L’industrie du ventre à louer

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La marchandisation des enfants : la GPA pour tous

Anthony Housefather est le député libéral de Mont-Royal, à Ottawa. Il proposera en mai un projet de loi pour permettre la rémunération des mères porteuses. En gros, il veut qu’Ottawa permette aux femmes de mettre leur ventre à louer.


Morale ?


La Presse canadienne rapportait même qu’il n’y voyait aucun problème moral : « Je ne vois pas un grand problème si une femme décide que ça, c’est une avenue économique [...] Si c’est une décision de la femme, moi, je n’ai pas de problème. » On croit entendre Pierre Bergé, le milliardaire français qui avait lancé avec une condescendance gênante en 2012 : « Louer son ventre pour faire un enfant ou louer ses bras pour travailler à l’usine, quelle différence ? »


Housefather appartient à la majorité gouvernementale. On comprend qu’il ne se lance pas dans le vide. Il teste la réaction devant une idée qu’on devine non consensuelle. On devine que globalement, le gouvernement Trudeau y est favorable, même si certains expriment leurs réserves.


Comme d’habitude, pour justifier une mesure aussi radicale, on se cache derrière le pragmatisme. On explique que pour l’instant, les couples doivent se rendre aux États-Unis pour louer un ventre, puisque la chose y est permise. On aurait pu sortir aussi l’argument des odieuses fermes à bébés en Inde en soutenant que le Canada les encourage en forçant les familles à s’y rendre pour avoir un enfant. Quand vient le temps de faire céder l’opinion, toutes les méthodes sont bonnes, qu’il s’agisse de calculer, d’intimider ou de faire pleurer.


On devine quand même que celles qui mettront leur ventre à louer ne seront pas de jeunes filles pim-pantes de Westmount, décidant d’offrir leur corps à petit prix pour des raisons humanitaires ou parce qu’elles veulent défier leurs parents. Ce sont de jeunes filles sans le sou qui seront ainsi mobilisées. Appelons ça du cheap labor maternel. Et il ne faut pas oublier à quel point celles qui se lanceront dans cette entreprise devront se soumettre aux caprices de leurs riches clients. Porter un enfant pour un couple fortuné est un job très contraignant.


On me pardonnera d’user de très vieux mots, mais n’y a-t-il pas quelque chose d’au moins minimalement sacré avec la vie ? La réponse, aujourd’hui, c’est non. On nie l’éblouissant mystère qu’est celui de la conception d’un enfant.


Science


Essayons d’aller plus loin. Peut-on traiter la conception d’un enfant comme une forme de problème scientifique comme les autres que nous parviendrons un jour à élucider ? C’est ce qu’espèrent ceux qui rêvent à l’utérus artificiel, qui délivrerait la femme du fardeau de la maternité. On pourrait ainsi fabriquer des bébés scientifiquement.


Dans le même esprit, peut-on faire de la maternité une opération marchande parmi d’autres ? Hier, on louait une cassette vidéo, demain, on louera un ventre. Pour peu que chacun consente à l’opération, personne ne devrait avoir quoi que ce soit à redire, pour peu qu’on l’encadre juridiquement. C’est le comble du relativisme.


Le capitalisme marchandise tout. Et il le fait au nom du progrès.