L’Iran et la Route de la soie : cauchemar US

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Géopolitique 101

A quoi jouait l’ancien président iranien, dit modéré, Ali Akbar Hashemi-Rafsandjani, en twittant dernièrement : « le monde de demain est celui du dialogue, pas des missiles» ?
Certes l’Iran est parvenu à se dépêtrer des sanctions internationales imposées par l’ONU, mais chacun sait – sauf Rafsandjani, semble-t-il – que le monde actuel et celui à venir risquent fort de ne pas être un monde de « bisounours ».
Comme c’était prévisible, les Etats-Unis trainent des pieds pour mettre en œuvre l’accord sur le nucléaire signé à Genève. L’Iran demeure et demeurera la cible de l’administration américaine tant qu’il ne rentrera pas dans le rang, c’est-à-dire dans la zone d’influence US. Il suffit d’écouter les candidats à la Maison-Blanche – Donald Trump et Hillary Clinton – pour être inquiet et convaincu de la nécessité de s’armer.
Le 30 mars dernier, Ali Khamenei, guide suprême de la révolution islamique iranienne, a répondu à Rafsandjani – sans le nommer, ni le courant qu’il représente – que le monde « s’apparente à une jungle ». En ce qui concerne les missiles, tout le Moyen-Orient sait à quoi s’en tenir depuis les tirs de Tomahawks américains pendant la guerre du Golfe, et de la marine russe visant les djihadistes de Raqqa depuis la mer Caspienne, en octobre 2015. On imagine le nombre de victimes et les destructions que causerait l’armada US croisant dans le Golfe et en mer d’Oman si elle recevait l’ordre d’attaquer l’Iran.
Ce ne sont pas seulement les tirs expérimentaux de missiles iraniens qui mobilisent l’administration US, mais l’annonce de grands projets d’infrastructures lancés en partenariat avec la Chine et la Russie : le projet de canal entre la mer Caspienne et le Golfe ou la mer d’Oman qui permettrait aux navires russes d’accéder aux « mers chaudes » ; et surtout celui dit de la « Nouvelle route de la soie » (terrestre et maritime) proposé par le président chinois Xi Jinping. L’arrivée en gare de Téhéran d’un train de marchandises parti de Chine – à 10 400 km – préfigure ce que pourrait être la modernisation de la voie ferrée reliant les deux pays, via le Kazakhstan et le Turkménistan.
Pour Washington, le partenariat stratégique entre la Chine, la Russie et l’Iran, qui se développe au sein du Club de Shanghai, est un cauchemar géopolitique.
Le 30 mars, Ali Khamenei a ajouté que les ennemis de la révolution islamique iranienne «usent du dialogue, des échanges économiques, des sanctions, des menaces militaires ou tout autre moyen pour faire avancer leurs objectifs ». Ils renforcent en permanence « leur capacité militaire et balistique ; comment donc pourrait-on dire dans un tel contexte, que l’ère des missiles est révolue ? »
Revenant, sans le nommer, au twitte de Rafsandjani, l’ayatollah Khamenei a martelé : «Si de tels propos sont dits par ignorance, c’est un problème, mais si c’est dit sciemment, c’est de la trahison. ». On ne peut mieux dire.


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