L'affaire Kerviel

L'extravagant

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Ex-courtier de la Société générale (SG), Jérôme Kerviel est coupable de tout, la banque pour laquelle il travaillait n'étant responsable de rien. Absolument rien. Telle est la conclusion, quelque peu insolite, vue de ce côté-ci de l'Atlantique, que les juges du Tribunal correctionnel de Paris ont arrêtée. Conséquemment, Kerviel étant l'incarnation du mal dans sa version la plus absolue, Kerviel étant la personnification exclusive du mauvais génie de la finance, il a écopé de trois ans de prison ferme. Par-dessus le marché, c'est le cas de le dire, il devra rembourser les 7 milliards de pertes que ses actions, effectivement délictueuses, ont provoquées.

Son salaire actuel et mensuel étant de 3200 $, il lui faudra bosser pendant 177 000 ans. Bien évidemment, l'extravagance de la sanction a été soulignée autant par son avocat, qui entend d'ailleurs porter la cause en appel, que par les observateurs, nombreux, de la scène financière. Car en exonérant la banque de toute responsabilité, le tribunal se trouve à faire fi de l'enquête comme du rapport composé par la Commission bancaire.

Or dans son exposé rendu public bien avant la communication du verdict, cet organisme souligne: «[...] la hiérarchie du trader [courtier] n'a pas effectué les diligences nécessaires qui auraient consisté à exploiter les états existants [...] et qui auraient pu lui permettre d'identifier la véritable nature de l'activité du trader. [...] Ses résultats se sont accompagnés par l'apparition de pratiques non autorisées. [...] Il ressort de l'instruction que de graves défaillances ont eu lieu dans le suivi et le contrôle de premier niveau hiérarchique.»

Tous ces constats, ces faits avérés, ont donc été écartés par le tribunal.Heureusement, par un de ces télescopages dont l'histoire a parfois le secret, une pierre vient tout juste d'être posée dans le jardin de la Société générale. De quoi s'agit-il? Patron de Boursorama, filiale de la SG, Hugues Le Bret vient de démissionner. Avant d'occuper ce poste, il était directeur de la communication de la SG au moment où les agissements de Kerviel furent découverts.

Son départ, Le Bret le justifie en avançant que «ma présence [au sein du groupe SG] est incompatible avec ma liberté de parole». Cette liberté de parole, cet ex-cadre entend la mettre au profit de la défense du livre qu'il a consacré à cette affaire et qui paraîtra sous peu. Dans son ouvrage, Le Bret met en relief, lui également, «certaines défaillances dans la sécurité informatique de la banque.»

En attendant une suite qui s'annonce longue dans le temps, le jugement d'hier a tellement surpris qu'il a entraîné un nombre si imposant de réactions sur Internet que des agences de presse ont décidé de le traiter comme un phénomène à part entière. Parmi ces réactions, l'une suggère à Kerviel de marier soit Liliane Bettencourt, soit Mark Zuckerberg, fondateur de Facebook, ou de reprendre... son ancien emploi à la SG.


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