L'universalisme chrétien - Colloque regards croisés sur notre identité

Les racines chrétiennes de l'universalisme occidental

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Guillaume Bernard - L'universalisme chrétien



Historien du droit, politologue et animateur de l’Appel d’Angers pour l’unité de la droite en 2018, Guillaume Bernard est auteur de La guerre à droite aura bien lieu : le mouvement dextrogyre, paru en 2016. Il fera le point sur l’universalisme chrétien et les nombreuses confusions et malentendus qui entourent cette notion.



Conférence donnée lors du colloque "Regards croisés sur notre identité" organisé par Academia Christiana en partenariat avec la revue Éléments, le samedi 26 octobre 2019 à Paris. Guillaume Bernard, historien du droit et politologue, a approfondi cette notion d’universalisme chrétien, en revenant sur les dérives philosophiques auquel il a pu être soumis et dont les sociétés européennes font aujourd’hui les frais. L’articulation d’une religion à visée universelle n’est pas des plus évidentes avec l’appartenance à un corps social donné, il faut le reconnaître. D’où une tentation de croire que l’universalisme chrétien conduit de facto au déracinement social et culturel. D’autant plus que, dès ses débuts, le christianisme a dissocié la pratique du culte de l’appartenance sociale à un groupe, ce qui était au contraire intrinsèquement lié dans l’Antiquité (où tout groupe social vénérait un dieu protecteur). Ainsi la notion de liberté faisait-elle son entrée dans la pratique du culte : c’est la croyance qui conditionne le culte, et non l’appartenance à un corps social. Le cheminement vers une distinction des domaines politique et spirituel était donc initié (il faut rendre « à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu », Mt 22, 21). Mais il s’agit bien d’une distinction et non d’une séparation (si la laïcité n’a pu s’envisager que dans une société chrétienne ayant accompli cette distinction, elle n’est en aucun cas chrétienne), et le christianisme continue de s’inscrire dans un ordre naturel des choses, héritier en cela de la philosophie aristotélicienne. Si le domaine spirituel a pu être hiérarchisé au-dessus du domaine temporel, c’est uniquement en raison de leurs finalités respectives, où le salut des âmes prime sur l’ordonnancement du bien commun, mais en aucun cas cela n’implique une délégitimation du politique ni sa nullité. Une fois posé cet état des lieux des origines, Guillaume Bernard a rapidement souligné les trois dérives possibles qui ont utilisé le christianisme pour justifier une négation du temporel. La religion du Christ a d’abord souffert de l’augustinisme, poussant à l’absorption du droit par la morale, puis du nominalisme qui a vidé de substance tout corps social au profit des êtres singuliers, avant d’être écrasée sous les coups de butor de la seconde scholastique espagnole (oui, l’expression n’est ni facile à lire, ni joyeuse à entendre, mais terriblement douloureuse !), artificialisant le corps social par l’établissement d’un contrat social (contractualisme), et posant les premières pierres de ce qui s’appellerait plus tard les droits de l’homme.