Campagne électorale

L'adversaire du Bloc aura deux têtes

Élection fédérale 2009

Guillaume Bourgault-Côté - Québec -- L'adversaire désigné du Bloc québécois pour la prochaine campagne fédérale sera bicéphale: la publicité nationale lancée hier colle côte à côte Michael Ignatieff à Stephen Harper, les deux hommes présentant «la même vision restrictive de la nation québécoise», selon le chef Gilles Duceppe.
La campagne de publicité dévoilée en après-midi lors du caucus pré-sessionnel des députés du Bloc martèle ainsi le message voulant que Michael Ignatieff ou Stephen Harper, c'est blanc bonnet et bonnet blanc. Du pareil au même, malgré les apparences.
La salve sous-entend qu'un vote pour Ignatieff -- qui présente l'attrait de la nouveauté -- ne serait pas mieux qu'un vote pour Harper pour les Québécois.
«Deux partis, un regard»: c'est ce qu'indique en lettres bleu et rouge la publicité photo. Le texte ajoute que MM. Harper et Ignatieff ont la «même façon de voter en Chambre», ce qui donne «les mêmes résultats pour la langue, la culture, les travailleurs, l'environnement». La finale suggère que «seul le Bloc se lève pour défendre les intérêts du Québec».
La trame de fond de l'affiche qui sera placardée au bord des routes et publiée dans les quotidiens présente une moitié du visage de chaque politicien, photographié en noir et blanc.
Si la publicité cible très clairement les deux leaders des grands partis nationaux, si elle use du contraste couleur-noir et blanc, elle n'en est rien négative ou le reflet d'attaques personnelles, s'est défendu Gilles Duceppe. Il s'agit plutôt selon lui d'une campagne «basée sur des faits».
«C'est une publicité qui porte sur les idées des deux chefs [...], qui reprend des positions adoptées en Chambre», a-t-il indiqué lors d'un point de presse.
Le chef bloquiste en a profité pour railler le slogan libéral -- contenu dans des publicités dévoilées cette fin de semaine -- en soulignant qu'il est vrai que le Québec «mérite mieux» que Stephen Harper... mais que ce «mieux» n'est certainement pas libéral.
«En réalité, M. Ignatieff a les mêmes positions que M. Harper sur tout ce qui est essentiel pour le Québec», a lancé M. Duceppe. Reprenant des attaques formulées la semaine dernière, il a mentionné les «milliards pour l'industrie automobile en Ontario, contre les miettes pour la forêt au Québec. Les deux défendent les intérêts pétroliers, les deux sont opposés à la loi 101, les deux s'entendent pour enlever des pouvoirs au Québec en déplaçant la commission des valeurs mobilières vers Toronto.»
Prêts à partir
La publicité dévoilée hier marque donc le début officiel de la précampagne électorale du Bloc. Car Gilles Duceppe n'en doute plus: il y aura des élections cet automne. «C'est l'analyse à laquelle j'en arrive», a-t-il dit.
Selon M. Duceppe, Michael Ignatieff ne «peut plus reculer», alors que Stephen Harper n'est «pas un homme de consensus», ce qui laisse peu de chances pour que la session parlementaire dure plus que quelques jours après la reprise des travaux, la semaine prochaine.
Un premier vote de confiance pourrait avoir lieu dès la rentrée. Les conservateurs veulent faire adopter le crédit d'impôt pour la rénovation domiciliaire.
Si ce vote ne concerne que ce crédit, le Bloc l'appuiera, a confirmé Gilles Duceppe en fin de journée. Mais si la motion de voies et moyens déposée par le gouvernement comprend plusieurs autres mesures du dernier budget qui n'ont pas encore été approuvées, il est probable que le gouvernement tombe aussitôt -- à moins que le NPD appuie les conservateurs. Un scrutin pourrait donc avoir lieu le 26 octobre.
Interrogé sur le fait que le Bloc pourrait ou non appuyer les changements annoncés à l'assurance-emploi, M. Duceppe a indiqué qu'il faudra attendre de voir ce à quoi le ministre du Revenu, Jean-Pierre Blackburn, fait référence. Mais il a pris soin d'ajouter que M. Blackburn «ment effrontément» dans ce dossier.
La journée de caucus d'hier a donc servi à préparer les députés à cette nouvelle campagne, la quatrième en cinq ans. Selon le chef du Bloc, le parti est prêt. Sur 75 circonscriptions, 67 candidats ont été choisis, a-t-il indiqué. Et sur le plan financier, «on sera prêts avec tous les moyens requis pour faire une élection avec le maximum des dépenses allouées, et sans dette».
Chose certaine, le Bloc entamera la campagne avec des sondages favorables. Hier matin, une enquête Strategic Counsel réalisée pour CTV et le Globe and Mail accordait ainsi 49 % des intentions de vote des Québécois au Bloc.
Le sondage crédite les libéraux d'un appui de 23 %, devant les conservateurs (16 %), les Verts (7 %) et le NPD (6 %). Il faut toutefois faire attention: la marge d'erreur est élevée, 6,3 % au Québec, pour un échantillon de moins de 250 personnes.
Plus précise, l'enquête Léger Marketing dévoilée dans Le Devoir vendredi fait pour sa part état d'un appui de 35 %, un niveau stable déjà enregistré par la firme en juin, contre 30 % pour les libéraux (une baisse de 5 %) et 16 % pour le Parti conservateur et le NPD. Gilles Duceppe demeure aussi le chef qui inspire le plus confiance aux Québécois (32 %).
À la dernière élection, le Bloc a obtenu au Québec 49 sièges, le PLC 14, le PCC 10 et le NPD 1.


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