D’entrée de jeu, vous est-il déjà arrivé d’imaginer une offre d’emploi dans les médias autorisée par le Service de police ou le Service des incendies de telle municipalité recherchant des policiers ou des pompiers non-qualifiés. Une hypothèse tout à fait inimaginable, l’engagement de tels candidats mettraient sérieusement en danger la sécurité des citoyens.
Eh bien, il faut croire que le monde de l’enseignement n’a que faire des qualifications légales des futurs enseignants puisque des conseils de services scolaires (CSS) sont prêts à engager du personnel enseignant ne possédant pas les qualifications requises. Et là où le bât blesse de façon scandaleuse, très peu de voix se sont élevées pour dénoncer les conséquences désastreuses sur la qualité de l’enseignement auprès des élèves touchés par une telle décision dont le principal effet collatéral encourage le nivellement par le bas.
Des constats qui révèlent à quel point les CSS sont prêts à reléguer la profession d’enseignant à un métier qui peut être confié à n’importe qui possédant quelque lien avec l’emploi offert, et cela même si le candidat ne possède aucune formation en pédagogie. Et on se demande pourquoi le métier d’enseignant a perdu son attractivité d’antan lorsque l’enseignement était considéré par la société comme une «vocation».
À mon avis, la pénurie d’enseignants à laquelle nous faisons face est étroitement liée a une carence systémique d’attractivité chez les futurs enseignants qui assistent à des démissions en bloc en fin d’année scolaire quand ce n’est pas pendant l’année scolaire. Et cette nécessaire attractivité va ressurgir quand la lourdeur des tâches des enseignants, notamment la présence croissante des élèves à besoins particuliers, s’estompera grâce à l’intervention de personnels spécialisés.
On ne badine pas avec le bilinguisme
En juin 2022, un groupe, dirigé par l’ex-professeur d’histoire Frédéric Bastien, décédé depuis lors, a déposé Cour supérieure du Québec une requête pour obtenir un jugement visant à déclarer «nulle, invalide et inapplicable» la nomination de la gouverneure générale du Canada, Mary Simon, laquelle nomination va à l’encontre des dispositions de la Charte canadienne des droits et libertés, qui prévoit que «le français et l’anglais sont les langues officielles du Canada».
Or, aujourd’hui, la juge Catherine Piché a statué que Cour supérieure du Québec a tout à fait la compétence de se prononcer sur la validité de la nomination de la gouverneure générale. Contrairement aux arguments soulevés par les avocats d'Ottawa, la cause ne relève pas exclusivement de la Cour fédérale, a tranché la juge Piché, donnant ainsi raison aux instigateurs de la poursuite lancée pour obtenir la révocation de la représentante du roi Charles III au Canada.
Par ailleurs, nonobstant le fait que Mme Simon s’est engagée à apprendre le français lors de sa nomination, force est de constater que le chemin parcouru ne l’a pas encore menée très loin dans dans la connaissance de la langue de Molière jusqu’à maintenant. Conséquemment le groupe d’avocats de la poursuite aimerait voir la nomination de Mme Simon invalidée parce qu'elle ne maîtrise pas le français, l'une des deux langues officielles du pays, et ont, à ce titre, demandé à la Cour supérieure du Québec de se pencher sur le dossier.
Pour justifier leur demande, les avocats du procureur général du Canada citaient entre autres l'article 18 de la Loi sur les Cours fédérales, qui prévoit que « la Cour fédérale a compétence exclusive (...) pour rendre un jugement déclaratoire contre tout office fédéral ».Or, selon la juge Piché, la gouverneure générale ne peut être considérée comme « un office fédéral », car elle a été nommée par la reine Élisabeth II et que la Couronne ne relève pas du gouvernement.
Les avocats du procureur général du Canada avaient 30 jours pour faire appel du jugement. Or, ils ne l'ont pas fait. En conséquence, la Cour supérieure du Québec dispose de toute la latitude pour révéler au grand jour qu’au Canada, on ne badine pas avec le bilinguisme.
Henri Marineau, Québec
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