Fraude: 18 mois de prison pour l’ex-maire de Boisbriand

0889af07bc8d11c0af496804de1533ec

On est encore dans le menu fretin





L’ex-maire de Boisbriand, Robert Poirier, est devenu le premier des neuf maires arrêtés par l’Unité permanente anticorruption (UPAC) à écoper d’une peine d’emprisonnement ferme, vendredi, au palais de justice de Saint-Jérôme.


Le juge Normand Bonin l’a condamné à 18 mois d’incarcération pour fraude, complot et abus de confiance. La Couronne réclamait quant à elle une peine de 30 mois de pénitencier.


À l’issue de sa sentence, Robert Poirier devra ensuite respecter diverses conditions imposées dans le cadre d’une probation de trois ans. Le tribunal lui interdit notamment d’occuper «des fonctions de gouvernance municipale, provinciale ou fédérale» et d’entrer en contact «avec toute personne ayant des antécédents judiciaires en matière de fraude, d’abus de confiance ou de corruption de fonctionnaires».


Le projet d’enquête Fiche de l’UPAC avait établi que l’ex-maire Poirier avait été l’instigateur d’un système frauduleux d’octroi et de partage de contrats publics impliquant des firmes de génie-conseil et des entrepreneurs en construction, dès l’année 2000.


Puni plus sévèrement


Robert Poirier avait démissionné en 2005, mais le stratagème s’était poursuivi jusqu’en 2009, sous le règne de celle qui lui avait succédé à la mairie, Sylvie Berniquez St-Jean. Les deux anciens maires comptaient parmi sept personnes inculpées dans cette affaire.


Sylvie Berniquez St-Jean a plaidé coupable en acceptant de livrer aux autorités des déclarations incriminant ses complices. Elle avait obtenu de pouvoir purger sa peine de deux ans moins un jour de détention à domicile, plutôt que derrière les barreaux, à l’hiver 2014.


Robert Poirier avait été déclaré coupable au terme de son procès, en septembre 2015. Il y a deux jours, il a admis au juge Bonin qu’il avait «causé cette situation-là» et que «si c’était à refaire, c’est sûr que j’agirais différemment».


Son avocat avait demandé au magistrat d’imposer à son client une peine à purger dans la collectivité, comme en avait bénéficié l’ex-mairesse St-Jean.


Cette suggestion n’a pas été retenue par le juge Bonin en raison du degré de responsabilité de Robert Poirier, qui a non seulement profité de cadeaux (comme des billets pour des spectacles ou des matches de hockey) de «dizaines de milliers de dollars», mais le parti politique qu’il dirigeait a reçu de généreuses contributions à sa caisse électorale de la part des firmes favorisées.


Selon les enquêteurs, Poirier fut à l’origine de cette combine qui a favorisé les firmes Roche, BPR-Triax et Groupe Séguin, ainsi que l’entreprise Infrabec — alors gérée par Lino Zambito, devenu témoin vedette de la commission Charbonneau, et son père Giuseppe — qui avait décroché le contrat de 28 millions $ pour la nouvelle usine d’épuration des eaux de Boisbriand en 2007.


Six autres à juger


Depuis 2012, pas moins de neuf maires ont été accusés au criminel sous des allégations de manoeuvres frauduleuses à la suite d’enquêtes menées par l’UPAC.


Six d’entre eux sont toujours en attente de procès, dont Gilles Vaillancourt (Laval), Michael Applebaum (Montréal), Richard Marcotte (Mascouche) et Jean-Claude Gingras (L’Assomption).


Il en va de même pour l’ancien maire de Saint-Rémi, Michel Lavoie, qui a été appréhendé à trois reprises par l’UPAC en l’espace de deux ans et demi.


Le dernier en lice est François Roussy, l’ex-maire de Gaspé, visé par le plus récent coup de filet de l’UPAC qui a aussi conduit à la mise en accusation de l’ex-vice-première ministre Nathalie Normandeau, ainsi que l’ancien ministre libéral et vice-président au Développement des affaires de la firme Roche, Marc-Yvan Côté.


Gilles Pépin, qui fut maire de Saint-Constant de 2005 à 2013, est le seul à avoir été blanchi des accusations portées contre lui, la Couronne ayant elle-même réclamé l’arrêt des procédures en raison du manque de fiabilité d’un de ses témoins clés, l’an dernier.




 




Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé