Désistement de Juppé : amertume à droite, le FN raille, Macron conforté dans ses choix stratégiques

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C'est le bordel !


La disparition du plan B que beaucoup espéraient chez Les Républicains n'empêche pas une grande partie de la droite de continuer à demander le retrait de Fillon. Au FN et chez Emmanuel Macron, on se réjouit de l'effondrement de la droite.

De part et d'autre, la décision prise ce 6 mars par Alain Juppé de ne pas être la voie de recours dans l'hypothèse d'un renoncement de François Fillon a été interprétée différemment. Alors que François Fillon se livre à un bras de fer contre plusieurs membres dirigeants de son propre parti, la droite paraît plus que jamais en déroute.

Chez Les Républicains, certains, à l'instar de Damien Abad, député LR de l'Ain et porte-parole de la campagne de François Fillon, estiment que «le plan B était un plan hypothétique qui n'a jamais existé et [qu']Alain Juppé a clairement fermé la porte aujourd'hui». Alors qu'ils s'étaient rassemblés sur la place du Trocadéro le dimanche 5 mars, les soutiens du candidat semblent ainsi satisfaits de voir les recours de leurs adversaires s'amenuiser.

Le député filloniste Thierry Mariani regrette toutefois que l'ancien rival de François Fillon à la primaire n'ait «pas pu s'empêcher de dézinguer lui aussi» François Fillon.

Une décision «digne»... 

Cependant, le choix d'Alain Juppé en a déçu plus d'un à droite, tel son ex-conseiller politique Gilles Boyer, qui a tweeté un message très succinct résumant sans doute l'état d'esprit des proches du maire de Bordeaux qui croyaient à son éventuel retour.

Même son de cloche chez Jean-Pierre Grand, sénateur LR qui avait envoyé son parrainage à Alain Juppé et qui a publié un communiqué élogieux dans lequel il témoigne son admiration face à un geste «incarnant la grandeur du gaullisme qui sait dire non quand il faut dire non».

L'intervention du maire de Bordeaux a même été saluée à gauche, notamment par l'ancienne ministre de la Culture Aurélie Filippetti. Elle remercie Alain Juppé de «réhausser l'image du débat politique».

... qui ne résout pas le problème Fillon

D'autres rappellent que le retrait d'Alain Juppé ne signifie pas, selon eux, que François Fillon doive se maintenir. Ainsi, Dominique Bussereau, pourtant ancien soutien de François Fillon, dit «respecter et comprendre sa décision malgré ses très lourdes conséquences». 

Certaines voix sont moins nuancées : Fabienne Keller, sénatrice LR très proche d'Alain Juppé interrogée au micro de Sud Radio, estime que le renoncement de celui-ci est une «triste nouvelle». Elle souligne qu'«il n'est pas trop tard pour la France d'arriver, après cet immense choc de son retrait, à construire une solution, et de toute évidence la solution n'est pas François Fillon».

Sceptique parmi les sceptiques depuis le début de l'affaire Fillon, le député du Rhône Georges Fenech n'a pas hésité à avancer un nom pour succéder au candidat désigné lors de la primaire. «Je souhaite qu’un autre candidat surgisse de notre famille très vite, je pense particulièrement à François Baroin», a-t-il déclaré sur BFMTV.

Le FN et Emmanuel Macron jubilent

Pour Marine Le Pen, la tourmente dans laquelle est prise le candidat de la droite est plutôt bon signe. La frustration engendrée par un retrait de François Fillon auprès de l'électorat de droite autant que son maintien dans des conditions lui fermant les portes du second tour sont tous deux de bon augure. Une pique lancée à l'encontre de François Fillon par Alain Juppé lors de sa déclaration n'a d'ailleurs pas échappée à Florian Philippot.

Alors que le FN se trouve lui aussi en délicatesse avec la justice, il peut néanmoins compter sur une unité de ses membres que beaucoup, chez Les Républicains, pourraient envier. Gilbert Collard, député proche de Marine Le Pen, ironise d'ailleurs sur les défections autour de François Fillon en pointant du doigt l'attitude de Christian Estrosi, président du conseil régional de la région PACA.

Emmanuel Macron tirerait autant avantage du maintien de François Fillon que de son retrait. Dans le premier cas, il peut espérer attirer à lui la frange juppéiste des Républicains, dans le second, la lassitude que provoquerait un changement de casting à la dernière minute confirmerait son diagnostic : «Moi je me suis lancé dans cette campagne présidentielle avant les primaires de gauche et de droite, en disant que je n'y croyais pas - ils sont en train de démontrer les uns et les autres que j'avais raison - et que peu m'importait que le candidat qui en sorte», a en effet déclaré le candidat d'En Marche ! lors d'une rencontre avec la CGPME, syndicat des petites et moyennes entreprises.


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