Hong Kong: la police tire des gaz lacrymogènes sur les manifestants

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Pékin ne se laissera pas démonter par quelques manifestants occidentalisés

La police anti-émeutes de Hong Kong a tiré samedi soir des grenades lacrymogènes contre les manifestants pro-démocratie, à nouveau descendus par milliers dans les rues en signe de défiance à l'égard de la Chine, qui multiplie pourtant les avertissements pour mettre fin à cette grave crise.



La police a lancé plusieurs salves de gaz lacrymogène devant un commissariat de police dans le quartier touristique de Tsim Sha Tsui, repoussant les manifestants dans des rues habituellement fréquentées par les badauds et touristes, selon des journalistes de l'AFP sur place.




Dans la journée, des centaines de manifestants masqués avaient érigé des barricades improvisées pour bloquer plusieurs rues dans cette zone commerciale et touristique située près du port.


La police a demandé aux manifestants de « cesser à actes illégaux » et au public d'éviter cette partie du territoire.


 




Pékin et les autorités locales ont haussé le ton cette semaine, en procédant à des dizaines d'arrestations. Et l'armée chinoise a annoncé qu'elle serait prête à réprimer les troubles « intolérables » si on le lui demandait.


Mais les manifestants sont restés inflexibles et ont promis de tenir plusieurs rassemblements et manifestations tout au long du week-end et de la semaine prochaine.


Une foule impressionnante a déferlé dans les rues de la banlieue densément peuplée de Mongkok, déjà par le passé le théâtre d'affrontements entre la police et des manifestants. Ils entonnaient des slogans et appelaient les habitants à rejoindre la grève prévue lundi.




« Plus le gouvernement nous réprimera, et plus nous sortirons jusqu'à ce qu'il réponde à nos revendications », a déclaré à l'AFP un contestaire de 36 ans, Ah Kit.


La police avait dans un premier temps interdit la manifestation dans ce quartier, avant de l'autoriser après examen d'un recours.




Nombre de boutiques et de centres commerciaux gardaient portes closes.


De leur côté, des milliers de partisans du gouvernement se sont réunis samedi sur un autre site : beaucoup agitaient des drapeaux chinois et reprenaient des slogans en soutien à la police.




Dimanche, le mouvement de contestation a prévu deux nouvelles marches, l'une sur l'île de Hong Kong et l'autre dans le secteur de Tseung Kwan O. Et lundi, une grève générale, désormais soutenue par de multiples organisations et syndicats, est convoquée dans toute la ville, outre des rassemblements dans sept localités.


La mégapole du sud de la Chine, qui traverse sa plus grave crise politique depuis sa rétrocession en 1997 par Londres, a déjà connu huit week-ends consécutifs de manifestations massives, souvent suivies d'affrontements entre de petits groupes radicaux et les forces de l'ordre.


Montée des violences


La crise a démarré il y a deux mois, lorsque l'opposition s'est insurgée contre un projet de loi permettant les extraditions vers la Chine continentale. Le texte a été suspendu, mais le mouvement s'est élargi pour contester le recul des libertés dans l'ex-colonie britannique, et exiger des réformes démocratiques.


En vertu du principe « Un pays, deux systèmes » qui avait présidé à la rétrocession de Hong Kong, la ville jouit jusqu'en 2047 de libertés inconnues dans le reste du pays. Mais de plus en plus de voix s'inquiètent de voir Pékin bafouer cet accord.


Beaucoup citent l'incarcération en Chine de libraires hongkongais, la persécution de politiciens reconnus ou encore la mise sous écrou de leaders du mouvement pro-démocratie.


L'exaspération et l'inquiétude sont réelles chez les habitants de la place forte financière. La montée des violences de la part des manifestants jusqu'au-boutistes comme de la police rend cette crise imprévisible.


Les forces de l'ordre utilisent de manière répétée des balles en caoutchouc et des gaz lacrymogènes pour disperser la foule, qui fait de son côté usage de projectiles. Et 45 protestataires ont été hospitalisés après avoir été attaqués par des nervis progouvernementaux, soupçonnés d'appartenir aux triades (mafias locales).


« Tête de pont »


Les autorités ont annoncé l'arrestation jeudi soir de sept hommes et d'une femme accusés de possession d'explosifs.


La police intensifie ses actions : cette semaine, 44 manifestants ont été accusés d'être des émeutiers, un chef d'accusation pour lequel ils risquent jusqu'à dix ans de prison.


Les protestataires réclament la démission de la cheffe de l'exécutif, Carrie Lam, et une enquête indépendante sur la stratégie policière, l'amnistie des manifestants incarcérés, le retrait pur et simple du projet de loi et le droit de pouvoir élire leurs dirigeants.




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