Face à l'Islam, Nos Redditions Culturelles ne se Comptent plus

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La dictature du silence obligé


Tout a eu lieu la même semaine. Un juge allemand a interdit à Jan Böhmermann, comédien et humoriste, de réciter publiquement les vers jugés « obscènes » de son fameux poème sur le président turc Recep Tayyip Erdogan. Un théâtre danois a apparemment annulé la représentation des « Versets sataniques » par crainte de « représailles ». Deux festivals français ont déprogrammé Eagles of Death Metal - le groupe américain qui jouait au Bataclan, à Paris, le soir des attentats du 13 novembre 2015 (89 personnes ont été assassinées) en raison des commentaires « islamophobes » du chanteur Jesse Hughes. Hughes a suggéré que les musulmans subissent une fouille plus approfondie, affirmant : « il est normal de faire preuve de discernement quand on a affaire à des musulmans aujourd'hui ». Un peu plus tard, il a ajouté :


« Ils savent qu'il y a tout un tas de gosses blancs là, qui sont stupides et aveugles. Vous avez ces jeunes blancs qui vivent bien, qui ont grandi dans un environnement gauchiste depuis la maternelle, inondés de notions pompeuses qui ne sont que du vent ».



Comme Brendan O'Neill l'écrivait, « les libéraux occidentaux font le sale boulot pour eux ; ils font taire les gens que l'Etat islamique désigne comme blasphémateurs ; ils parachèvent les actes de terreur de l'Etat islamique ».


Il y a quelques semaines, Gallimard, la plus importante maison d'édition française, a licencié le romancier et éditeur, Richard Millet, qui a signé un essai dans lequel il écrit :


« Une grande partie de ma réflexion vise à comprendre la concomitance du déclin de la littérature et la modification en profondeur de la population de la France et de l'Europe tout entière par une immigration extra-européenne massive et continue, avec pour éléments intimidants les bras armés du salafisme et du politiquement correct au sein d'un capitalisme mondialisé, c'est-à-dire le risque d'une destruction de l'Europe de culture humaniste, ou chrétienne, au nom même de l' « humanisme » dans sa version « multiculturelle ».



Kenneth Baker vient de publier un nouveau livre intitulé On the Burning of Books : How Flames Fail to Destroy the Written Word (Sur les autodafés : comment le feu échoue à détruire le mot écrit). Il s'agit d'un recueil sur ce qu'il appelle le « bibliocauste » ou l'holocauste des livres sur une période qui va du Calife Omar à Hitler en passant par la fatwa contre Salman Rushdie. Quand les nazis ont brulé des livres à Berlin, ils ont déclaré que des cendres « surgirait le phénix d'un nouvel esprit ». Une haine semblable à celle des Nazis émane des rangs des islamistes et de leurs alliés politiquement corrects. Nous n'avons pas la plus petite idée du nombre de pans de la culture européenne déjà abandonnés à l'islam.


« Soumission », le film qui a valu à Theo Van Gogh d'être assassiné, n'est projeté dans aucun festival de cinéma. Les caricatures du prophète Mahomet publiées par Charlie Hebdo ont disparu de l'espace public : après le massacre, très peu de médias les ont réimprimées. Les posts du blog qui ont valu 1.000 coups de fouet et dix ans de prison à Raif Badawi, en Arabie Saoudite, ont été supprimés par les autorités saoudiennes et leur contenu circule maintenant clandestinement comme le Samizdat à l'époque soviétique.






Après le massacre de l'équipe de Charlie Hebdo très peu de médias ont réimprimé les caricatures de Mahomet. Photo : Stéphane Charbonnier, dessinateur et éditeur de Charlie Hebdo, assassiné le 7 janvier 2015 en même temps que de nombreux journalistes et dessinateurs, est ici photographié devant les bureaux du journal au lendemain d'un incendie criminel en novembre 2011.


Molly Norris, la dessinatrice qui, en 2010, a croqué Mahomet et posté sur Internet « Everyone Draw Muhammad Day » (un dessin qui suggère à tout le monde de dessiner Mahomet), vit toujours dans la clandestinité et a dû changer de nom et de style de vie. Le Metropolitan Museum of Art de New York a retiré toutes les images de Mahomet d'une exposition, tandis que Yale Press a interdit toute reproduction d'images de Mahomet d'un livre en préparation sur les caricatures. The Jewel of Medina (Le Joyau de Médine), un roman sur la jeune épouse de Mahomet, a aussi été retiré des librairies.


À Rotterdam, aux Pays - Bas, un opéra sur Aicha, une des épouses de Mahomet, a été annulé à la suite des pressions exercées par les islamistes sur les acteurs musulmans de la compagnie de théâtre. Le journal NRC Handelsblad a titré sur sa couverture « Téhéran sur Meuse », la rivière qui irrigue ce port néerlandais.


En Angleterre, le Victoria and Albert Museum a rangé dans les réserves toutes les représentations de Mahomet. « Les musées et les bibliothèques britanniques détiennent des douzaines de ces images, des miniatures pour la plupart, qui ornent des manuscrits vieux de plusieurs siècles. Mais ils sont gardés hors de vue du public », a expliqué The Guardian . En Allemagne, le Deutsche Opera de Berlin a déprogrammé Idoménée de Mozart, car il met en scène la tête coupée de Mahomet.


Le Barbican Theater de Londres a revu et corrigé Tamerlan le grand de Christopher Marlowe (1564-1593), une pièce où il est dit que Mahomet « n'est pas digne d'être adoré ». Au même moment, le carnaval de Cologne a annulé le char dédié à Charlie Hebdo.


A Huizen (Pays Bas), deux nus ont été retirés d'une exposition de peinture à la suite des critiques de visiteurs musulmans. Le travail d'une artiste néerlandaise d'origine iranienne, Sooreh Hera, a été retiré de plusieurs musées hollandais parce que certaines de ses photographies incluent des représentations de Mahomet et son beau-fils, Ali. Rien n'exclut qu'un jour, la National Gallery de Londres, la Galerie des Offices de Florence, Le Louvre à Paris ou le Prado à Madrid n'entreprennent de censurer Michel Ange, Raphael, Bosch et Balthus s'il s'avérait que ces artistes offensent la « sensibilité » des musulmans.


L'auteur dramatique anglais Richard Bean a été forcé de censurer son adaptation de la comédie d'Aristophane, « Lysistrata », une pièce dans laquelle les femmes grecques font la « grève du sexe » pour empêcher les hommes d'aller à la guerre (dans le script de Bean, les vierges musulmanes font la grève pour arrêter les kamikazes). Plusieurs villages espagnols ont cessé de bruler des effigies de Mahomet à la cérémonie de commémoration de la reconquête du pays au Moyen Age.


Une vidéo de 2006 – une année ou les menaces contre Charlie Hebdo étaient déjà pesantes – filme une réunion de l'équipe de rédaction. Ils sont assis autour d'une table et parlent de l'islam. Jean Cabu, dessinateur assassiné par les islamistes, pose le débat ainsi : « Personne en Union Soviétique n'avait le droit de caricaturer Brejnev ».


Georges Wolinski, une autre future victime déclare : « il y a plein de dessinateurs à Cuba, mais ils ne font pas de caricatures sur Castro. Donc, nous avons de la chance. Oui, nous avons de la chance, la France est un paradis ».


Cabu et Wolinski avaient raison Les démocraties sont, ou du moins devraient être, les garantes d'un trésor périssable : la liberté d'expression. Là est la grande différence entre Paris et La Havane, Londres et Riyad, Berlin et Téhéran, Rome et Beyrouth. La liberté d'expression est le meilleur de la culture occidentale.


Les islamistes seraient-ils déjà victorieux au point que seuls quelques « dingues » s'aventurent encore à faire usage de leur liberté ? Allons-nous vivre comme des effrayés ? Les dessinateurs, les journalistes, les écrivains « islamophobes » sont les premiers européens depuis 1945 à vivre cachés pour demeurer en vie. Pour la première fois en Europe depuis qu'Hitler a ordonné de bruler des livres sur la Bebelplatz de Berlin, des films, des peintures, des poèmes, des romans, des articles et des pièces de théâtre font, au propre et au figuré, l'objet d'un autodafé permanent.


Le jeune mathématicien français Jean Cavaillès, expliquait son engagement inévitable dans la résistance antinazie ainsi : « Nous nous battons pour lire« Paris Soir » plutôt que le « Völkischer Beobachter ». Pour cette seule raison, il est autodestructeur d'ergoter sur la beauté des dessins animés, des poèmes ou des peintures. En Occident, nous avons payé un prix élevé pour la liberté d'expression. Nous devrions tous nous lever et protester quand un juge allemand interdit des vers « offensants », quand un éditeur français licencie un écrivain « islamophobe » ou quand un festival de musique déprogramme un groupe politiquement incorrect.


A moins qu'il ne soit déjà trop tard ?


Giulio Meotti, rédacteur culturel pour Il Foglio, est un journaliste et écrivain italien.





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