Italie : Matteo Salvini réagit à la nouvelle coalition et lance un appel à manifester à Rome

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La difficile alliance entre sociaux-démocrates et M5S facilitera le retour de Salvini


L'ancien ministre de l'Intérieur a vertement critiqué l'annonce de la nouvelle coalition gouvernementale entre le M5S et le Parti démocrate. Il a raillé un gouvernement «uniquement fondé sur les fauteuils ministériels» et appelé à la mobilisation.


Alors que la crise politique que connait l’Italie depuis début du mois d’août est en passe d’être – au moins temporairement – résolue, avec la reconduction de Guiseppe Conte à son poste de chef du gouvernement et la formation attendue d’un gouvernement de coalition entre le Mouvement 5 étoiles (M5S) de Luigi Di Maio et le Parti démocrate (PD) dirigé par Nicolas Zingaretti, Matteo Salvini a fait montre de son agacement quant à la manœuvre de son ancien allié.



Vous ne vous libérerez pas de moi avec un petit jeu de palais, je ne lâche pas le morceau



Dans une vidéo publiée sur son compte Facebook le 29 août, le natif de Milan a fustigé le comportement du M5S qui selon lui ne chercherait qu’à s'assurer des «sièges» alors que la Ligue ferait passer «les Italiens d’abord». «Ils ne pourront pas échapper au vote sans fin : je suis prêt et déterminé comme jamais auparavant, je compte sur vous», a ajouté l'enfant terrible de la politique italienne.


Le leader de la Ligue a aussi raillé «un gouvernement riquiqui uniquement fondé sur les fauteuils ministériels», lui promettant une fin prochaine. Pour celui qui est également sénateur, cette coalition a été décidée «à Bruxelles pour se débarrasser du casse-couilles Salvini». L’ancien député européen a par ailleurs prévenu contre toute tentative d’abolition du «Décret sécurité», son texte de loi portant sur l’immigration clandestine, estimant que cela ferait «du tort aux italien». «Quelqu'un veut-il faire repartir le business de l'immigration clandestine ?», a ainsi interrogé il Capitano.


«Nous devrons attendre six mois ou un an pour l'emporter ? Nous ne sommes pas pressés», avait quant à lui lancé Matteo Salvini le 28 août, assurant qu'un retour aux urnes était inévitable. Il a d'ailleurs appelé dans sa vidéo à des manifestations dans les prochaines semaines dont le point d'orgue sera un rassemblement prévu à Rome le 19 octobre pour «une grande journée de la fierté italienne», prévenant : «Vous ne vous libérerez pas de moi avec un petit jeu de palais, je ne lâche pas le morceau.»


Casse-tête à venir pour Giuseppe Conte


Après l'annonce la veille du maintien du président du Conseil sortant à son poste, l'heure est désormais à la répartition des portefeuilles ministériels. Un exercice qui s'annonce périlleux. Car cette nouvelle coalition devra également être confirmée sur la plateforme Rousseau, le site de «démocratie directe» du M5S.


 

Un scrutin qui s'avère donc incertain, Rousseau étant souvent contestée pour son manque de transparence et de représentativité, ne rassemblant que 100 000 inscrits parmi les 10 millions de voix obtenues lors des dernières élections générales en 2018


Autre inconnue : le sort réservé au vice-président du Conseil sortant. Luigi Di Maio apparaît en effet en difficulté après quasiment 15 mois d'une coalition dans laquelle il aura eu du mal à exister face à Matteo Salvini, qui a notamment inversé le rapport de force avec le M5S lors des élections européennes. Quid également du projet de liaison ferroviaire entre Lyon et Turin – auquel s'oppose historiquement le M5S – et qui a participé à faire échouer à maintenir l'unité gouvernementale ?


Si le patron de la Ligue semble désormais isolé institutionnellement sur le plan intérieur, il a en revanche reçu le soutien du Premier ministre hongrois Viktor Orban. Dans une lettre publiée par l'agence de presse hongroise gouvernementale MTI, le président du Fidesz a félicité un «camarade» qui combattait pour «la préservation du patrimoine chrétien européen et contre les migrations». «Nous, Hongrois, n'oublierons jamais que vous avez été le tout premier dirigeant d'Europe occidentale à mettre un terme à l'afflux d'immigrants clandestins en Europe via la Méditerranée», a-t-il ajouté.


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