L'indépendance à l'envers

Tribune libre


Depuis quelque temps, le débat fait rage et s’envenime chez mes amis souverainistes et indépendantistes sur un sujet que devrait rallier plutôt que diviser les honnêtes hommes et femmes et ce sujet, c’est la future Constitution de l’État québécois.
Je lis régulièrement sur les médias sociaux des plumes reconnues pour leur engagement politique écrire avec de œillères aussitôt qu’on parle de convoquer une Constituante populaire dans le but de donner au Québec sa première constitution, celle qui définira ses propres règles du jeu. Car depuis l’arrivée des premiers colons en Nouvelle-France, jamais le peuple habitant le territoire du Québec n’a eu sa propre constitution. On lui a toujours imposé les institutions britanniques et, en 1982, celle d’un Canada qui voulu et réussi à nous isoler dans in document auquel aucun gouvernement du Québec n’a adhéré.
Mais revenons à nos moutons. Quand mes amis prétendent proclamer l’Indépendance du Québec, sans avoir au préalable donné le mandat à une Constituante d’écrire notre Loi des lois, c’est mettre carrément la charrue devant les
bœufs.
Car il faut avant tout définir le pays dans lequel nous voulons vivre, quel système nous préférons avant de devenir pays. Sans constitution, c’est donner naissance à une coquille vide…Et la constitution doit être démocratique, c’est-à-dire écrite par et pour les citoyens du Québec et non être imposée par des clercs, des élites et par des pouvoirs manipulateurs de notre bonne foi.
Il me semble que pour que la démarche en vue de notre libération d’un système qui
horripile autant les gens de gauche que ceux de droite doit être accomplie avec l’appui de l’ensemble et de la majorité des citoyens et des citoyennes de notre territoire.
Et pour que l’exercice soit le plus démocratique possible, on doit se tourner vers l’endroit où est née la démocratie, soit Athènes où dans l’Antiquité on procédait par tirage au sort pour choisir les citoyens qui formeraient la Constituante chargée d’écrire la Constitution, c’est-à-dire les nouvelles règles du jeu qui englobent tout ce qui nous préoccupe dans une société comme la nôtre, l’Éducation, la Santé, la Justice, les institutions démocratiques, les Richesse naturelles, l’Écologie, la Condition féminine, la laïcité, la monnaie, etc, etc.
À la Coalition pour une constituante, nous ne désirons pas le pouvoir. Nous voulons le donner aux citoyens et aux citoyennes. Nous souhaitons que ce soient eux et elles qui décident et non les élites. Nous croyons que la sagesse populaire doit déterminer dans quel genre de pays on veut vraiment vivre.
Pas de vaines et insipides promesses électorales. Seul un engagement à mettre en place cette Constituante citoyenne qui aura deux ans pour accoucher d’un nouveau projet de société qui sera par la suite soumis à l’ensemble des électeurs et des électrices..
Ça c’est la véritable démocratie. Tout le reste n’est que jeux d’intérêts et de pouvoir. Et ce film-là, on l’a déjà vu et on en connaît tous la fin…
L’Indépendance sans constitution préalable, c’est le monde à l’envers !
Pierre Schneider
candidat de la Coalition pour une constituante,
circonscription de Bertrand
15 juillet 2012


Laissez un commentaire



6 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    17 juillet 2012

    La Coalition pour la Constituante http://www.sansparti.org nous propose précisément de se doter collectivement d'un outil constitutionnel qui nous évitera dans l'avenir de laisser dégénérer la situation au point où nous en sommes présentement. En véritable démocratie, les élus sont tributaires du peuple. Le peuple doit donc disposer de moyens coercitifs afin de pouvoir sanctionner les députés délinquants. La Coalition propose de remettre ce pouvoir entre les mains des citoyens en élaborant un outil constitutionnel dans le chantier nommé assemblée constituante. L'exercice doit nous fournir les moyens de rétablir un principe essentiel en démocratie, celui de la séparation et l'indépendance des lieux de pouvoir pour que ce principe sacré ne demeure pas un vague concept vide de sens.

  • Archives de Vigile Répondre

    16 juillet 2012

    Si quelqu'un ou un groupe veut faire quelque chose, il doit bien le faire ou le faire bien. Mon frère qui est un indépendantiste convaincu me disait ceci: avant de faire une constitution, il faut une pré-constitution. À quoi ressemble une pré-ponstitution? C'est un brouillon de constitution qu'on peut fignoler, améliorer, modifier dans le bon sens par la suite. C'est aussi l'orientation et ce qu'on entend faire une fois élu. Mais au départ, partir de rien et convaincre les gens que le hasard nous sera favorable pour le choix de personnes éclairées pour rédiger une constitution me semble assez risqué.
    Mon frère m'est arrivé un jour avec une pré-constitution qu'il avait rédigée lui-même, maladroite, incomplète et avec beaucoup de fautes, mais son idée était bonne et ça valait mieux que rien.
    Si on veut me montrer une constitution traduite, rédigée par des grecs, je suis bien prêt à l'accueillir et je pense même que tout le monde aussi. Mais convaincre les gens de voter sur quelque chose de non défini, sans l'ombre d'une ébauche, bonne chance!

  • Archives de Vigile Répondre

    16 juillet 2012

    Encore une fois, M. Cloutier décrit la situation de manière on ne peut plus réaliste. Merci.

  • Archives de Vigile Répondre

    16 juillet 2012

    Le dogme - car c'en est un - a toujours été au PQ de faire la souveraineté d'abord et d'écrire une constitution ensuite. Demandez-leur et ils vont vous répondre la même chose.
    Et de un.
    Et de deux, il n'a jamais été question au PQ d'une constitution écrite par et pour les citoyens.
    Le PQ est un parti de politiciens professionnels et ce ne sont pas ces gens-là qui vont accepter demain matin de lâcher une petite parcelle de leurs pouvoirs et privilèges comme nouvelle classe aristocratique moderne.
    Alors le tirage au sort pour la constituante et une chambre citoyenne tirée au sort à l'Assemblée Nationale, oubliez cela, ils vont vous combattre à mort.
    Pierre Cloutier

  • Christian Montmarquette Répondre

    15 juillet 2012

    Bien d'accord avec vous Pierre.
    Toute la gauche politique a l'Assemblée constituante à son programme depuis des années, et même bien avant Québec Solidaire!
    Je me demande même pourquoi il vous a été nécessaire de vous constituer en parti politique pour faire ça, puisque QS a déjà la constituante à son programme...
    Et contrairement aux ragots, QS n'a absolument pas l'intension d'imposer quoi que ce soit dans la constitution.
    Aucun élu ou homme politique professionnel n'aurait le droit de se présenter et de siéger comme constituant.
    Mais , généralement, les partis de droite n'apprécient pas la démocratie, et ils préfèreraient faire rédiger ça par leurs petits pros de service pour maintenir leur privilèges
    Christian Montmarquette
    QS-Montréal
    .

  • Serge Jean Répondre

    15 juillet 2012

    Je trouve que vous avez parfaitement raison,comme d'ailleurs monsieur Pierre Cloutier qui écrit ici, en parle souvent.
    « Ce n’est pas aux parlementaires, aux ministres ou aux juges d’écrire ou de modifier la Constitution, si peu que ce soit, car ils sont juges et parties : ils ont un intérêt personnel à l’impuissance politique des citoyens entre deux élections.
    Donc, nous sommes fous, si nous les laissons écrire eux-mêmes tout ou partie de notre Constitution, celle qui est censée limiter leur pouvoir. »
    Source:
    http://etienne.chouard.free.fr/wikiconstitution/index.php?title=Justification_du_projet_Constitution_Citoyenne_Wiki
    Jean