La fin du Canada de Trudeau (suite)

Justin n'est pas seul à se désoler du Canada de Harper

En toutes circonstances, il faut se demander en quoi cela sert la cause.

Chronique de Jean-Claude Pomerleau

Quand Justin Trudeau se désole à se point du Canada de Harper qu'il exprime publiquement qu'il serait prêt à appuyer la souveraineté du Québec, c'est dire la transformation extrême qu'a connu ce pays.
Voici sa fameuse déclaration à l'émission Dessine-moi un dimanche :
"...et je dis toujours si, un moment donné, je croyais que le Canada, c’était vraiment le Canada de Stephen Harper, puis qu’on s’en allait contre l’avortement, puis qu’on s’en allait contre le mariage gai, puis qu’on retourne en arrière de dix milles différentes façons, peut-être que je songerais à vouloir faire du Québec, un pays. Oh oui. Absolument. Si je ne reconnais plus le Canada, moi, mes valeurs, je les connais très bien.»
Justin Trudeau n'est pas le seul à se désoler du Canada de Harper. Plusieurs analystes fédéralistes donnent aussi dans le désarroi sur le plus meilleur pays du monde suite à l'élection du 2 mai :
Patrick Lagacé :
Dans son blogue (21 décembre 2011). Il reprend les grandes lignes d'une chronique de Heather Mallick du Toronto Star, parue dans le Guardian de Londres, où elle affirme ne plus reconnaître son Canada natal.
...
Vincent Marissal (Cyberpresse, 21 décembre, 2011) :
M. Harper, il est moche, votre Canada
(...)
Mais dans quel pays vivent les conservateurs, au juste ?
(...)
J'ai du mal à croire que les électeurs se reconnaîtront encore longtemps dans un gouvernement qui joue les Shérif, fais-moi peur, qui piétine les institutions, qui méprise les tribunaux et les francophones, qui déchiquette Kyoto, qui placarde le portrait de la reine partout, qui organise des défilés militaires devant le parlement, qui insiste pour acheter des avions inadéquats et coûteux et qui abuse des campagnes négatives. (On croirait lire un chroniqueur de Vigile)
...
André Pratte (Cyberpresse, 28 décembre, 2011) :
La promesse du 2 mai
(...)
Avec quelques décennies de recul, les historiens considéreront peut-être les élections du 2 mai 2011 comme l'un des scrutins les plus importants de l'histoire canadienne
(...)
Tout exercice de compression des dépenses publiques soulève la controverse. Mais celle-ci sera plus vive, et plus néfaste pour l'unité du pays, si les institutions touchées et les programmes sacrifiés l'ont été pour des raisons idéologiques plutôt qu'à la suite d'un examen rigoureux.
....
Ajoutons, Lysiane Gagnon (the Globe and Mail) ;
et Chantal Hébert (Le Devoir)
,qui cherchent leurs mots pour s'accrocher, malgré leurs espoirs dérisoire, à un Canada définitivement révolue.
Comment expliquer que suite au 2 mai, et l'effondrement apparent du mouvement souverainiste, ces propagandistes du fédéraliste "triomphant" aient tant l'esprit chagrin ? C'est peut être qu'ils sentent sans se l'expliquer que le Canada est entré dans un processus irréversible de dislocation.
...
Dans un texte publié en 2009 sur Vigile, j'expliquais du point de vue géopolitique, comment nous sommes arrivés à la fin du Canada de Trudeau. Une doctrine politique qui a dominé le paysage depuis J. A. Macdonald, et qui s’est éteinte en pleine campagne électorale en 2008 ; sans qu'aucun observateur ne s'en formalise.
Dans un texte à venir je vais démontrer que le 2 mai était le deuxième temps fort géopolitique de la dislocation irréversible du Canada. J’exposerai aussi quelle est la nouvelle doctrine politique de ce pays en pleine métamorphose. Et finalement, j’expliquerai en quoi cela représente à la fois, une fatalité et une chance historique, pour le Québec.


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11 commentaires

  • Stéphane Sauvé Répondre

    18 février 2012

    Monsieur Pomerleau,
    Je vous le dit et je vous le répète, Harper est en train d'acccélérer l'intégration nord-américaine. Le Canada tel que nous le connaissons n'existera plus. Ce seront des Blocs de coopération dont le Québec sera l'une des entités. Marois, Bouchard, et la clique est en faveur d'une telle initiative. Desmarais compris.
    Harper participait à des rencontres privées du Bilderberger group avant même qu'il soit chef de l'opposition officielle. Ca en dit long, très long sur l'agenda des corporatistes et le rôle de Harper sur l'échiquier.
    Pour vous donner une idée de ce qui se cache derrière les politiques de Harper, lisez ci-après ce qu'il disait en 1994 lors de l'une de ses discours à ses émules:
    “Whether Canada ends up as one national government or two national governments or several national governments, or some other kind of arrangement is, quite frankly, secondary in my opinion … And whether Canada ends up with one national government or two governments or ten governments, the Canadian people will require less government no matter what the constitutional status or arrangement of any future country may be.”
    Discours au "Colin Brown Memorial Dinner, National Citizens Coalition" en 1994)
    ______
    Deux citations qui méritent notre attention:
    C'est le siècle de l'apparence. Paraître ou ne pas être, telle est la question. » Patrick Sébastien
    « Les apparences plus que les réalités gouvernent le monde ; il est donc aussi important de connaître les choses en apparence que de les connaître réellement. Daniel Webster

  • Jean-François-le-Québécois Répondre

    16 février 2012

    Je suggère de ne pas prêter à Justin Trudeau des intentions de manipulations de l'opinion publique québécoise, trop subtilement machiavéliques... Je crois que cela excèderait le potentiel intellectuel de l'individu en question.
    Et puis, Justin ne reconnaît plus le Canada auquel tenait tant son père; d'un point de vue souverainiste, je dirais: et alors, Justin? POur nous, un Canada qui nous soit hostile, ou un autre...
    Je ne deviendrai pas fédéraliste, pour ma part, simplement si Harper perdait ses prochaines élections, et que l'influence de ce gouvernement réactionnaire sur le Canada, diminuait!

  • Archives de Vigile Répondre

    16 février 2012

    Bonjour Jean-Claude,
    Personnellement je crois que cette déclaration de « Juste un trou d’eau » n’était que poudre aux yeux. Ce personnage, qui n’a manifestement pas l’envergure de son père, tente de se donner une image controversée (rappelons-nous son « fucking peice of shit »). De plus, je crois qu’il tente ainsi de se distinguer des conservateurs et de faire parler de lui. Aurait-il en la chefferie du PLC en tête? Fort à parier que oui.
    Cela dit, je suis d’accord avec vous, le cadenas de PET est bel et bien révolu.
    Espérons que les politiques rigides, promonarchiques, très très à droite du PCC, convaincront certains indécis et quelques fédéralistes mous de prendre le parti de l’indépendance du Québec.
    Julien Bonnier

  • Jean-Jacques Nantel Répondre

    15 février 2012

    Si la plupart des fédéralistes déçus sont sincères, il ne faut jamais oublier que Justin Trudeau ne l'est pas et qu'il ne fait que copier les recettes médiatiques éprouvées de son père. L'idée est essentiellement de faire parler de lui en créant l'événement de manière à ce que les représentants du Canada anglais se mettent en frais pour essayer de le ¨récupérer¨.
    Quant au gouvernement conservateur de Harper, n'oublions jamais que le seul parti susceptible de le remplacer est le parti libéral, possiblement avec Justin à sa tête...
    Jean-Jacques Nantel, ing.

  • Marcel Haché Répondre

    15 février 2012

    La déclaration de J. Trudeau confirme une seule chose : le P.L.C. est un parti fini que le rejeton de P.E.T essaie de replacer uniquement sur l’axe gauche-droite. Le parti conservateur s’en va allègrement pour être pour très longtemps le nouveau « parti de gouvernement ». L’unique chance qu’il reste au P.L.C., c’est une fusion-union-coalition-transfusion avec son parti frère depuis toujours : le N.P.D.
    Mais ce n’est pas certain que ce serait la meilleure transfusion pour le N.P.D….
    Et puis, les « états d’âme » étalés sur la place publique, c’est souvent une façon de lever la main pour signifier sa présence en direction de la chefferie du parti. On a vu ça aussi, dernièrement, avec certains « états d’âme » péquistes.
    Si un jour il ne reste plus qu'un seul fédéraliste au Québec,il s'appellera Trudeau

  • Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre

    15 février 2012

    Voir le texte de Lisée sur "Le petit Trudeau"... ça parle du PET jeune!
    "Cité libre", l'appui aux grévistes de l'amiante, les 3 colombes, Pelletier Marchand Trudeau: ils nous ont bien eus en simulant un assaut sur Ottawa!...
    Oui, Cloutier a raison: notre grand stratège (tacticien?) JRMS qui clame toujours: "L'indépendance s'en vient" doit maintenant sonner l'appel aux troupes: les indignés, les éducatrices, les étudiants, les résistants du Centre Bell, les belliqueux de claviers de Vigile, les "Je me souviens du 15 février 1839"... ont la main sur la poignée de porte pour sortir crier à Trudeau: "Vive le Québec libre" et aller occuper les banques.

  • Archives de Vigile Répondre

    15 février 2012

    La chance historique elle est ici et maintenant. Pas dans la semaine des 4 jeudis comme la gouvernance provinciale déguisée en gouvernance souverainiste nous le promet.
    C'est maintenant que le PQ et les forces souverainistes doivent mettre une proposition concrète et emballante d'indépendance nationale sur la table. Pas dans la semaine des 4 jeudis.
    Et pas comme la nouvelle recrue du PQ Daniel Breton nous le dit : il faut d'abord assurer notre indépendance énergétique qui conduirait à l'indépendance économique qui conduirait à l'indépendance politique. Avant que cela se fasse, on le temps de mourir 3 fois.
    Clamer partout comme tu le fais qu'il faut d'abord se débarasser des affairistes est une aberration, comme si on était incapable de marcher et de mâcher de la gomme en même temps.
    C'est le temps d'attaquer et demandes par la même occasion à ton ami, le capitaine Sauvé, de sortir ses livres de stratégie militaire, car actuellement les péquistes dorment au gaz pas à peu près.
    Pierre Cloutier

  • Gaston Boivin Répondre

    15 février 2012

    À Justin qui se désole du Canada de Harper, je dirai que c'est le Canada de Trudeau et de son rejeton Chrétien qui a permis ce Canada de Harper, eux qui ont tant travaillé à livrer au Canada un Québec diminué et pour ainsi dire muselé et enchaîné, avec l'aide de la congrégation des saints fédéralistes et de leur brevière tordu, incluant Lysianne Gagnon et cie. Et aujourd'hui, tout ce beau monde vient nous verser des larmes de crocodile. Ah les naifs et les traites!

  • Jean-Pierre Plourde Répondre

    15 février 2012

    Justin a appris de son père à jouer sur plusieurs tableaux.
    Je ne crois absolument pas en la sincérité de la déclaration de Justin.
    Je pense que c'est une manoeuvre pour gagner des votes pour une prochaine élection, rien d'autre. Son père PET était spécialiste dans ce genre d'arnaques au point d'en "arracher sa chemise", vous vous souvenez certainement de l'expression.
    Jean Charest a surement pris des leçons de PET, il sait qu'on peut faire croire n'importe quoi au Québécois. On fait semblant de s'excuser et on recommence comme si de rien n'était, on nous fait ce coup depuis la conquête.
    Les Québécois sont considérés comme des écrasés qui n'oseront jamais se révolter. Il suffit de les intimider pour qu'ils entrent dans le rang.
    Je me méfie de Justin et ne crois pas une seconde dans sa sincérité.
    Jean-Pierre Plourde.
    http://saglacweb.blogspot.com

  • Jean-Claude Pomerleau Répondre

    15 février 2012

    La déclaration de Justin Trudeau a fait réagir le ROC. Ici dans The Globe and Mail, plus de 2000 commentaires, classés par ordre d’appréciations des lecteurs . Justin n'est pas seul à vouloir se séparer du Canada de Harper. Le schisme est évident :
    http://www.theglobeandmail.com/news/politics/ottawa-notebook/would-justin-trudeau-separate-from-stephen-harpers-canada-maybe/article2337672/comments/
    S'il y a eu un 2 mai pour les souverainistes, il y en aussi eu un pour la ROC. Le tout résultant du gambit des Habitants lors de la dernière élection. Qui aurait cru que le vote orange aurait un tel impact géopolitique. Ce pays n’échappera pas à ses convulsions.
    JCPomerleau

  • Laurent Desbois Répondre

    15 février 2012

    Justin Trudeau, mouvement séparatiste québécois - http://www.youtube.com/watch?v=cnGSMUDM0fk&feature=share
    Justin Trudeau, député libéral de Papineau, réfute des rumeurs qu'il appui le mouvement séparatiste québécois - le 14 février 2012.
    « Un Canada anti-intellectuel » ???
    http://voir.ca/josee-legault/2010/09/20/retour-sur-la-crise-doctobre-un-ouvrage-essentiel/#comment-25595
    Retour sur la Crise d'octobre: un ouvrage essentiel
    Josée Legault
    20 septembre 2010
    Bouthillier, Guy et Cloutier, Édouard
    Trudeau et ses mesures de guerre, Vus du Canada anglais
    ISBN : 9782894486832 2011 Éditeur : Septentrion
    http://www.septentrion.qc.ca/catalogue/Livre.asp?id=3483
    Il y a un peu plus de quarante ans, le 16 octobre 1970, au milieu de la nuit, le gouvernement de Pierre Elliott Trudeau imposait les mesures de guerre à la suite de l'enlèvement par le Front de libération du Québec (FLQ) de deux personnalités politiques. Par ce coup de force, la constitution et toutes les libertés civiles furent suspendues. Douze mille cinq cents soldats furent déployés au Québec, dont 7500 rien qu'à Montréal. Près de 500 personnes furent arrêtées sans mandat, sans accusation et sans avoir le droit de recourir à une assistance juridique. Plus de 10000 maisons furent fouillées sans autorisation.