Par Nicolas Faure, animateur du média Sunrise ♦ Sur la question de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, j’assiste, totalement médusé, à un étalage impardonnable de mollesse de la part des candidats dits de droite. Éric Zemmour et Marine Le Pen – qui n’est d’ailleurs pas de droite, mais c’est un autre sujet – semblent sidérés par ce conflit et n’osent pas attaquer Emmanuel Macron ou se servir de cette guerre pour conforter leur discours. C’est une grave erreur.
Les causes de cette sidération
Lors de l’émission politique du lundi 14 mars dernier sur TF1, Marine Le Pen et Éric Zemmour ont été extrêmement tendres avec la manière dont Emmanuel Macron gérait cette crise ukrainienne. Aucune attaque, même légère.
Pourquoi ce manque de combativité ?
Pour deux raisons principalement à mon avis.
Premièrement, Éric Zemmour et Marine Le Pen craignent d’être assimilés à des soutiens, même indirects, de Vladimir Poutine.
Marine Le Pen avait par exemple rencontré Vladimir Poutine en 2017 et une banque russe avait fourni un prêt au Front National lors de la campagne présidentielle de 2014.
L’extrait de ce reportage est par exemple dévastateur pour la candidate du Rassemblement national.
Éric Zemmour avait lui aussi par le passé vanté la personnalité de Vladimir Poutine.
Aujourd’hui, alors que le président russe a déclenché une guerre contre l’Ukraine, ces proximités passées conduisent Marine Le Pen et Éric Zemmour à craindre d’apparaître comme des traitres.
Notons que des membres éminents des Républicains ou même Emmanuel Macron, ont eux aussi pu être très proches de Vladimir Poutine. Mais la Droite ayant perdu la bataille idéologique, intellectuelle et culturelle, ceux qui sont assimilés à cette famille politique doivent se justifier avec bien plus de vigueur que les autres.
Deuxièmement, il existe un réflexe de droite qui consiste à se ranger derrière le chef en place en temps de crise, d’autant plus s’il s’agit d’une guerre.
Les politiciens de droite mettent en avant l’unité nationale et l’intérêt du pays et s’effacent par loyauté. C’est une attitude qui peut être noble dans certaines situations, mais, alors que la France joue son destin, ce réflexe est un handicap majeur.
Cette sidération générale est d’autant plus coupable qu’il existe de sérieux angles d’attaques contre Emmanuel Macron ainsi que des opportunités idéologiques et politiques qu’il serait absurde de ne pas saisir.
Le bilan diplomatique désastreux d’Emmanuel Macron
Premier sujet sur lequel il est fondamental de mettre Emmanuel Macron face à ses contradictions : son bilan diplomatique hors crise ukrainienne.
La France a récemment été chassée du Mali et la vente des sous-marins à l’Australie ont été les derniers fiascos diplomatiques d’une longue suite de déconvenues en tous genres.
En 2018, voilà ce que Michel Geoffroy écrivait sur ce bilan :
« En effet, les relations internationales restent du domaine des rapports de force réels et non pas de la poudre de perlimpinpin des communicants. Or, pour le moment, vis-à-vis de l’Allemagne et du Conseil Européen, Emmanuel Macron n’a rien obtenu de particulier, sinon la poursuite des orientations actuelles.
Son atlantisme affiché n’a pas eu plus d’effet sur le Président Trump. Emmanuel Macron a été impuissant à faire revenir les Etats-Unis dans l’accord sur le climat, impuissant à empêcher leur retrait de l’accord sur le nucléaire, impuissant à empêcher l’effet des sanctions contre l’Iran sur les entreprises françaises.
Et son alignement sur les Etats-Unis en Syrie a démonétisé la France dans cette région, comme en témoigne le renvoi symbolique de sa Légion d’Honneur par le président Assad. Même si, bien sûr, Sarkozy et Hollande ont aussi leur part de responsabilité dans ce désastre. »
En décembre 2021, ce même Michel Geoffroy écrivait :
« Sur le plan diplomatique, qui est, faut-il le rappeler, le « domaine réservé » du président, le bilan est affligeant.
La France s’est rangée en tout dans le camp atlantiste et, en Europe, elle est devenue l’ombre portée de l’Allemagne, le petit caniche de Mme Merkel. Sans gagner grand-chose en échange, comme l’a rappelé la vente avortée de sous-marins à l’Australie, sinon des affronts à répétition.
Emmanuel Macron a beaucoup parlé mais les effets du verbe présidentiel ont été nuls à la différence du verbe gaullien. Ses initiatives n’ont débouché sur rien, comme, par exemple, au Liban.
En fait, la France est devenue la risée du monde de façon pire encore que sous François Hollande. Et même en Afrique, où des soldats français meurent on ne sait plus trop pourquoi désormais, la France est de plus en plus ouvertement conspuée, sinon chassée. »
Difficile de contredire ce constat terrible…
Le média Fr+ a publié une vidéo qui revient sur ce bilan désastreux.
Pour clore ce sujet, rappelons le rôle extrêmement trouble qu’Emmanuel Macron a joué dans l’affaire Alstom. S’il ne s’agit pas à proprement parler de diplomatie, comment faire confiance à Emmanuel Macron pour défendre l’intérêt du pays après avoir été mêlé à un tel scandale ?
On le voit, il est tout à fait possible d’attaquer le bilan diplomatique d’Emmanuel Macron. Et c’est d’autant plus vrai si on analyse sa gestion de la crise ukrainienne !
Le bilan médiocre d’Emmanuel Macron sur la guerre en Ukraine
Pendant des jours, Emmanuel Macron s’est vendu comme un médiateur avec Vladimir Poutine. Si l’on en croit les titres de presse, il a tenté de peser de tout son poids pour éviter la guerre… en vain !
Malgré ces tentatives répétées, Emmanuel Macron a échoué.
Ses supporteurs avaient pourtant cru voir une réussite dans un premier mouvement de recul des troupes russes à la frontière, produisant alors un visuel qui restera gravé dans les annales, symbole de cette vanité et de cette impudeur macroniste.
Ce costume d’artisan de la paix et de grand diplomate était décidément bien trop grand pour lui.
Mais cela n’a pas empêché Emmanuel Macron de continuer à jouer les cadors !
Il a ainsi multiplié les grandes déclarations sur un échange fort et constant avec Poutine… alors même qu’on apprenait que les négociations les plus avancées se dérouleraient sous l’égide du Premier ministre israélien !
Mais Emmanuel Macron, toute honte bue et sachant parfaitement que cette crise est une opportunité politique parfaite pour lui, continue à jouer au super diplomate. Sa campagne de communication, notamment photographique, donne presque la nausée.
Ces photographies d’un président au bord de la crise ou portant un sweat de commandos parachutistes sont méprisables.
Pendant ce temps, les chefs de gouvernement des pays voisins de l’Ukraine se retrouvaient à Kiev, sans communication déplacée, pour apporter leur soutien au peuple ukrainien. Loin, très loin, de l’odieuse campagne de communication politicienne d’Emmanuel Macron.
Tout cela devrait être dénoncé avec la plus grande vigueur par Éric Zemmour et Marine Le Pen.
D’autant que, au-delà de la critique d’Emmanuel Macron, il est possible de porter un discours complémentaire totalement positif. Il existe en effet un ensemble de valeurs de Droite qui ressurgissent avec cette guerre.
Le retour des valeurs de droite
La guerre en Ukraine, c’est le retour en grâce du patriotisme. Un gauchiste total comme Mathieu Kassovitz en vient même à adouber « l’ultra-nationalisme » !
Toutes les valeurs cosmopolites de la gauche sont balayées ! La défense de la patrie et la lutte pour l’identité des peuples sont de retour !
Voilà une formidable valeur de droite à porter en étendard lors de chaque débat politique sur la question ukrainienne !
De même, la nécessité de puissance revient en force ! L’Allemagne en vient même à augmenter drastiquement son budget militaire.
La volonté de puissance des peuples revient et il faut s’en féliciter.
Toutes les théories gauchistes sur la force et la virilité comme défauts sont balayées
C’est parce qu’il existe une puissance protectrice que les sociétés peuvent vivre en paix.
C’est tout le discours de droite qui est validé par cette situation !
Il faudrait être fou pour ne pas marteler cela autant que possible.
Enfin, cette crise aura démontré de manière éclatante ce que sont véritablement des réfugiés.
Ce sont de manière quasi exclusive des femmes, des enfants et des vieillards qui fuient avant tout dans les pays limitrophes. Les femmes qui le veulent et le peuvent ainsi que les hommes en âge de combattre restent au pays.
Après avoir vu cette réalité en Europe, il est désormais impossible de considérer que les jeunes hommes extra-européens qui arrivent en France ou en Europe après avoir traversé des dizaines de pays en paix sont des réfugiés. Ce sont des migrants économiques qui doivent tous être expulsés vers leur pays d’origine ou vers un pays sûr de leur continent.
Conclusion
Après avoir pris connaissance de ce que je viens de partager avec vous, il me semble impensable de continuer à épargner Emmanuel Macron.
Si la Droite veut avoir une chance dans cette élection présidentielle, ses candidats – et notamment Éric Zemmour, bien plus crédible que Marine Le Pen pour de nombreuses raisons (gestion désastreuse du RN, ligne politique, proximité avec la Russie, etc.) –, avec rigueur et fermeté, doivent attaquer frontalement Emmanuel Macron.
Nicolas Faure
16/03/2022