François 1er, le pasteur dans un château doré

Un espoir pour une Église plus apostolique

Tribune libre


Les cardinaux ont innové dans la continuité : l’Argentin Jorge Mario Bergoglio, 76 ans, devient le premier non-européen à diriger l’Église catholique. Les premiers échos font état d’un Jésuite austère, considéré comme modéré et de tendance réformiste. Conservateur et réformiste, il n’y a qu’au sein de l’Église qu’on retrouve pareil personnage. On le dit timide et à la parole rare, humble et aimant garder un profil bas, ce qui ne laisse pas entrevoir de grandes campagnes de communication du Vatican. Celui qui était jusque-là archevêque de Buenos Aires soutient une doctrine conservatrice en matière d’avortement, d’euthanasie, de contraception, d’ordination des femmes et d’homosexualité.
Toutefois, là où la rupture pourrait être plus frappante, c’est dans son approche aux gens. On le dit très près de la population, en particulier des pauvres. Leur défense a d’ailleurs toujours guidé son action. L’homme a même vendu la limousine qui lui servait pour redonner aux moins fortunés. Depuis, il se déplaçait toujours en transport en commun dans la capitale argentine. On le décrit comme un habile négociateur qui n’hésite pas à s’opposer aux personnalités politiques sur différents sujets.
Lors de sa première allocution devant les milliers de fidèles rassemblés sur la Place Saint-Pierre, il a leur demandé humblement de prier pour lui, des paroles rassembleuses qui ont eu l’heur de susciter un sentiment de proximité avec la foule.
Simple et humble aux dires de tous, il a la réputation de détester les carriéristes de l’Église. Il a durant sa carrière ecclésiastique toujours refusé les promotions offertes, préférant s’occuper de ses ouailles sur le terrain plutôt que de s’exiler à Rome. Évoquant les problèmes financiers du Vatican et les réformes internes nécessaires, un cardinal cité à son sujet mentionnait « que dans quatre ans sous Bergoglio, on ne reconnaîtra plus la Curie ». Ce qui n’est pas peu dire et se veut rafraîchissant.
La grande question réside maintenant dans la difficulté à laquelle sera confronté le pape François, dont le nom, selon certains analystes, se veut un rapprochement avec François d’Assise, à savoir de concilier sa mission de pasteur avec sa vie pontificale à l’intérieur d’un château doré.
Comment l’ex-archevêque de Buenos Aires arrivera-t-il à réformer la Curie romaine devant l’imposant lobby ecclésiastique qui la compose? Mais surtout, comment le « pasteur » parviendra-t-il à descendre de son trône papal et à se rendre dans la rue à la rencontre de ses fidèles? Des défis ardus mais ouvrant des portes intéressantes pour l’avenir d’une Église plus humaine et plus apostolique.
Henri Marineau
Québec

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Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplôme de l’École Normale Supérieure en 1972. Cette année-là, il entre au Collège des Jésuites de Québec à titre de professeur de français et participe activement à la mise sur pied du Collège Saint-Charles-Garnier en 1984. Depuis lors, en plus de ses charges d’enseignement, M. Marineau occupe divers postes de responsabilités au sein de l’équipe du Collège Saint-Charles-Garnier entre autres, ceux de responsables des élèves, de directeur des services pédagogiques et de directeur général. Après une carrière de trente-et-un ans dans le monde de l’éducation, M. Marineau prend sa retraite en juin 2003. À partir de ce moment-là, il arpente la route des écritures qui le conduira sur des chemins aussi variés que la biographie, le roman, la satire, le théâtre, le conte, la poésie et la chronique. Pour en connaître davantage sur ses écrits, vous pouvez consulter son site personnel au www.henrimarineau.com





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