François, un pape pas comme les autres

Tribune libre

Le pape François continue d’étonner, voire de provoquer, par ses déclarations fracassantes sur la société d’aujourd’hui. Cette fois-ci, il s’en prend au capitalisme financier qu’il qualifie de système économique de "l’exclusion" et de "nouvelle tyrannie invisible" tout en plaidant pour un "retour de l'économie et de la finance à une éthique en faveur de l'être humain", en appelant les dirigeants des grandes puissances mondiales à lutter contre la pauvreté et les inégalités engendrées par le capitalisme financier, et en rappelant la nécessité d’une solidarité sans condition entre riches et pauvres.
"Il n'est pas possible que le fait qu'une personne âgée réduite à vivre dans la rue, meure de froid ne soit pas une nouvelle, tandis que la baisse de deux points en Bourse en soit une… Tant que ne seront pas résolus radicalement les problèmes des pauvres, en renonçant à l'autonomie absolue des marchés et de la spéculation financière, et en attaquant les causes structurelles de la disparité sociale, les problèmes du monde ne seront pas résolus, ni en définitive aucun problème. La disparité sociale est la racine des maux de la société".
Extrait du document apostolique du pape François "Evangelii Gaudium" ("La Joie de l'Évangile")
Une exhortation apostolique qui en appelle à la "gratuité" et à la "solidarité" pour contrer le "capitalisme sauvage", dans le style chaleureux et simple du pape François, tranchant radicalement avec les écrits plus académiques et plus formels de ses prédécesseurs.
"Ici se vit une hospitalité ouverte, sans distinction de nationalité et de religion, selon l'enseignement de Jésus. Nous devons tous retrouver le sens du don, de la gratuité, de la solidarité. Un capitalisme sauvage a enseigné la logique du profit à tous prix, du don fait pour obtenir, de l'exploitation sans attention aux personnes. Et nous en voyons les résultats dans la crise que nous vivons !"
Le 21 mai 2013, au Vatican, en visite à la maison d'accueil tenue par les soeurs de Mère Térésa
Indépendamment du fait que je ne sois pas un "catholique pratiquant", force m’est de constater que François m’interpelle sur les valeurs profondes de justice entre les hommes qui m’ont été inculquées dès ma jeunesse et que j’ai toujours défendues. Aussi dois-je admettre que ce pape, au contraire de ses prédécesseurs, incarne une dynamique de renouveau bénéfique au sein de l’Église catholique.

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Henri Marineau2032 articles

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Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplôme de l’École Normale Supérieure en 1972. Cette année-là, il entre au Collège des Jésuites de Québec à titre de professeur de français et participe activement à la mise sur pied du Collège Saint-Charles-Garnier en 1984. Depuis lors, en plus de ses charges d’enseignement, M. Marineau occupe divers postes de responsabilités au sein de l’équipe du Collège Saint-Charles-Garnier entre autres, ceux de responsables des élèves, de directeur des services pédagogiques et de directeur général. Après une carrière de trente-et-un ans dans le monde de l’éducation, M. Marineau prend sa retraite en juin 2003. À partir de ce moment-là, il arpente la route des écritures qui le conduira sur des chemins aussi variés que la biographie, le roman, la satire, le théâtre, le conte, la poésie et la chronique. Pour en connaître davantage sur ses écrits, vous pouvez consulter son site personnel au www.henrimarineau.com





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7 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    30 novembre 2013

    Pour les ami(e)s de Vigile qui peuvent lire l'anglais, voici le lien de l'article en question sur le Washington Times.
    http://www.washingtontimes.com/news/2013/nov/26/obamas-call-close-holy-see-embassy-slap-face-catho/

  • Archives de Vigile Répondre

    30 novembre 2013

    Tout à fait d'accord avec vous M. Marineau !
    Ce Pape est différent de ses prédécesseurs et, effectivement, il n'hésite pas à critiquer durement le "capitalisme sauvage".
    Mais ces critiques acerbes du Pape concernant la haute finance internationale ne semblent pas avoir plu aux financiers de Wall Street et à l'administration Obama. Car, selon le Washington Times du 26 Novembre dernier, l'administration Obama aurait décidé de fermer l'ambassade des États-Unis près le Saint-Siège et de le transférer dans une section indépendante de l'ambassade des États-Unis en Italie.
    Selon James Nicholson, ancien ambassadeur des États-Unis au Vatican, c'est une énorme détérioration des relations États-Unis-Vatican et une gifle aux Catholiques américains et au Vatican.
    Je pense que le Pape François devra être très courageux car sa franchise dérange beaucoup de monde dans l'élite mondiale. Je crains beaucoup pour lui.
    Michel Riffon

  • Archives de Vigile Répondre

    29 novembre 2013

    Si la société civile appliquait le système économique christique qui est appliqué à l'intérieur de l'Église catholique comme chez les soeurs, les frères et les prêtres alors il n'y aurait pas ni de trop pauvres ni de trop riches et tous les êtres humains vivraient bien . Le système catholique est le seul qui peut fonctionner et ce système n'est pas capitaliste ni communiste mais est un socialisme civilisé christique catholique universel empêchant l'indigence honteuse des plus faibles et l'opulence arrogante des plus violents .
    MICHEL GUAY

  • Archives de Vigile Répondre

    29 novembre 2013

    Moi je suis un non croyant chrétien, en ce sens que je ne crois pas en Dieu ni ne croit que Jésus-Christ était Dieu ou un prophète, mais j'ai toujours aimé ce personnage, iconoclaste, vagabond et pacifiste. Contrairement à Mahomet et à Moïse, qui, s'ils vivaient aujourd'hui, seraient traduits devant le Tribunal pénal international, Jésus, lui recevrait le Prix Nobel de la Paix.
    C'était un hippie et il a dû sûrement fumer du pot ou du hash à quelque part dans sa vie, à moins qu'il ait été "stone" de façon naturelle.
    Ce n'est pas lui d'ailleurs, si mes souvenirs d'enfance catholique sont exacts, qui a chassé les "vendeurs du Temple"?
    Moi, si j'étais le Pape François, je fermerais le Vatican et j'enverrais tous les curés (hommes et femmes bien entendu) dans les quartiers pauvres et les bidonvilles.
    Ce qu'il y a de détestable dans l'Église catholique c'est la hiérarchie et ceux qui la supportent pour acheter des indulgences qui leur permettent de supporter moins lourdement l'injustice fondamentale de la mort et s'imaginer vivre éternellement en paradis.
    Moi, je n'ai rien contre les gens qui sont croyants, à la condition que leur croyance ne nuise pas à personne et qu'ils ne fassent pas de prosélytisme autrement que par l'exemple, la solidarité humaine et la compassion. Mais, pas besoin de croire en Dieu pour faire cela.
    Si le Pape revient à l'essentiel de ce qui était Jésus, l'homme, il est sur la bonne voie.
    Mais il ne faut surtout pas faire de Jésus un Dieu. Moi, je suis un chrétien athée. Notre Père, qui êtes aux cieux, restez-y et nous resterons sur la terre qui est quelque fois si jolie avec ses mystères de New-York et ses mystères de Paris qui valent bien celui de la Trinité etc. (Jacques Prévert).
    Pierre Cloutier

  • Archives de Vigile Répondre

    29 novembre 2013

    Heureux de voir que le chef de l'Église renoue avec son vrai devoir : se faire l'interprète et le continuateur des Évangiles. La laïcité athée a bien ses attraits, mais elle a le défaut de n'avoir pour ultime horizon que l'imperfection humaine. La chrétienté rejette les intérêts (l'usure), c'est déjà assez radical n'est-ce-pas ? Donc, le pape, pour être authentique, n'a pas le choix d'être révolutionnaire. S'il continue, il ne se fera pas que des amis.
    Le Monde : http://www.lemonde.fr/europe/article/2013/07/20/les-premiers-mois-de-jorge-bergoglio-changement-de-style-ou-vraie-revolution_3450438_3214.html
    «...le pape est attendu dans l'immense salle Paul-VI pour un concert de musique classique donné au Vatican, à l'occasion de "l'Année de la foi", devant plusieurs milliers de personnes. Son absence, à quelques minutes du début du spectacle, inquiète. François aurait-il eu un malaise ? (...)
    Son "excuse" sera plus cinglante que les communiqués habituellement fort diplomatiques du service de presse. "Je ne suis pas un prince de la Renaissance qui écoute de la musique au lieu de travailler", aurait lancé le pape, repris par le site italien Vatican Insider, généralement bien informé. En l'occurrence, son "travail" consistait à se chercher un nouveau secrétaire d'Etat – Tarcisio Bertone, numéro 2 de Benoît XVI, n'étant qu'en sursis – et à déminer de nouvelles révélations sur les dysfonctionnements de la "banque du pape", l'Institut des oeuvres de religion (IOR), compromise dans des affaires de blanchiment et de corruption.»
    (...)
    «les embûches semées par l'un ou l'autre des camps à l'oeuvre dans l'Eglise, l'inertie d'une partie de la machine vaticane, la force des baronnies – "les nombreux patrons" du pape, comme s'en est récemment plaint François auprès d'un ami –, ses propres maladresses pourraient compliquer ses engagements. La vox populi romaine prétend même que ses velléités de changements pourraient conduire à son "assassinat". Preuve qu'il se passe bien quelque chose au Vatican.»
    Une lueur d'espoir dans ce monde où toutes les valeurs tendent à disparaître au profit d'une seule : l'argent-roi.
    GV

  • Archives de Vigile Répondre

    29 novembre 2013

    Merci M. Marineau pour cet article.
    Le discours du nouveau pape est rafraîchissant.
    Car les inégalités socio-économiques ne cessent de s'accroître et la valeur de l'être humain n'est désormais considérée que sur sa capacité de dépenser.
    C'est un monde de plus en plus fou. Tout pour le commerce.
    On a introduit le "Black Friday" à la suite du "boxing day".
    Dire que quand j'étais plus jeune, les magasins n'étaient même pas ouverts le dimanche.
    L'anachronisme, c'est que plus le monde devient un monde de commerce et de consommation, en même temps, de plus en plus de citoyens perdent leur pouvoir d'achat.
    Tout ça pour dire que j'endosse les derniers propos du pape François à 100%.

  • Serge Jean Répondre

    29 novembre 2013

    La terre est comme un chien maltraité;le bourreau doit tomber.
    Serge Jean