéré de voir qu'on passe si facilement à des allusions impolies plutôt que de débattre d'un point:
    exemples:
    « geindre à intervalle »
    « ces petits raisonnements »
    « franchement ! »
    « votre champion »
    Et je reprends vos propres mots pour vous témoigner ma désapprobation de votre propos:
    Vous faites de «la disqualification tendancieuse et des procès d’intentions.» «Charmant» comme vous dites.
    Comment peut-on avoir l'insulte aussi facile?

  • Archives de Vigile Répondre

    30 septembre 2009

    J'aurais pu ne pas vous répondre, M Charbonneau, mais quand je vois une Caroline Moréno, de la relève militante, attaquée de toutes parts parce qu'elle ose dire ce qu'elle pense, je me fais violence pour le faire. Serait-ce que certains parmi vous veulent occuper tout le terrain idéologique??? Si c'est cela votre intention, vous ne convaincrez qui que ce soit.
    Vous avez raison, je deviens de plus en plus à court d'arguments devant la démobilisation québécoise et la bêtise en général. Il est peut-être temps pour moi de prendre ma retraite militante. J'hésiiiite cependaaaant... parce que je ferais plaisir à trop de monde.
    Depuis 50 ans , nous répétons comme un mantra les mêmes arguments. J'ai vu passer les boumeurs, les X et les Y. Nous avions fait confiance au Piquiou et nous voilà gros jean comme devant. Que deviennent notre identité, notre langue et notre Histoire dont on évite de parler ?
    Pour qui voterons-nous à la prochaine élection ? Voilà des questions « pratico-pratiques » qu'il faut se poser. Il faut cesser notre verbiage et notre manie de tout expliquer jusqu'à plus soif, comme au temps de la révolution trop tranquille téléguidée d'Ottawa par d'habiles manipulateurs. C'est sous-estimer les Québécois que de croire qu'ils n'ont rien compris à l'essence même de notre combat. Et ce sont eux qui voteront. Parlez-leur d'identité, de langue et d'Histoire et vous les verrez tout de suite réagir. Il n'est pas encore trop tard. Alors ne perdez pas votre temps avec Marie Mance Vallée.
    Ce que les Québécois désirent, ce sont des actions. En tout cas, c'est ce que je crois. Des tracts, des manifestations, des communiqués de presse virils, etc... Il faut se fâcher, M. Charbonneau, pas envers MMV, sinon nous perdons notre temps.
    Ce cher Falardeau aura fait plus pour la cause avec son pamphlet Le Temps des Bouffons que 50 ans de verbiage et de langue de bois. D'ailleurs, j'irai lui rendre un dernier hommage vendredi à l'église Saint-Pierre-Apôtre sur la rue de la Visitation.
    Quant à la censure, j'ai assisté à tout le débat à la fin des années cinquante et début soixante. Il faut savoir de quoi on parle. Avez-vous l'âge de savoir ce qu'est la véritable censure? En avez-vous été victime à part la supposée censure de Vigile ? Ou vous n'en savez seulement ce que d'autres ont écrit? Visionnez le film Cinéma Paradiso et vous verrez « un peu » ce qu'était la véritable censure.
    Je continue de croire que la mission première de Vigile en a été une d'informations de toutes les tendances idéologiques du mouvement souverainiste-indépendantiste et qu'elle nous a bien servis.
    Vigile, à ma connaissance, n'est pas une classe pour universitaires en mal de reconnaissance. Vigile appartient à tous les Québécois: nous devons y retrouver de tout dans le respect de tous.
    Enfin! Je n'irai pas plus loin dans mon propos et je n'argumenterai plus sur ce sujet.
    Et j'espère ne pas indisposer Bernard Frappier avec mon propos et pour qui j'ai le plus grand respect.
    Et je ne suis pas l'une de ses préférées puisqu'il m'a coupé (rire) encore aujourd'hui un commentaire assez désobligeant que je lui avais transmis.
    Et excusez le décousu de mon propos. Chu fatikée.

  • Archives de Vigile Répondre

    30 septembre 2009

    Mais elle est fantasmé, cette censure ! La preuve : on vous publie, et on publie Monsieur Dostie, et d’autres, et d’autres encore. Il n’est plus possible, en commentaires à un texte de 500 mots, de publier 10 000, 20 000, sans rapport avec le sujet, ad nauseam.
    Pensez-y donc, un instant ! Monsieur Frappier doit les lire, ces commentaires ! En plus de la revue de presse, des chroniques, et de la tribune libre. Quand une centaine de commentaires sont publiés par jour, aussi bien dire que cela exige de ne rien faire d’autre. Peut-être bien que monsieur Frappier a décidé de réduire le débit, question de ne pas mourir devant son écran. Que sais-je !
    Je crois qu’il faut s’incliner, et respecter cette décision, et le remercier pour ce qu’il fait. Non pas venir geindre à intervalle régulier sur ce que pourrait, si seulement que, etc. Et surtout, ces petits raisonnements destinés à le convaincre, comme s’il ne savait pas ce qu’il fait, franchement !
    Quant aux poètes socialistes, eh bien! que dire ? Parti pris, que monsieur Dostie dirigeait, c’était pas mal ça ! Et à ce sujet précis, c’est une courte réponse qui renvoie à une autre, et à un débat autour d’un essai, publié ici cet été, et à l’auteur duquel on s’est pris à coeur joie. Monsieur Dostie qualifie cet auteur et les quelques appuis qui lui furent manifestés en ces termes : « confusionnaires et opposants stratégiques, quand ce n’est pas pollution fédéralisante ». C’est dire qu’il est contre la censure, votre champion, mais partisan de la disqualification tendancieuse et des procès d’intentions. Charmant.