Hexagone se met à l’abri de ses créanciers

Le groupe qui avait acheté les entreprises de Tony Accurso a démantelé l’empire

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Un fiasco Libéral

Créée il y a moins de trois ans, Hexagone vient de se placer sous la protection des tribunaux pour se mettre à l’abri de ses créanciers. Le groupe, qui rêvait de devenir un joueur majeur dans l’industrie de la construction en mettant la main sur l’empire de Tony Accurso, a vu ses ambitions s’effondrer. Après avoir vendu l’essentiel de ses actifs, le nombre des employés d’Hexagone est passé de 2500 à 11.

En toute discrétion, l’entreprise a annoncé la semaine dernière qu’en vertu de la Loi sur la faillite et l’insolvabilité, elle avait déposé en Cour supérieure des avis d’intention de faire une proposition à ses créanciers.

Pour expliquer sa position financière précaire, Hexagone a invoqué la difficulté pour elle d’obtenir le paiement de factures importantes pour des travaux effectués pour des « donneurs d’ouvrage du secteur public », sans toutefois dévoiler quels organismes rechignaient à payer ni les montants qui lui sont dus. En 2014, Hexagone se plaignait déjà du manque d’empressement des clients comme le ministère des Transports du Québec (MTQ) à payer leurs factures.

« La faillite n’est pas envisagée, a soutenu le Groupe Hexagone dans un courriel envoyé au Devoir. Le but ultime est d’accélérer la collection des comptes à recevoir [sic] et le paiement des sous-traitants et fournisseurs. »

L’addition des créances des trois filiales d’Hexagone totalise 147,2 millions et l’un des créanciers est une entreprise détenue par nul autre que Tony Accurso.

La liste des créanciers précise qu’Investissements Hexagone inc. doit 109,9 millions à ses créanciers, dont 18,2 millions à Simard-Beaudry Construction inc, de Laval (créancier garanti), une entreprise dont l’actionnaire majoritaire est Gestion Accuvest, une société de portefeuille qui est détenue par Tony Accurso.

Les créances du Groupe Hexagone S.E.C. atteignent près de 35,8 millions, incluant 4,3 millions à Simard-Beaudry Construction inc.

Quant à Location Hexagone inc., ses créances s’élèvent à près de 1,6 million, dont 1,5 million au fisc.

Les embûches

Lancée en grande pompe en avril 2013, la société Investissements Hexagone comptait redorer le blason des entreprises du « roi de la construction », Tony Accurco, écorchées par plusieurs scandales.

Rappelons que l’entrepreneur, qui a régné sur le domaine de la construction dans la région de Montréal pendant des années, fait face à des accusations de fraude dans trois dossiers distincts, ceux de Laval, Mascouche et l’Agence du revenu du Canada. Ses démêlés avec la justice avaient fait perdre à ses deux entreprises phares, en l’occurrence Simard-Beaudry et Constructions Louisbourg, le droit de soumissionner pour des contrats publics. En 2011, Tony Accurso a donc annoncé qu’il quittait le monde des affaires et que pour leur bien, il vendrait ses entreprises.

Soutenue financièrement par la société ontarienne Third Eye Capital, Investissements Hexagone a vu le jour il y a trois ans et a fait l’acquisition de cinq entreprises de l’empire Accurso, soit Louisbourg SBC, Gastier, Géodex, Ciments Lavallée et Houle H2O, pour 150 millions.

Dirigé par Joël Gauthier, ancien p.-d.g. déchu de l’Agence métropolitaine de transport (AMT), le nouveau groupe comptait au sein de son conseil d’administration Mario Bertrand, ex-chef de cabinet de Robert Bourassa, ainsi que Gaétan Frigon, ancien p.-d.g de la Société des alcools du Québec, et Yves Duhaime, ex-ministre péquiste.

Les dirigeants avaient alors expliqué que leur premier objectif était de réhabiliter les entreprises, en faire des modèles d’éthique et obtenir l’autorisation de pouvoir décrocher des contrats publics à nouveau.

La route fut toutefois parsemée d’embûches. Hexagone a dû attendre neuf mois avant d’obtenir l’autorisation de l’Autorité des marchés financiers (AMF) de décrocher des contrats publics, ce qui s’est traduit par des pertes importantes de revenus. « C’est là que les gros problèmes ont commencé », a indiqué une source.

Outre ces difficultés financières, le président et chef de direction, Joël Gauthier, fut contraint de quitter précipitamment son poste en 2014 dans la foulée d’une enquête de l’Unité permanente anticorruption (UPAC) menée sur lui. L’UPAC avait d’ailleurs découvert que Tony Accurso avait soutenu financièrement Joël Gauthier lorsqu’il avait fait l’acquisition d’une part de ses entreprises.
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