Des leaders religieux de tout le pays demandent à Justin Trudeau d'abolir la nouvelle politique fédérale obligeant les organismes qui demandent des subventions pour embaucher des étudiants pendant l'été à s'engager à ne pas enfreindre les droits des minorités sexuelles ou le droit à l'avortement.
Dans une «déclaration interreligieuse», les représentants de près de 90 organismes et communautés chrétiennes, musulmanes ou juives du Canada soutiennent que «le gouvernement devrait respecter et accueillir la diversité de valeurs et de croyances au sein de la société canadienne».
Les regroupements religieux, dont la Conférence des évêques catholiques du Canada, rappellent au premier ministre que «dans la législation, la réglementation et les politiques», un gouvernement doit respecter lui-même «les libertés fondamentales de conscience et de religion, de pensée, de croyance, d'opinion et d'expression, qui sont garanties dans la Charte» canadienne des droits et libertés.
Le gouvernement libéral a décidé récemment que les organismes qui demanderont une subvention pour financer des emplois d'été pour les jeunes — comme une colonie de vacances gérée par une communauté religieuse, par exemple — devront s'engager à ce que ni leur mandat premier ni l'emploi lui-même ne s'oppose aux droits individuels des Canadiens, dont l'avortement, l'orientation sexuelle et l'identité de genre. Des responsables fédéraux ont précisé depuis que la notion de «mandat premier» réfère aux activités principales de l'organisme, pas à ses valeurs religieuses profondes.
Selon le gouvernement Trudeau, des gens s'étaient plaints l'an dernier que des subventions fédérales avaient été versées à des organismes qui distribuaient des tracts antiavortement, ou à des camps de vacances qui refusaient d'embaucher des jeunes des communautés LGBTQ.
Les leaders religieux qui ont pris la parole jeudi, à Toronto, aimeraient que le gouvernement cible des organismes en particulier plutôt que d'imposer à tous une espèce de «test idéologique».
Le rabbin Chaim Strauchler s'est quant à lui inquiété des dérives que cette politique pourrait occasionner. «Qu'entend-on par mandat premier? Qu'est-ce que c'est aujourd'hui, et qu'est-ce que ce sera dans cinq ans, dans dix ans?»
La ministre de l'Emploi, du Développement de la main-d'oeuvre et du Travail, Patricia Hajdu, a soutenu plus tôt cette semaine que son gouvernement était prêt à plaider devant les tribunaux que sa politique vise avant tout à protéger les Canadiens contre toute discrimination.