Cet article est l’ultime pièce d’un triptyque dénonçant l’usure ; la première s’intitulant « L’usure c’est le vol ! » (4 août 2020) et la deuxième « L’usure c’est la guerre ! » (6 mars 2023).
Le chaos actuel en Europe, où les agriculteurs français rejoignent un mouvement insurrectionnel lancé par leurs homologues allemands, est à rapprocher de l’historien d'Action Française Pierre Gaxotte et de son volume fondamental La Révolution française : à la page 202 de l’édition de 1928 on peut y lire que « l’inflation a commencé ses ravages ». Les ravages qu’il mentionne sont ceux qui touchèrent la France révolutionnaire de l’année 1791 :
« Dès l’automne, on signale à nouveau un peu partout des épiceries assiégées, des convois attaqués, des marchés mis à sac. En février 1792, au dire du ministre de l’intérieur, il ne se passe pas de jour qui n’apporte la nouvelle de quelque insurrection alarmante. Perquisitions armées dans les fermes, taxations arbitraires des blés, violations de domiciles, arrêt des transports, pillage des moulins et des greniers, d’un bout à l’autre du royaume, c’est une seconde épidémie de violences, si semblable à la première, celle de 1789, qu’en la décrivant, on semble retourné deux en arrière. En février, à Dunkerque, dix maisons de commerce, parmi les plus importantes, sont dévastées ; il y a quatorze tués et soixante blessés. À Noyon, trente mille paysans arrêtent sur l’Oise les bateaux chargés de blé et s’approprient les cargaisons. Les marchés de la Beauce sont pris d’assaut par les bûcherons et les cloutiers des forêts de Conches et de Breteuil et les municipalités sont contraintes de taxer la farine, le beurre, les œufs, le fer et le charbon. À Montpellier, un marchand de grains est assassiné. À Étampes, le maire est massacré. Mêmes scènes dans l’Yonne et la Nièvre où les assaillants sont cette fois les Morvandiaux, transporteurs de bois. En mars et en avril, le Cantal est la proie d’une jacquerie qui jette l’épouvante dans une vingtaine de commerces : châteaux incendiés, propriétaires soumis à des réquisitions, autorités inertes ou complices. »
Toute proportion gardée, ces épisodes de violence aigüe relatés par Gaxotte rappellent les émeutes de cet été, qui, certes, sont d’abord à considérer comme des émeutes ethniques, des émeutes de l’immigration, mais, dans une moindre mesure, elles sont aussi à voir comme des émeutes de l’inflation.
Beaucoup, parmi les émeutiers, se sont servis de la colère provoquée par la mort de Nahel comme prétexte pour aller piller magasins de vêtements ou de matériel high-tech, supermarchés et bureaux de tabac.
C’est sans doute la manifestation la plus marquante de ce sur quoi porte cette étude : les ravages de ce phénomène appelé inflation, qui désigne, au premier abord, la hausse durable et substantielle des prix, et en fait, plus précisément, la perte de valeur d’une monnaie, la diminution de sa capacité de pouvoir d’acheter un panier donné de biens et services.
Or 2023 a été « marquée par une inflation record, la crise de l’énergie, des tensions sur la chaîne d’approvisionnement », soutient Mallory Lalanne dans l’article « Inflation, taux, transitions : les défis des directions financières pour 2024 » paru dans Les Échos le 15 novembre dernier.
Après avoir expliqué que l’inflation est un maladie des monnaies et des sociétés, je vais montrer qu’elle est une conséquence intrinsèque de notre système monétaire, fondé sur le couple monnaie-papier et crédit public.
Pour commencer, il est important de revenir sur un extrait de la revue de presse du 22 avril 1922 de Robert Havard de la Montagne, pour L’Action Française ; non seulement son analyse est d’une brûlante actualité, bien qu’elle soit vieille de plus de cent ans, mais elle s’avère aussi d’une remarquable lucidité. Le passage qui suit est une authentique leçon d’économie politique :
« La question monétaire dans la France royale
M. Maurice Denis donne à la Production française une série d’articles du plus vif intérêt sur la question monétaire dans la France royale. Étude particulièrement opportune à l’heure actuelle […].
Il est d’usage, chez beaucoup de gens, d’invectiver contre Philippe le Bel et de l’appeler « le faux monnayeur Philippe le Bel a été, répond M. Maurice Denis, incomparablement plus honnête que nos contemporains fabricants de papier-monnaie. Ayant eu besoin de grandes ressources, il altéra les deniers d’argent, sans toucher aux pièces d’or, et affaiblit ainsi, la monnaie de deux tiers. Mais il reconnut bientôt que cet affaiblissement lui était préjudiciable. Le désordre grandissait dans le royaume. Ayant pris l’avis des États assembles à Paris, il ordonna le 8 septembre 1306 une série de mesures relatives au rétablissement de la monnaie saine :
« Premièrement, qu’on ferait, de bonne monnaye qui aurait cours du Jour de la saint Rémy prochain, en sorte que le bon denier tournois qui courait pour trois deniers, n’aurait cours que pour un.
Secondement, que la faible monnaye ne serait point décriée, mais qu’on lui donnerait cours selon sa valeur intrinsèque, et qu’ainsi trois deniers n’en vaudraient qu’un de la bonne et forte Monnaye. »
Philippe le Bel reconnaissait tous les maux que la faible monnaie avait causés au royaume. Aussi, lorsqu’il vit s’approcher l’heure de la mort, il recommanda à son fils, Louis Le Hutin, de ne jamais faire que de la bonne monnaie.
Au début du règne d’Henri III, le mal s’étant de nouveau produit, la « Cour des Monnayes » proposa au souverain et à son conseil privé un moyen sage :
Il serait besoin sous le bon plaisir du Roy, écrivait-elle, de faire assemblée générale de gens de bien, versez-en ce fait, zelez au public, sans affection de leur profit particulier, des qualitez requises par les anciennes ordonnances faites sur le fait des monnayes, et non autres, et à cette fin qu’il plaise à Sa Majesté faire écrire, à ses villes de Tholoze, Rouen, Lyon, Bordeaux, Nantes, Dijon, Troye, Poitiers, Limoges, La Rochelle, Amiens, Orléans, et assembler les plus nourris et expérimentez au faiet des dites monnayes, pour conférer des moyens qu’ils jugeront propres pour remédier à ce mal, et sur ce envoyer leurs advis par un ou deux qu’ils débuteront en ladite assemblée, qui sera ordonnée où et quand il plaira à Sa Majesté.
En laquelle se est son bon plaisir toutes personnes seront reçeues à proposer tous moyens qu’ils penseront bons et utiles pour remédier audit désordre, lesquels entenduz seront décidez et résolus par tel nombre de gens qu’il plaira à sa dite Majesté ordonner non suspects en la dite matière, et n’ayant aucun maniement des finances, ou faisant trafic ou négociation d’argent, pour les inconveniens avenus toutes quantes fois qu’ils y ont este appellez.
Le rapport de cette Cour, analysé par notre confrère, constitue un travail des plus remarquables sur la grande maladie des monnaies : l’inflation :
Le gouvernement royal tenait alors sa comptabilité « à livres », c’est-à-dire en monnaie de valeur variable — comme le gouvernement d’aujourd’hui tient sa comptabilité ; en francs-papier —, le gouvernement royal était contraint de payer « en écus », c’est-à- dire en bonne monnaie, ses créanciers étrangers. D’autre part, étant donné l’accroissement du prix de la vie, il devait augmenter les traitements de tous les fonctionnaires « à cause qu’ils ne peuvent s’entretenir en service de leurs gages ordinaires ».
En outre, la fausse monnaie ayant procuré aux Français des ressources faciles, ils achetaient beaucoup plus qu’il n’était nécessaire, ne songeant qu’à « luxe et superfluité ». Ce n’est pas tout : L’abondance et la mauvaise qualité de la monnaie nous rendait doublement préjudiciable le commerce extérieur : les importations, augmentées en poids, l’étaient encore plus en valeur, car les marchands étrangers, dont la monnaie nationale était saine, ne manquaient point d’augmenter leurs prix, pour tenir compte — de la dépréciation de nos espèces. Quant à nos exportations, il va de soi qu’elles nous rapportaient moins.
Comme aujourd’hui, l’inflation monétaire avait pour conséquence, au XVIe siècle, de faire passer, notre or à l’étranger.
La monnaie, si dépréciée qu’elle fût, était cependant réelle. Elle était faite de métal précieux. Elle avait une valeur intrinsèque. Notre monnaie de papier, au contraire, n’en a aucune si l’on n’a pas soin d’y joindre l’idée métaphysique de crédit. Le mérite de la « Cour des Monnayes », sous Henri III, fut d’étudier les conséquences de l’instabilité des monnaies et de s’appliquer à y porter remède. »
L’inflation, grande maladie des monnaies… et des sociétés
Il semblait qu’au XXIe siècle seules les économies de pays du Sud connaîtraient une inflation de niveau élevé. L’on pensait que les pays développés étaient enfin parvenus à édifier des instruments efficaces pour juguler ce phénomène, qui au siècle précédent était devenu structurel. Ce qui amène les économistes Marc Nouschi et Régis Bénichi à dire de l’inflation que c’est « une invention du XXe siècle »1. De la Première Guerre mondiale aux années 1980 l’inflation était chronique.
L’inflation est dite rampante si elle ne dépasse pas 10 %, elle est qualifiée de rapide si son taux a deux chiffres et quand l’inflation est supérieure à 100 % - soit à trois chiffres – elle est appelée galopante.
Il n’y a rien d’anormal d’observer aujourd’hui dans certains pays une inflation galopante qui frôle l’hyperinflation, comme en Argentine et au Venezuela. En revanche des économies plus robustes, telles que le Liban et la Turquie, sont aussi affectées par ce phénomène, ce qui laisse plus circonspect. Désormais l’inflation est mondiale, elle touche autant les nations du Sud que du Nord.
« À l’entrée d’un supermarché à Beyrouth, le taux de change s’affiche en gros : 82.000 livres libanaises le dollar. Il évoluera dans la journée selon les fluctuations du marché. Dans un pays en plein effondrement économique, qui importe 80 % de ses besoins de consommation et où la monnaie locale a perdu plus de 98 % de sa valeur depuis le début de la crise en 2019, le ministère de l’Économie (…) a autorisé la grande distribution à afficher ses prix en devise américaine, les paiements étant encore acceptés en livres » indiquaient Sibylle Rizk et Muriel Rozelier dans Le Figaro du10 mars 2023.
Le Liban, autrefois surnommé la Suisse de l’Orient eu égard à son économie florissante, est devenu un État failli, où le système bancaire ne garantit plus à ses clients la jouissance de leurs dépôts, et où le dollar vient se substituer à la monnaie nationale.
Et dans les colonnes du même journal, Clara Galtier, le 9 mai 2023, notait ceci :
« ‘‘Certaines organisations ont dû augmenter de plus de 100 % les salaires nets en livre turque de leurs employés’’, témoigne Ilker Onur, franco-turc, directeur exécutif d’Advantis Conseils Turquie. Lui-même a été contraint à des hausses significatives de rémunérations. ‘‘Sur l’année 2023, on va avoir 25 % de pertes de marge… Je suis obligé de rogner dessus car je ne peux pas augmenter mes prix’’, précise l’homme d’affaires. »
Entre septembre 2022 et mars 2023, l’inflation en Turquie a oscillé entre 83 % et 50 %, du jamais vu au XXIe siècle.
Dans une moindre mesure, le Vieux continent est dans une situation d’accélération de l’inflation depuis 2021. Cela est dû à l’injection monétaire faite par les pouvoirs publics pendant la mise à l’arrêt quasi-totale de la vie économique pendant la pandémie de Covid-19. Car, comme le soulignait l’économiste Milton Friedman dans son ouvrage Inflation et systèmes monétaires, « l’inflation est toujours et partout un phénomène monétaire »2.
Ce n’est ni une défaillance de l’offre – provoqué par les fermetures des sites de production pendant les confinements – ni un excès de la demande – due à la reprise entraînée par le retour à la normale de nos existences – qui expliquent fondamentalement l’inflation importante que nous constatons en ce moment : elle résulte principalement des politiques des Banques centrales et de leur « assouplissement quantitatif », formule de technocrate pour désigner l’usage de la planche à billets, soit l’émission monétaire ex nihilo, autrement dit création qui n’est pas la contrepartie d’une production effective de richesses.
Si l’euro n’est pas un antidote à ce problème, l’on ne peut pas non plus soutenir que la non-appartenance à la zone euro protège de ce phénomène délétère. En atteste la situation actuelle au Royaume-Uni, où les ménages les plus modestes – notamment les nombreux ménages où la mère, seule, a plusieurs enfants à charge – sont frappés de plein fouet par l’inflation.
Une situation aberrante y est apparue l’hiver dernier, appelée en anglais le heating or eating : avec l’augmentation du prix de l’électricité et de l’alimentation, certains d’entre eux ont même dû choisir entre se chauffer ou se nourrir. Ou se retenir de faire usage de leur bouilloire une pléthorique de fois par jour – comme ils le faisaient auparavant pour remplir leur cup of tea sans se préoccuper de la conséquence sur la facture envoyée par leur fournisseur d’énergie à la fin du mois ou du trimestre.
Plus coquasse, dans un article du 4 novembre dernier Pierre Fougères, pour le média Capital, rapporte ceci :
« À l’heure où l’inflation prend son envol au Royaume-Uni, deux Anglais ont entrepris une expérience singulière pour tenter de préserver leur pouvoir d’achat. Leur idée audacieuse ? Traverser la Manche pour faire leurs courses en Pologne. […] Josh et Archie, ont décidé de tenter une expérience pour déterminer si traverser la Manche et faire leurs courses en Pologne pouvait être une solution avantageuse […].
La première étape de leur expérience consistait à effectuer des courses en Angleterre dans un magasin Lidl de Londres, le seul supermarché qui se trouve également en Pologne, pour assurer une comparaison équitable. Ils ont suivi une liste de 135 produits spécifiques utilisés par le gouvernement britannique pour surveiller l’inflation. Une fois leurs achats terminés, le ticket de caisse affichait un total de 164,47 livres sterling, soit environ 190 euros. Ce montant servira de référence pour déterminer si l’expérience en vaut la peine.
Pour se rendre en Pologne, Josh et Archie ont réservé des billets d’avion Ryanair pour la ville de Poznan, avec l’intention de ramener leurs courses en bagage en soute au retour. Les billets d’avion ont coûté 47 livres, tandis que le panier similaire acheté dans le Lidl de Pologne s’élevait à 96,75 livres. Ils ont également fait preuve de flexibilité en cours de route, en optant pour une nuit d’hôtel au lieu de leur plan initial d’hébergement gratuit via la plateforme Couchsurfing, ce qui n’a pas affecté significativement leur budget.
Le bilan de leurs courses à l’étranger s’est révélé intéressant. Le coût total s’est élevé à 156,33 livres sterling, soit 180,20 euros, ce qui représente une économie de 11,14 livres (12,84 euros) par rapport à l’achat en Angleterre. Cependant, il est important de noter que certaines marchandises n’ont pas bien supporté les conditions de transport et le temps consacré aux courses, ce qui a entraîné une économie relativement limitée. »
Cette histoire ubuesque montre à quel point l’économie britannique est minée par l’inflation. Ainsi la gestion de la Banque d’Angleterre est aussi catastrophique que la BCE ou la FED. Celle-ci est d’ailleurs en faillite : le 3 novembre Sunday Times relate que le Trésor va lui verser 170 milliards de livres sterling pour la sauver. Jack Barnett, qui signe l’article, pointe du doigt les pertes colossales à cause de l’assouplissement monétaire, qui a consisté en un programme d’achat des obligations d’État – ou bons du Trésor – à des taux se situant autour de zéro, voire même à certains moments négatifs.
Si on applique sa conduite à celle d’un individu lambda, cela équivaut à distribuer partout autour de soi ses économies – pour ainsi dire jeter l’argent par la fenêtre – et donc ensuite se trouver sans rien, ce qui amène à se retrouver à la rue et mendier pour éviter de mourir de faim.
Le tourisme alimentaire de Josh et Archie évoqué juste avant n’est pas sans rappeler les virées des Bulgares et des Grecs en Turquie pour profiter de l’aubaine que représente une monnaie – en l’occurrence la livre – affectée par l’hyperinflation pour le consommateur étranger.
Ce texte, publié par France 24 le 27 novembre 2021, l’illustre parfaitement :
« Depuis le début de l’année, la monnaie turque a perdu 40 % de sa valeur face au dollar. Une inflation galopante qui met à mal les finances des Turcs mais qui est perçue comme une aubaine pour les voisins grecs et bulgares. Ils sont désormais nombreux à passer la frontière pour faire leurs achats. […]
C’est devenu une habitude. Vendredi 26 novembre, des centaines de voitures immatriculées à l’étranger ont traversé la frontière à Edirne, dans le nord-ouest de la Turquie, région limitrophe de la Bulgarie et de la Grèce. Tous sont venus profiter d’une nouvelle chute de la livre turque pour venir faire leurs achats. “C’est vraiment moins cher qu’en Bulgarie, quatre fois moins cher même”, témoigne Ayhan, auprès de France 24. On achète des vêtements, on fait le plein d’essence, et on repart en Bulgarie”.
“En Grèce, nous n’avons pas de gros salaires. Acheter ici, c’est une très bonne opportunité pour nous”, témoigne une autre famille, qui a roulé quatre heures pour atteindre la Turquie depuis Thessalonique, en Grèce. “La dernière fois que nous sommes venus, un euro valait 9 livres. Aujourd’hui, on est à 14. Donc c’est mieux pour nous.” »
Les pays méditerranéens sont avantagés par la douceur de leur climat. Car l’explosion des prix de l’énergie en Europe – renforcée par la guerre en Ukraine qui a débuté le 23 février 2022 – pénalise tout particulièrement les habitants du nord, comme on l’a vu en abordant le cas du Royaume-Uni.
Une idée saugrenue – comparable à celle d’aller faire ses courses en Pologne quand on est Anglais – a jailli du fait de cette forte hausse des prix de l’énergie : le thermo-tourisme, si l’on peut dire, c’est-à-dire proposer aux Allemands de faire des économies en passant l’hiver dans une station balnéaire turque. Une fois de plus, Lidl se trouve au cœur de cette histoire abracadabrantesque :
« Lidl irrite la Turquie en proposant aux Allemands d’aller passer l’hiver au chaud. Le distributeur hard-discount vend des séjours de vacances à prix cassés sur la Riviera turque comme une alternative pour ne pas payer une facture énergétique démesurée cet hiver en Allemagne. L’offre fait grincer des dents en Turquie, aux prises avec une inflation galopante. L’offre de Lidl a de quoi faire réfléchir. Un séjour tout compris de vingt-deux jours sur la Riviera turque en janvier, dans un hébergement cinq étoiles. Avec transfert depuis l’aéroport et service blanchisserie inclus, et même massages et soins du visage en option. Le tout pour 599 euros. Le voyagiste BigXtra Touristik, partenaire du groupe de hard-discount, mène actuellement une campagne de promotion pour inciter les Allemands à aller passer l’hiver au chaud en Turquie, et fuir ainsi autant les frimas germaniques que les factures d’énergie qui s’annoncent salées », écrivait le journaliste des Échos Pierre Demoux le 14 septembre 2022.
Par rapport aux autres membres de la zone euro la France a affiché des taux d’inflation légèrement inférieurs, ce qui résulte notamment d’un prix de l’énergie qui est resté meilleur marché qu’ailleurs en Europe. De plus le gouvernement a mis en place des boucliers tarifaires ou autres chèques, énergie ou alimentaire3.
Mais une telle action n’a fait que différer le problème, puisqu’il faut bien un jour mettre un terme au bouclier, et l’on ne peut pas distribuer des chèques à l’infini sans aggraver une dette publique déjà monumentale, située bien au-delà du seuil de 60 % du PIB fixé par le Pacte de stabilité et de croissance qu’aucun État n’est censé dépasser.
Et nous voilà arrivés à cette situation, pour ce qui est de l’inflation alimentaire : « La France est désormais l’un des pires élèves d’Europe occidentale » titre BFMTV dans un papier du 13 novembre où on lit quen « seule la Belgique affiche en septembre une hausse annuelle des prix de ses produits de grande consommation supérieure à celle de la France parmi sept pays d’Europe de l’Ouest.
C’était l’un des arguments dont les membres du gouvernement usaient le plus alors que les prix alimentaires explosaient partout en Europe au début de l’année 2023: la France est l’un des pays européens où ces prix augmentent le moins vite. C’était effectivement vrai il y a encore quelques mois […].
[L]’inflation annuelle s’élevait à moins de 12% en janvier dernier en France, ce qui classait alors l’Hexagone au second rang des pays dont la hausse des prix alimentaires était la plus faible, juste derrière la Belgique qui était proche des 11%. Sept mois plus tard, la situation s’est complètement inversée et la France figure désormais parmi les “bonnets d’âne” d’Europe occidentale en matière d’inflation alimentaire. Avec une hausse des produits de grande consommation qui a atteint 9,5% en septembre, seule son voisin belge fait pire en restant au-dessus de la barre des 10%. »
Rappelez-vous qu’il y a pile deux ans – sur les ondes de Sud Radio – le ministre Bruno Le Maire expliquait que « l’inflation est temporaire », préconisant le relèvement des salaires par les entreprises pour améliorer le pouvoir d’achat des Français.
Non seulement son pronostic sur le caractère provisoire s’est avéré inexact, mais en outre son appel à la hausse des salaires était inepte, dans la mesure où un telle réponse à l’inflation vient alimenter le phénomène, puisque l’augmentation des prix est le corollaire d’une augmentation des salaires, une entreprise ne pouvant rogner sur ses marges que dans une ampleur très limitée, sinon elle doit mettre à terme la clef sous la porte.
Par une politique budgétaire faite de boucliers et de chèques, l’État républicain de Macron, Borne, Le Maire et consorts ne parvient pas à juguler le haut niveau d’inflation causé essentiellement par la politique monétaire de la BCE.
Creuser le déficit public, c’est devoir les années suivantes accroître le taux global des prélèvements obligatoires. Et par conséquent cela revient à grever un pouvoir d’achat déjà terriblement réduit par l’inflation. Ce retour de bâton fiscal porte surtout sur la taxe foncière, qui concerne les propriétaires : chaque année elle devient plus exorbitante. Visiblement, c’est aux classes moyennes que Macron demande des efforts pour résorber les dépenses excessives de l’État depuis qu’il est aux affaires.
Depuis que Macron a rejoint l’Élysée en tant que conseiller économique de François Hollande – en 2012 – la dette publique est passée de 1 800 milliards d’euros (90 % du PIB) à 3 000 milliards (112,5 % du PIB). À l’évidence, avoir fait ses classes chez Rothschild ne vous assure pas de devenir un bon gestionnaire financier. Sur le plan économique son bilan est désastreux. Mais pour le groupe de bancocrates pour qui il travaille, ses résultats sont très positifs. Comme on le sait, le malheur des uns fait le bonheur des autres.
De leur point de vue, sa plus grande réussite est d’avoir maté le mouvement des Gilets jaunes, événement survenu il y a cinq ans, tel Adolphe Tiers lors de la Commune de Paris.
Dans notre système politique, un gouvernant est toujours adossé à une grande fortune. Dans la même revue de presse pour L’Action française de Robert Havard de la Montagne mentionnée au début de cette série, ce dernier utilise l’expression « ploutocratie démocratique » comme surtitre d’un texte qui parle de devanciers du duo Emmanuel Macron-David de Rothschild :
« L’Humanité relate que l’enquête sur la Banque Industrielle a établi que celle-ci versait annuellement 150.000 francs à Philippe Berthelot. Cette somme serait l’intérêt d’un cadeau fait par André à Philippe de 3 millions et demi, dont un million employé à l’achat d’un hôtel. Mais comment a-t-il pu disposer d’une pareille somme, puisqu’il n’avait pas de fortune à ses débuts ? Ici se dévoile la collusion des affaires et de la politique ;
André Berthelot, c’était l’homme du banquier belge, le baron Empain. Le lanceur du Métro, des tramways de banlieue, de Lille et d’ailleurs, de la Centrale de Jeumont, etc., le patron de vastes entreprises industrielles en Chine, André Berthelot, tout à tour conseiller municipal, député (député socialiste !), puis sénateur, « servait les intérêts du patron, non seulement en France, mais à l’étranger. c’est ainsi qu’il fallait faire intervenir le ministère des affaires étrangères », alors que les légations belges sans doute ne montaient pas ».
C’est ainsi qu’un cadeau soi-disant fraternel a pour source les bienfaits du baron Empain à son serviteur André Berthelot.
C’est ainsi qu’on fait les bonnes maisons... mais qu’on salit an nom illustre.
Vlan !... Et M. Téry avait raconté, dans l’Œuvre, que tout ça, c’était des histoires inventées par la réaction pour venger feu Brunetière des attaques de Marcellin Berthelot !... Mais le commandité de Veillon et Philouze devait naturellement venir au secours de l’homme du baron Empain. »
Monnaie-papier et crédit
Revenons sur ce propos de Robert Havard de la Montagne : Notre monnaie de papier n’a aucune valeur si l’on n’a pas soin d’y joindre l’idée métaphysique de crédit.
Le fondement de notre système économique, le capitalisme, est le crédit, ou prêt à intérêt, qui est une pratique prohibée tant par la tradition païenne grecque – dans le livre I des Politiques Aristote la condamnait en la désignant par le vocable chrematistika – que par la tradition chrétienne juive – du prophète Ézéchiel à Thomas d’Aquin en passant par Basile de Césarée.
Le projet existant de suppression de monnaie-papier, s’il se met en place, correspondrait à un stade supérieur du déploiement du système de crédit, qui tend à rendre la monnaie abstraite, métaphysique, pour reprendre le terme employé par Robert Havard de la Montagne.
Il faut savoir que le Moyen Âge a été traversé par une lutte entre les partisans du Crédit et les défenseurs des plus démunis, à savoir le très-puissant-alors clergé. Dans son passionnant essai Dette : 5 000 ans d’histoire, le professeur d’anthropologie de nationalité américaine David Graeber, qui a exercé à Yale puis à la London School Economics, explique :
« L’Église catholique avait toujours interdit le prêt à intérêt, mais les règles tombaient souvent en désuétude, ce qui incitait les autorités ecclésiastiques à organiser des campagnes de prédication : elles envoyaient les frères mendiants de ville en ville pour avertir les usuriers que, s’ils ne se repentaient pas et ne restituaient pas intégralement les intérêts extorqués à leurs victimes, ils iraient sûrement en enfer. […]
Au XIIe siècle, lorsque ces campagnes ont atteint leur apogée, on s’est mis à user de sanctions directes. La papauté a donné instruction aux paroisses locales d’excommunier tous les usuriers connus. Il ne fallait pas leur permettre de recevoir les sacrements et il n’était pas question d’enterrer leurs corps en terre consacrée. »4
Mais l’Église faisait face à une résistance solide, notamment en France, comme le souligne Graeber : « Les usuriers français avaient de puissants amis et hommes de main, capables d’intimider jusqu’aux autorités de l’Église. »5
Cette tension entre gens d’Église et marchands d’argent, Jean de La Fontaine l’avait formidablement retranscrite dans une fable intitulée « Le financier et le savetier », où celui-ci, se plaignant que les prêtres, pour qui la prière prime sur les affaires, nuisent à sa prospérité, reçoit l’approbation de celui-là, qui, hilare, lui repartit : « Je vous veux mettre aujourd’hui sur le trône. »
Tel pourrait être, au fond, le processus qui se trouve au point de départ de l’ère capitaliste : la légalisation du Crédit entendu comme prêt assorti d’un intérêt, soit l’usure, la chrematistika aristotélicienne.
Puisque nous en arrivons à l’étude de notre système économique dans sa globalité, il paraît nécessaire de s’arrêter sur cet extrait du Capital de Karl Marx (livre I, VIIIe section, chapitre XXI) :
« Dans le même temps qu'on cessait en Angleterre de brûler les sorcières, on commença à y pendre les falsificateurs de billets de banque. […]
Avec les dettes publiques naquit un système de crédit international qui cache souvent une des sources de l'accumulation primitive chez tel ou tel peuple.
C’est ainsi, par exemple, que les rapines et les violences vénitiennes forment une des bases de la richesse en capital de la Hollande, à qui Venise en décadence prêtait des sommes considérables. A son tour, la Hollande, déchue vers la fin du XVIIe siècle de sa suprématie industrielle et commerciale, se vit contrainte à faire valoir des capitaux énormes en les prêtant à l'étranger et, de 1701 à 1776, spécialement à l’Angleterre, sa rivale victorieuse. Et il en est de même à présent de l'Angleterre et des États-Unis.
Maint capital qui fait aujourd'hui son apparition aux États-Unis sans extrait de naissance n'est que du sang d'enfants de fabrique capitalisé hier en Angleterre.
Comme la dette publique est assise sur le revenu public, qui en doit payer les redevances annuelles, le système moderne des impôts était le corollaire obligé des emprunts nationaux.
Les emprunts, qui mettent les gouvernements à même de faire face aux dépenses extraordinaires sans que les contribuables s'en ressentent sur-le-champ, entraînent à leur suite un surcroît d'impôts ; de l'autre côté, la surcharge d'impôts causée par l’accumulation des dettes successivement contractées contraint les gouvernements, en cas de nouvelles dépenses extraordinaires, d'avoir recours à de nouveaux emprunts.
La fiscalité moderne, dont les impôts sur les objets de première nécessité et, partant, l'enchérissement, de ceux-ci, formaient de prime abord le pivot, renferme donc en soi un germe de progression automatique. La surcharge des taxes n'en est pas un incident, mais le principe […]
La grande part qui revient à la dette publique et au système de fiscalité correspondant, dans la capitalisation de la richesse et l'expropriation des masses, a induit une foule d'écrivains, tels que William Cobbett, Doubleday et autres, à y chercher à tort la cause première de la misère des peuples modernes. »
Au contraire de Karl Marx, nous pensons, suivant en cela William Cobbett et son disciple Thomas Doubleday, lesquels vécurent en Angleterre entre la fin du XVIIIe et le milieu du XIXe siècle, que la cause première de la misère des peuples modernes réside la dette publique et le système de fiscalité correspondant.
Dans un numéro de la Revue des Deux Mondes datant de 1889, sous la plume de George Valbert, un texte qui a pour titre « Un radical anglais d’autrefois – William Cobbett » présente cet adversaire de l’usure, autrefois interdite quand l’empire de l’Église catholique s’exerçait sur les peuples européens, et aujourd'hui totalement normalisée :
William Cobbett « haïssait les grandes villes et leurs corruptions, les manufactures et leurs tristesses, les armées permanentes, les casernes, les commerçants à la nouvelle mode, les pharisiens de toute couleur et l’aristocratie d’argent. Ce qu’il détestait encore plus, c’étaient « les mangeurs de taxes » qu’il traitait de vermine et de démons. Il accusait Pitt d’avoir attiré sur son pays, par ses énormes emprunts, « des maux que Satan lui-même n’eût pas imaginés. » Il définissait le crédit public, l’art de contracter des dettes qu’on ne paiera jamais, et il jugeait que dans un monde bien ordonné les peuples se croient tenus de tout payer comptant et de ne rien devoir à personne.
C’était sur ce sujet qu’il aimait le plus à raisonner et à déraisonner ; aucun autre n’échauffait davantage sa bile et son éloquence, et il ne se lassait pas d’expliquer aux nombreux lecteurs du Register l’histoire de la dette publique de l’Angleterre.
La Révolution française, leur disait-il, ayant aboli tous les privilèges aristocratiques et les dîmes ecclésiastiques, le gouvernement anglais voulut empêcher que la réforme ne passât la Manche, et on résolut d’attaquer les Français, de menacer leur liberté récemment conquise, de les pousser à des actes de désespoir, et enfin de faire de la Révolution un tel épouvantail pour tous les peuples qu’on ne pût se représenter sous le nom de liberté autre chose qu’un affreux mélange de bassesses, d’abominations et de sang, et que les Anglais, dans l’enthousiasme de leur terreur, en vinssent à s’éprendre d’amour pour leur aristocratie et leur gouvernement.
À cet effet, on dut s’assurer du concours de diverses nations étrangères, leur fournir de gras subsides et prendre leurs armées à sa solde : “Nous remportâmes ainsi, ajoutait-il, de nombreuses victoires sur les Français, et ces victoires étaient magnifiques. Ce fut une bonne affaire, elles valaient trois ou quatre fois ce que nous en avions donné, comme mistress Tweazle a coutume de dire à son mari quand elle revient du marché. Assurément, nous ne pouvions faire une plus belle provision de victoires à des prix plus favorables.
Malheureusement, je l’avoue avec tristesse, nous avons emprunté l’argent avec lequel nous les avons achetées, et il s’agit maintenant de les payer. Ces victoires funestes, ces maudites victoires, nous ne pouvons plus nous en défaire, et nous chercherions en vain à les repasser à quelqu’un. Un homme peut-il se défaire de sa femme quand une fois il a eu le bonheur de se mettre sur les épaules ce gracieux fardeau ?”
C’est ainsi qu’il racontait l’histoire, et ceux mêmes qui l’accusaient de débiter des fables ne pouvaient disconvenir qu’elles ne renfermassent une part de vérité. »6
Son livre est majeur, publié en 1815, est une compilation de lettres qu’il écrivit en prison. Son titre est Le papier contre l’or, la gloire contre la prospérité.
Quant à Doubleday, il est l’auteur d’une Histoire financière, monétaire et statistique de l’Angleterre, qui parut en 1847.
Il y développe la thèse selon laquelle monnaie-papier et dette publique vont de pair, et l’effet inéluctable de cette combinaison est la rapide et progressive dépréciation cette monnaie.
De surcroît, il y dresse la liste de 26 prêts accordés à des pays étrangers par des établissements anglais – dont le siège se trouve à la City de Londres – de 1818 à 1832. Sur un total de 55 794 671 livres Sterling de l’époque, Rothschild a prêté légèrement plus du tiers (35,5%), soit à hauteur de 19 800 000 Livres sterling, aux pays suivants : Autriche, Brésil, Prusse, le royaume de Naples et la Russie7.
Cette activité – le prêt aux États –, dans laquelle cette famille s’est spécialisée, est la plus lucrative qui puisse exister, comme le note Doubleday : « Surtout, les profits réalisés par les prêts étaient si élevés que les gains apportés par un seul auraient pu presque littéralement être à même de fournir les moyens du suivant »8.
Force est de constater que nous Français – comme nombre d’autres peuples – sommes aujourd’hui contraints de régler l’addition du crédit, de payer le prix de l’usure, ayant laissé depuis des siècles un usage peccamineux devenir une norme indiscutée.
À cet égard il me semble indispensable de terminer en citant l’encyclique d’un pape qui vécut au XVIIIe siècle, pendant les Lumières9, au moment où le système monnaie-papier/crédit (public)/inflation se mit en place, Benoît XIV, intitulée Vix pervenit :
« L’espèce de péché appelée usure et dont le lieu propre est le contrat de prêt – dont la nature demande qu’il soit rendu autant seulement que ce qui a été reçu – consiste pour le prêteur à exiger – au nom même de ce contrat – qu’il lui soit rendu davantage que ce qui a été reçu et, par conséquence, à affirmer que le seul prêt donne droit à un profit, en plus du capital prêté. Pour cette raison, tout profit de cette sorte qui excède le capital est illicite et usuraire.
II. Personne ne pourra être préservé de la souillure du péché d’usure en arguant du fait que ce profit n’est pas excessif ou inconsidéré mais modeste, qu’il n’est pas grand mais petit. Ni du fait que celui à qui on le réclame n’est pas pauvre mais riche. Ou bien encore que l’argent prêté n’a pas été laissé inactif mais a été employé très avantageusement pour augmenter sa propre fortune, acquérir de nouveaux domaines, ou se livrer à un négoce fructueux. Est convaincu d’agir contre la loi du prêt – laquelle consiste nécessairement dans l’égalité entre ce qui est donné et ce qui est rendu – celui qui, après avoir reçu un équivalent, ne craint pas d’exiger encore davantage sous prétexte du prêt. En effet, le prêt n’exige, en justice, que l’équivalence dans l’échange. […]
Que les chrétiens ne s’imaginent pas que les usures ou d’autres injustices semblables puissent faire fleurir les branches du commerce. Bien au contraire, Nous apprenons de la Parole divine elle-même que « la justice élève une nation, mais la honte des peuples, c’est le péché. » (Proverbes XIV:XXXIV)
Il en fut un, expert ès crapuleries en tous genres, qui comprit au crépuscule de sa vie entièrement consacrée au crime cette réalité : l’acolyte de Lucky Luciano à la tête de la pègre américaine, Meyer Lansky.
Ses ultimes mots, à l’orée des années 1980, furent : « J’ai appris trop tard qu’il est beaucoup plus facile et rentable de voler de l’argent aux gens de manière légale qu’illégale »10.
NOTES
1Marc Nouschi, Régis Bénichi, La croissance au XIXème et XXème siècles. Histoire économique contemporaine, Paris, Ellipses, 1990, p. 162.
3« Au total, le gouvernement annonce 16 milliards d’économies de dépenses, mais l’essentiel, 14 milliards, provient de la fin du bouclier protégeant de la hausse des prix du gaz, une réduction pour celui sur l’électricité et la fin des aides aux industries énergo-intensives. […] Comme le souligne la Haut Conseil des finances publiques, les prélèvements obligatoires augmentent de 3,7 % cette année et devraient encore s’accroître de 4,1 % l’an prochain. Merci l’inflation. Si la hausse des prix accroît les prestations sociales indexées, elle nourrit également les recettes de TVA, les marges, les profits et l’impôt sur les sociétés, etc. », Christian Chavagneux, « Budget 2024 : merci les impôts ! », Alternatives économiques, n° 440, novembre 2023. Ainsi, les recettes fiscales du budget 2024 de la France atteignent 349,4 milliards d’euros, soit 17,3 Mds de plus par rapport à 2023. Une telle hausse ne permet néanmoins pas de désendetter les finances publiques : en 2024 le taux de la dette publique reste le même qu’en 2023, soit 109,7 % du PIB.
6George Valbert, « Un radical anglais d’autrefois – William Cobbett », Revue des Deux Mondes, t. 94, 1889.
7À cette époque la célèbre banque de la City, la Barclay, existait déjà. En 1825, l’État mexicain lui emprunta pour 3 millions trois cent mille pounds. À noter qu’en 1991 cette banque a fait l’acquisition de la branche française de la banque Rothschild, qui avait été rebaptisée l’Européenne de Banque suite à la nationalisation en 1982 sous la présidence Mitterrand, alors que Guy de Rothschild en était à la tête. Son fils, David – dont Macron est l’homme-lige –, conjointement avec son « cousin » anglais Evelyn, a mis sur pied Rothschild & Co, qui, longtemps cotée en bourse, s’en est retirée récemment. Au moment de la IIIe République, affirme Henri Guillemin dans une conférence sur les origines de la Première Guerre mondiale, le représentant de la Maison est Léon Say. Il fut quatre fois ministre des Finances, sur une période allant de 1782 à 1882.
8Histoire financière, monétaire et statistique de l’Angleterre de la Révolution de 1688 à nos jours, London: Effingham Wilson, 1847, p. 200.
9Ce qu’Immanuel Kant souligne dans Idée d’une histoire d’un point de vue cosmopolitique (1784) : « Finalement, la guerre devient même peu à peu non seulement si technique son issue si incertaine pour les deux camps, mais aussi devient une entreprise qui donne tant à réfléchir par les suites fâcheuses que subit l’État sous un fardeau toujours plus pesant des dettes (une nouvelle invention) dont le remboursement devient imprévisible que, dans notre partie du monde où les États sont très interdépendants du point de vue économique, tout ébranlement de l'un a une influence sur tous les autres, et cette influence est si évidente que ces États, pressés par le danger qui les concerne, s'offrent, bien que sans caution légale, comme arbitres et, ainsi, de loin, préparent tous un futur grand corps politique, dont le monde, dans le passé, n'a présenté aucun exemple. »
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