Efficacité du vote, un deuxième regard

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La force du PLQ expliquée par l'arithmétique électorale

Il y a deux semaines, je portais un regard sur l’efficacité du vote au Québec. Et par là, je veux dire la transposition de votes en sièges. En utilisant les résultats des élections de 2003 à 2014, la conclusion était que le PLQ était de loin le parti le plus efficace et le plus stable. En moyenne, les Libéraux n’ont besoin que de 23,000 votes par sièges, alors que le PQ fluctue entre 22,000 (2007) et 36,000 (2014) par exemple.
Cela peut sembler surprenant car le PLQ « gaspille » une bonne part de ses votes dans l’Ouest de l’île, une région où il remporte tous les comtés par des majorités écrasantes. Cependant, il faut aussi bien se rendre compte que le PLQ a terminé premier (tant en termes de votes que de sièges) lors de 4 des 5 dernières élections (une statistique assez incroyable si on y pense). Le mode de scrutin récompense fortement le parti terminant premier et ainsi, la transposition votes-sièges est fortement influencée par cela. Il n’est pas étonnant que la seule fois où le PQ a été plus efficace que le PLQ est la seule fois où ce dernier n’a pas gagné (2012).
Il reste que la stabilité Libérale est remarquable. Surtout que ce parti a fluctué énormément en termes de pourcentages de votes (passant régulièrement de plus de 40% à seulement 30-33% etre deux élections). Dans les faits, le tableau de mon billet précécent illustre le fait que le PLQ fluctue essentiellement chez les francophones. En effet, à chaque fois que ce parti a gagné largement (2003, 2008 et 2014; c’est à dire en remportant plus de 40% des votes), son efficacité a été très élevée (aux alentours des 20,000 votes seulement par sièges). À l’inverse, lorsque ce parti se retrouve à seulement 30% (2007 et 2012), son efficacité est bien moindre. 2014 est un petit peu un cas hybride et explique pourquoi le PLQ n’a en fait pas remporté autant de sièges que l’on aurait pu croire avec une telle avance en termes de pourcentages de votes. Quand ce parti est à seulement 30%, il se retrouve 3e chez les francophones et une bonne partie de ses votes provient des anglophones (et ainsi, davantage de gaspillage proportionnellement). À l’inverse, lorsque ce parti est au-dessus des 40%, son efficacité augmente car ses gains se font dans les comtés francophones. En d’autres mots, le PLQ peut compter sur un nombre important de sièges assurés lorsqu’il est au plus bas et démontre une effiacité certaine à remporter des comtés francophones lorsqu’il est au plus fort.
La situation était tout autre avant 2003. En 1998 par exemple, le PLQ avait remporté le plus de votes mais n’avait pu empêcher le PQ de décrocher une majorité. Lors de cette élection, l’efficacité du PLQ n’avait été que de 37,000 (environ) par siège! Ainsi, le vote de ce parti a changé de manière importante entre 1998 et maintenant. Il ne faudrait pas non plus oublier une différence importante: la présence d’un autre grand parti avec l’ADQ/CAQ. Le changement d’un système à deux partis vers un système multi partis semble en fait avoir bénéficié les Libéraux. Ou ces derniers ont su mieux s’adapter. Il n’est pas surprenant de voir que ce parti a perdu toute motivation de réformer le mode de scrutin!
Quoiqu’en soit la raison, le PLQ actuel (et des dernières années) est une machine incroyablement difficile à battre. En particulier, les votes dans les comtés anglophones peuvent être considérés comme gaspillés, mais ils sont bien utiles et donnent un nombre important de comtés assurés même lorsque le PLQ est au plus bas. Il reste que si le PLQ et le PQ (ou la CAQ) étaient à égalité en termes de votes, il est vraisemblable que le PQ gagnerait. Mais cela est moins sûr que ça ne l’était dans les années 90 par exemple. Et surtout, il faudrait que le PQ ou la CAQ réussissent à obtenir autant de votes que le PLQ. Il semble que cela ne soit pas une chose facile.


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