Jean-Yves Le Gallou : « En Autriche, on assiste à la déstabilisation d’un homme politique identitaire par une opération de barbouzerie ! »

9546f7ec1968c6b6b1b0e9933c0d957e

Le jeune chancelier Kurz avait intérêt à saboter le FPÖ


Séisme en Autriche après la diffusion d’une vidéo compromettante datée de 2017 mettant en cause le leader du FPÖ, Heinz-Christian Strache, qui a dû démissionner, emportant avec lui, dans sa chute, le ministre de l’Intérieur et tous les autres ministres du FPÖ.


À quelques jours des élections européennes, c’est, pour Jean-Yves Le Gallou, une opération destinée à briser la montée des forces populistes en Europe. Explications au micro de Boulevard Voltaire.





Après la démission du chef du FPO et du limogeage du ministre de l’Intérieur, tous les membres du parti d’extrême droite FPO quittent le gouvernement de coalition.

Pouvez-vous nous rappeler les faits ?


Ce qui s’est passé est extrêmement grave. Il y a eu un coup monté, une opération barbouzarde montée contre monsieur Strache. C’est à l’image de ce que faisait le KGB à la belle époque du communisme. Cette opération a été montée à Ibiza par on ne sait qui. C’est d’ailleurs précisément le problème.

La seule chose dont on est certain, c’est que ce ne sont pas les Russes, même si une jeune femme russe était présente dans l’opération. Est-ce les services spéciaux allemands ? Est-ce les services spéciaux turcs ? Est-ce l’État profond américain ? Je ne sais pas et on ne sait pas !

On assiste à la déstabilisation d’un homme politique identitaire. Il a dû avoir une faiblesse à un moment donné, du fait d’une barbouzerie et cela a été relayée très rapidement par tous les médias du système. Certains médias connaissaient l’information plusieurs mois à l’avance, mais ils ont attendu le feu vert pour sortir l’opération aux yeux du monde. Le feu vert arrive à une semaine des élections européennes dans l’espoir de briser la montée des forces populistes et identitaires au prochain parlement européen.


C’est la fin de la coalition pour le jeune chancelier, Sebastian Kurz. Aurait-il pu avoir un intérêt à voir cette collaboration se terminer ?


Il y a déjà eu une coalition entre les chrétiens-démocrates et le FPO en Autriche au cours des années 2000 à 2002. Le chancelier de l’époque avait mis fin à la coalition sans manœuvres particulières. Aujourd’hui, le FPO est encore plus puissant. Il pouvait y avoir un intérêt à cette opération. Je pense que le chancelier Kurz a subi de terribles pressions.

Une chose est d’ailleurs assez suspecte. Quelques mois auparavant, ses élus au parlement européen avaient participé à un vote de sanction contre monsieur Orban, alors que théoriquement, ils défendaient les mêmes positions sur la politique migratoire.

Je crois que monsieur Kurz est récupéré par le système. Toute coalition entre la droite classique et les milieux nationaux et identitaires a tendance à être détruite par le système.

On se souvient que monsieur Millon avait été détruit lorsqu’il avait fait une alliance avec le Front national au conseil régional Rhône Alpes.


À quelques jours des Européennes, cela rappelle que le PPE et le camp identitaire et national sont vraiment deux entités distinctes qui s’affrontent et qui n’ont pas du tout la même vision, le même programme et les mêmes racines…


Il peut parfois y avoir des convergences dans les paroles de monsieur Bellamy et dans celles de monsieur Bardella. Une fois qu’ils seront au parlement européen, j’espère que monsieur Bardella défendra les points de vue identitaire et de lutte contre l’immigration.

Monsieur Bellamy aura beaucoup de mal à le faire. Le groupe PPE gouverne l’Europe en alliance avec les socialistes et avec le groupe des libéraux dans lequel siégera madame Loiseau.

Des gens s’opposent à quelques jours des élections européennes, mais dès l’élection passée, ils voteront ensemble. Cela prendra un peu de temps puisque le parlement européen se mettra en place à partir du 21 juillet. Par conséquent, il faudra sûrement attendre la fin du mois de juillet pour voir que certaines personnes se sont affrontées pendant la campagne électorale, mais voteront exactement la même chose une fois qu’ils se retrouveront dans l’enceinte du parlement européen à Strasbourg ou à Bruxelles. Je pense, notamment à monsieur Bellamy ou à madame Loiseau.