Greek crisis - Blogueur associé - Nouveau tour de vis prévu pour la société grecque, car tant draconiens qu'ont été les plans d'austérité imposés par la Troïka, ils n'ont pas suffi a éponger le déficit du pays. Sonia Mitralia, membre du Comité grec contre la dette, est citée par Panagiotis Grigoriou pour dénoncer « ce traitement de choc », dont le bilan est aujourd'hui « catastrophique, révoltant, et inhumain ». D'après elle, des mesures autres que la rigueur peuvent sortir la Grèce de son marasme économique. A commencer par l'annulation de sa dette publique. Nous voilà prisonniers du futur, encore ce week-end. Ils négocient, leur va-et-vient nous énerve, émissaires de la Troïka, détenteurs de titres et autres escrocs « nécrophiles ». Au gouvernement, ils paniquent semble-t-il. Au pays de Loukanikos, on ne fréquente pas impunément les loups. Les moutons et autres brebis galeuses grecques, ont réalisé que le nouveau loup est un ennemi qui anéantira jusqu'à ce qui nous reste de la mémoire collective. La Troïka veut des licenciements dans toute la fonction publique, y compris dans l'éducation, l'armée et même la police. Toute la presse se dit préoccupée. Le porte-parole du gouvernement Papadémien, Pantelis Kapsis, journaliste toujours autorisé selon sa carte professionnelle, faisait jeudi matin dans le discours funèbre, lors de l'interview accordée à la chaine Mega tv: «Faire baisser les salaires [dans les secteurs privé et public], ainsi que les retraites complémentaires (...) sont les seuls points épineux aux négociations avec la Troïka (…). Le gouvernement est devant un mur et le pays se trouve maintenant à deux doigts de la faillite officielle, donc c'est l'heure des décisions difficiles. Lorsque nous arriverons à l'accord final, cet accord sera très couteux et il engendrera de la douleur. »
L'accord semble assez prêt. A l'hebdomadaire Epikaira, les journalistes se disent informés de l'arrivée probable ce week-end à Athènes du patron du lobby bancaire européen (IIF) Charles Dallara et du représentant des créanciers, Jean Lemierre, conseiller de BNP Paribas, car les discussions sur la restructuration de la dette grecque paraissent aboutir. Nouvel accord, de l'argent frais pour les créanciers sous forme de prêt prétendument destiné à la Grèce et l'asservissement à la clef du coffre. Sans les bijoux. Sauf que les mesures frappant nos vies d'ostracisme gênent un peu le « gouvernement grec », en tout cas davantage que la mise à sac des richesses avérées et potentielles du pays. Prétexte ou alors une toute petite résistance de rien du tout, mais au moins sincère, qui sait ? Mystère. Le désaveu populaire Nous savons que nous avons face à nous des assassins économiques et ce Mémorandum II (en réalité le septième), arrive le barillet plein. Les demi-mesures se terminent, les bancocrates veulent en finir. La Grèce est un laboratoire du futur et ce futur a l'air bien pressé décidément. Toute l'Oeucumène le voit venir. D'où, sans doute, la sortie de la Russie officielle et sa discrétion diplomatique sur l'affaire grecque. Lors du forum « Russie 2012 », il y a deux jours, Vladimir Poutine a déclaré : « On a privé la Grèce de la possibilité de dévaluer sa monnaie nationale, car elle n'a ni monnaie nationale, ni le choix d'augmenter sa masse monétaire pour la même raison (…) La Grèce n'a pas vraiment reçu d'aide significative de l'étranger et ils existent en plus des restrictions d'ordre politique (…) Réduire violemment ses dépenses sociales amène objectivement de la souffrance à la population (…) C'est le gouvernement et le parti qui a gagné les élections qui sont les responsables». Inutile de dire que ce soutien implicite russe, a fait le tour des médias grecs, y compris de ceux qui soutiennent ou qu'ils soutenait le « Front Noir du Mémorandum », comme on nomme parfois ici les coalisés Papadémiens. Mais cela prouve également que la diplomatie russe a sans doute ses informations. Mais lesquelles finalement ? Et les manifestations reprennent tout doucement tandis que chaque jour, les politiciens subissent les insultes des citoyens, se font enfariner — comme récemment un ministre appartenant à l'extrême droite — ou encore se font traiter de tous les noms d'oiseau, comme Anna Diamantopoulou, la ministre de l'Éducation, dans les locaux même de son propre ministère et par ses propres agents, lors d'une cérémonie. Au même moment, les agents hospitaliers ont posé symboliquement un cercueil devant leur ministère. Donc tout est château branlant, la Troïka le sait aussi, soit par la presse, soit par ses espions, car elle en a placé paraît-il partout, dans l'administration. Nous sommes donc de plus en plus en plus nombreux à penser que la « proposition amicale » du directoire Merkelien sur l'installation en Grèce et de manière officielle d'un Gauleiter devrait comporter dans un deuxième temps, une forme également d'armée d'occupation qui lui serait annexe, une sorte d'euro-corps policier anti-émeute par exemple. Dans ce cas nul prophète ne peut prédire quelle sera la réaction de nos policiers et militaires, de certains d'entre eux au moins, ceux notamment appartenant à la génération des 700 euros mensuels, faisant face au chômage de leurs fiancées ou de leurs frères et soeurs. Déjà que les Anonymous, ou certains se réclamant d'eux, ont fait tomber le site internet du ministère de la Justice ce matin. Donc bien installés dans le... fauteuil de la crise, on finira par nous relever, sans la peur peut-être un jour. Si cela se réalise la peur changera alors de camp. Le PASOK (P.S. grec) vient de démentir ce soir, certaines informations ou rumeurs sur la dernière rencontre entre Venizelos et Georges Papandréou. Selon ces rumeurs, Papandréou aurait demandé une sorte de couverture et de soutien à Venizelos, au cas ou des problèmes avec la justice vont apparaitre, notons que ce dernier est également juriste. Mais en temps de guerre les rumeurs ont toujours un sens. « Un peuple européen menacé par une catastrophe humanitaire sans précédent en temps de paix… » Car sous la Troïka prolongée, les dirigeants imprudents prennent bien des risques. Pas d'utilisation prolongée sans verdict populaire. A leur opposé, nos concitoyens sages ne se laissent pas impressionner et poursuivent leur chemin jusqu'à se prononcer devant la Commission sociale de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe. Tel était le discours de Sonia Mitralia, membre du Comité grec contre la dette et du CADTM international le 24 janvier 2012 à Strasbourg sur le thème: « Crise humanitaire sans précèdent en Grèce ». «Presque deux ans après le début du traitement de choc imposé par la Banque centrale européenne, la Commission européenne et le Fonds monétaire international à la Grèce, son bilan est catastrophique, révoltant et inhumain. Tout d’abord, même les inspirateurs de ces politiques admettent maintenant ouvertement non seulement leur échec patent, mais aussi que leurs recettes étaient dès le début totalement erronées, irréalistes, inefficaces et même contre-productives. En voici une illustration qui concerne non pas une question secondaire, mais le cœur du problème : la dette publique grecque elle-même. Selon tous les responsables du désastre grec, si leurs politiques (d’austérité plus que draconienne) s’avéraient efficaces à 100%, ce qui est d’ailleurs totalement illusoire, la dette publique grecque serait ramenée en 2020 à 120% de PIB national, c’est-à-dire au taux qui était le sien … en 2009 quand tout ce jeu de massacre a commencé ! En somme, ce qu’ils nous disent maintenant cyniquement, c’est qu’ils ont détruit toute une société européenne… absolument pour rien ! (…) En réalité, des expressions telles que « austérité draconienne » sont absolument insuffisantes pour décrire ce qui est en train de se passer en Grèce. Les salaires et les retraites sont amputés de 50 % ou même, dans certains cas, de 70 %. La malnutrition fait des ravages parmi les enfants de l’école primaire, la faim fait son apparition surtout dans les grandes villes du pays dont le centre est désormais occupé par des dizaines des milliers des SDF misérables, affamés et en haillons. (...) L’Etat grec n’est toujours pas capable, en janvier 2012 !, de fournir aux élèves les livres de l’année scolaire commencée en septembre passé. Des dizaines de milliers de citoyens grecs handicapés, infirmes ou souffrants des maladies rares se voient condamnés à une mort certaine et à brève échéance après que l’Etat grec leur a coupé les subsides et les médicaments. Le nombre de tentatives de suicide s’accroît à une vitesse hallucinante, comme d’ailleurs celui des séropositifs et des toxicomanes abandonnés désormais à leur sort par les autorités (…). On pourrait continuer presque à l’infini cette description de la déchéance de la population grecque. Mais, même en se limitant à ce qu’on vient de dire, on constate qu’on se trouve devant une situation sociale qui correspond parfaitement à la définition de l’état de nécessité ou de danger reconnu depuis longtemps par le droit international. Et ce même droit international oblige expressément les États à donner la priorité à la satisfaction des besoins élémentaires de ses citoyens et non pas au remboursement de ses dettes. » Comme le souligne la Commission du droit international de l’ONU à propos de l’état de nécessité : " On ne peut attendre d’un État qu’il ferme ses écoles et ses universités et ses tribunaux, qu’il abandonne les services publics de telle sorte qu’il livre sa communauté au chaos et à l’anarchie simplement pour ainsi disposer de l’argent pour rembourser ses créanciers étrangers ou nationaux. Il y a des limites à ce qu’on peut raisonnablement attendre d’un État, de la même façon que pour un individu." Notre position, partagée par des millions de Grecs, est claire et nette et se résume au respect du droit international. Les Grecs ne doivent pas payer une dette qui n’est pas la leur pour plusieurs raisons. Primo, parce que l’ONU et les conventions internationales — signées par leur pays mais aussi par les pays de leurs créanciers — intiment à l'État grec de satisfaire en toute priorité non pas ses créanciers mais plutôt ses obligations envers ses nationaux et les étrangers qui se trouvent sous sa juridiction. Secundo, parce que cette dette publique grecque, ou au moins une part très importante, semble réunir tout les attributs d’une dette odieuse, et en tout cas illégitime, que le droit international intime de ne pas rembourser. C’est d’ailleurs pourquoi il faudrait tout faire non pas pour empêcher (comme l’Etat grec le fait maintenant) mais plutôt pour faciliter la tâche de la Campagne grecque pour l’audit citoyen de cette dette afin d’identifier sa part illégitime. Notre conclusion est catégorique: la tragédie grecque n’est ni fatale ni insoluble. La solution existe et la répudiation, l’annulation et le non paiement de la dette publique grecque en font partie en tant que premier pas dans la bonne direction. C’est-à-dire, vers le salut de tout un peuple européen menacé par une catastrophe humanitaire sans précédent en temps de paix…». Oui, c'est aussi Madame Mitralia un visage de notre sagesse. En grec, « sagesse » se dit Sophia (Sophie), mais elle est universelle. Et si le futur Président de la République Française s'engage à porter cette affaire devant le Conseil de Sécurité de l'ONU, amis français (et journalistes attentifs), souhaitez-vous poser cette question embarrassante à tous vos candidats ? Voilà ma proposition. (Proposition en somme ouverte, aux États-Unis aussi, il y a des candidats aux prochaines élections, sans ignorer les autres pays comme la Russie). Retrouvez Panagiotis Grigoriou sur son blog.
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