Indépendance : légitime défense au lieu de référendum

Tribune libre

Depuis la remontée du PQ dans les sondages récents, l’idée de l’indépendance du Québec refait surface de plus en plus surtout dans les médias et chez les amateurs de politique. Évidemment, et cela va de soi, le moyen pour parvenir à cette indépendance devient une conséquence nécessaire de cette idée.


Pour la grande majorité des indépendantistes traditionnels le moyen qui vient vite à l’esprit est le référendum même s’il rappelle des souvenirs douloureux, des débats acrimonieux et des procédés douteux. Pour ceux qui ont suivi de près l’actualité politique des dernières années et l’évolution du Canada, une occasion en or et tout à fait exceptionnelle s’est présentée et cela consiste en l’élaboration d’une pratique d’immigration massive.


À ma connaissance, très peu de gens ont établi un rapport entre la politique d’immigration massive et la légitime défense. La légitime défense est surtout connue en droit pénal et en droit naturel même chez les peuplades les plus primitives; elle permet à quiconque menacé de mort ou dans l’intégrité de sa personne de prendre tous les moyens nécessaires y compris la mort pour éliminer le danger sans avoir à demander de permission à qui que ce soit.


Même la charte de l’organisation des Nations-Unies reconnait l’existence de la légitime défense et permet à une nation attaquée par des forces armées d’y recourir au lieu d’invoquer la procédure prévue à la charte pour régler les différends armés. Certains pays ont tenté d’étendre la notion de légitime défense à des conflits d’ordre politique, idéologique ou économique; l’ONU, pour l’instant, a refusé cette extension et l’a limitée aux conflits armés mais il y a lieu de penser que dans l’avenir et avec l’insistance des nations aux prises avec des conflits autres qu’armés dans un monde de plus en plus complexe et technologique que l’ONU élargira la notion de légitime défense.


Ainsi, après l’élection d’un gouvernement indépendantiste, au lieu de tenir un référendum à résultat imprévisible et non reconnu par Ottawa, le Québec par son assemblée nationale sera en mesure de décréter la rupture de son appartenance au Canada en vertu de son droit à la légitime défense et d’éliminer la menace canadienne d’immigration massive conduisant au génocide linguistique et culturel de sa nation.



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1 commentaire

  • François Champoux Répondre

    19 avril 2024

    Bonjour M. Rolland,


    Oh là là! M. Rolland; quel argumentaire délicat!


    Je vous concède que par réflexe trivial et tribal, la légitime défense a fait son chemin dans le droit; j’ai même subi à plusieurs reprises ce réflexe de la peur qui consiste à éliminer celle ou celui qui est perçu comme dangereux : chez Desjardins, on élimine les membres qui auraient une conduite malsaine : les règlements de régie interne 4.6 et 4.7 ont été instaurés à cette fin par Monique F. Leroux en 2010. Depuis cette date, je fus exclu des Caisses où j’étais membre souvent depuis des décennies! Ma faute : avoir été un coopérateur et un démocrate. Ma 7e  exclusion a été prononcée ce 28 mars dernier (2024) par la Caisse d’économie solidaire Desjardins pour avoir voulu présenter aux sociétaires, 3 propositions lors de l’assemblée générale des membres du 18 avril 2024.


    La perception est souvent, très souvent mal conseillère. Mais je vous concède qu’avec un regard plus pointu, la perception des choses (une juste observation bien faite de faits réels) peut devenir une rationalité, la rationalité à mieux conjuguer. Quand on craint la disparition, il y a risque de tuer l’autre pour des peccadilles. On le voit avec la loi 21 où le simple port de signes religieux ostentatoires au Québec est devenu dans la perception des gens un danger d’endoctrinement! 


    Dans les lois du travail, on ne lésine pas avec un congédiment: ça prend des fautes graves pour le justifier.


    N’est-ce pas un recul historique grave et dangereux où les gens différents d’un «nous» (par exemple, les juifs identifiés par une étoile de David) deviennent une raison de «légitime défense»?


    Personnellement, je crains cette idée simpliste de légitimer la disparition des différents de nous, la disparition du danger où celui-ci n’est qu’apparence de danger. Car la paix de la nation me semble plus importante que faire la guerre pour se sauver.


    Non, il n’est pas facile de se placer au-dessus de la bêtise humaine…