À propos de la démission de Line Beauchamp

L'ultime compromis

Tribune libre

Depuis les quatorze semaines que dure le conflit entre le gouvernement et les étudiants, personne ne pouvait s’attendre à la démission de Line Beauchamp à titre de ministre de l’Éducation et députée du comté de Bourassa-Sauvé…bref à un retrait de la vie politique.
Toutefois, au-delà de l’onde choc suscitée par la démission de Line Beauchamp, il convient d’analyser les raisons évoquées par Mme Beauchamp pour justifier sa démission.
Confrontée à un mouvement de grève des étudiants qui s’éternise, Line Beauchamp a dit avoir échoué à régler un conflit important : « J'en assume la responsabilité et je fais l'ultime compromis que je puisse faire : je cède ma place ». Se disant en « mode solution », elle a dit espérer que son geste
« servira un peu d'électrochoc ».
Pour leur part, les représentants étudiants, qui se sont entretenus avec l'ex-ministre quelques heures à peine avant l’annonce officielle de sa démission, ne s'attendaient pas à cette décision. En entrevue à RDI, la présidente de la Fédération étudiante universitaire du Québec, Martine Desjardins, s'est dite
« surprise ».
« Ce n'est pas en changeant de ministre qu'on va régler la crise actuelle », a de son côté commenté le co-porte-parole de la CLASSE, Gabriel-Nadeau Dubois. Pour les étudiants, les frais de scolarité demeurent au coeur du problème ».
Selon ses propos officiels, la conférence téléphonique à laquelle Line Beauchamp a participé avec les leaders des associations étudiantes (FEUQ, FECQ, CLASSE et TaCEQ), en matinée, a joué dans sa décision :
« Ma dernière conversation téléphonique avec les représentants des quatre associations étudiantes m'a amenée à constater que personnellement, j'avais perdu confiance dans leur volonté de régler le conflit et que nous ne partagions pas les mêmes valeurs du respect de la démocratie et des élus de l'Assemblée nationale ».
En réalité, quelles sont-elles ces « valeurs du respect de la démocratie et des élus de l’Assemblée nationale »? Le droit de manifester son désaccord face à une décision du gouvernement ne fait-il plus partie des « valeurs » de l’ex-ministre? Les élus de l’Assemblée nationale incarneraient-ils tout à coup la
« voix du peuple » à partir du moment où ils occuperaient un siège à la Chambre?
Par ailleurs, quelques heures après la démission de Line Beauchamp, la présidente du Conseil du trésor, responsable des goussets du gouvernement, et ex-ministre de l’Éducation, Michelle Courchesne, a prêté serment comme
« nouvelle » ministre de l'Éducation, tout en conservant ses responsabilités au Conseil du trésor…une nomination qui, à mon sens, risque de durcir davantage la position du gouvernement concernant sa décision de maintenir la hausse des droits de scolarité.
Devant cette chaise musicale qui ne fait que tourner en rond, je serais porté à donner raison à Gabriel Nadeau-Dubois sur le fait qu’un changement de ministre ne règlera pas la crise actuelle…à moins que Mme Courchesne ait des cartes cachées dans son jeu!
En attendant, l’« ultime compromis », auquel a fait allusion à quelques reprises Line Beauchamp lors de la conférence de presse du 14 mai relativement à sa démission, risque de constituer un coup d’épée dans l’eau plutôt que de « servir d’électrochoc »!
Henri Marineau
Québec

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Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplôme de l’École Normale Supérieure en 1972. Cette année-là, il entre au Collège des Jésuites de Québec à titre de professeur de français et participe activement à la mise sur pied du Collège Saint-Charles-Garnier en 1984. Depuis lors, en plus de ses charges d’enseignement, M. Marineau occupe divers postes de responsabilités au sein de l’équipe du Collège Saint-Charles-Garnier entre autres, ceux de responsables des élèves, de directeur des services pédagogiques et de directeur général. Après une carrière de trente-et-un ans dans le monde de l’éducation, M. Marineau prend sa retraite en juin 2003. À partir de ce moment-là, il arpente la route des écritures qui le conduira sur des chemins aussi variés que la biographie, le roman, la satire, le théâtre, le conte, la poésie et la chronique. Pour en connaître davantage sur ses écrits, vous pouvez consulter son site personnel au www.henrimarineau.com





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2 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    15 mai 2012

    Il est intéressant de mettre bout à bout les deux commentaire suivants de Mme Beauchamp : d'abord, répété à plusieurs reprises "Je suis en mode solution." ensuite "Je ne fais pas partie de la solution."
    Que veut-elle dire au juste? Que le mode solution, le respect d'une solution, exige sa démission? Que la solution, du second extrait, ne vient pas d'elle et qu'elle doit partir pour ne pas nuire à sa mise en place?
    Voilà un même terme utilisé de deux manières différentes, un monstre à deux têtes qui laisse soupçonner soit la confusion profonde, soit la manipulation vicieuse (peut-être les deux) du gouvernement Charest.
    J'ose l'interprétation suivante la ministre adopte la "solution" (elle est en mode solution) de son gouvernement i.e. "ne pas apporter de solution au conflit". Elle ne fait pas partie de la solution (puisqu'on ne veut pas de solution) et se retire. Aussitôt, Mme Courchesne est nommée en remplacement. (Quelle diligence)
    Au PLQ on s'empresse d'étiqueter cette démission-nomination de "changement" au processus de négociation. On s'outrage de ce que les associations étudiantes n'admettent pas qu'il y a "eu changement" et que la crise devrait de facto être réglée.
    Pourtant il n'est toujours pas question d'aborder les frais de scolarité. Ni d'ailleurs la violence policière. Ni d'ailleurs la présomption de culpabilité de étudaints en les associant aux violences perpétrées.
    Magistral comme perversion de la mauvaise foi... à en dégueuler. Vivement la bonne foi et l'honnêteté à Québec! Vivement ON.

  • Archives de Vigile Répondre

    15 mai 2012

    Peu importe qui est le ministre de l'Éducation, ils adoptent tous la même position qui est celle de la riche élite capitaliste de la finance et des affaires, celle qui dirige vraiment le Québec et dont les politiciens ne sont que des porte-voix.