Gabriel RUBIO Agence France-Presse Madrid - Des foules de manifestants ont envahi dimanche les rues de Madrid et de toutes les villes d'Espagne pour protester contre la réforme du travail mise en place par le gouvernement de droite, répétition avant la journée de grève générale annoncée pour le 29 mars.
«Inutile, inefficace, injuste. Non à la réforme du travail. Grève générale» proclamait une grande banderole accrochée à la Puerta de Alcala, point de ralliement de la manifestation madrilène.
Les deux grands syndicats espagnols, UGT et CCOO, avaient convoqué des défilés dans 60 villes, pour dénoncer la réforme du travail visant à lutter contre un chômage de près de 23%, et pour «la défense des services publics», cibles des mesures d'austérité.
À Madrid comme à Barcelone, la deuxième ville du pays, les manifestations ont rassemblé des dizaines de milliers de personnes, selon les journalistes sur place.
Les syndicats ont chiffré la participation à 500 000 manifestants à Madrid et 450.000 à Barcelone, la police à 30 000 à Madrid, 17 000 à Barcelone.
Des dizaines de milliers de personnes ont défilé dans les autres grandes villes. Elles étaient, selon la police, 15 000 à Séville et autant à Malaga, 9000 à Grenade, 5000 à Valence de même qu'à Cordoue, à Almeria et à Cadix.
«Je suis venu parce que je suis convaincu que le néo-libéralisme nous conduit au désastre», expliquait un manifestant madrilène, Antonio Martinez, professeur retraité de 64 ans, qui portait une pancarte avec les mots «pour que nos petits-enfants ne soient pas des esclaves».
Agitant des drapeaux rouges, portant des pancartes avec les mots «non à la régression sociale», criant «nous ne paierons pas leur dette avec la santé et l'éducation», les manifestants ont défilé dans le centre de Madrid derrière les représentants de l'UGT et de CCOO.
«Avec ces coupes budgétaires, la consommation baisse et le chômage augmente», résumait une petite pancarte dans la foule.
Rassemblée autour de la Puerta de Alcala, la foule s'est figée dans une minute de silence à la mémoire des victimes des attentats islamistes du 11 mars 2004 à Madrid (191 morts), avant d'écouter les appels à la grève générale.
«Nous faisons aujourd'hui un pas de plus vers la grève générale du 29 mars», a lancé le leader de l'UGT, Candido Mendez.
«Si le gouvernement ne rectifie pas (la réforme du travail), il y aura un conflit et il ne se terminera pas le 29», a averti Ignacio Fernandez Toxo, secrétaire général de CCOO (Comisiones obreras).
Première cible des syndicats, cette nouvelle réforme adoptée le 11 février par le gouvernement conservateur de Mariano Rajoy pour flexibiliser le marché du travail, incluant la baisse des indemnités de licenciement et des mesures pour stimuler l'emploi des jeunes.
L'objectif est de relancer la création d'emplois, dans un pays au taux de chômage de 22,85%, et de 48,6% chez les moins de 25 ans.
Les syndicats estiment que la mesure va surtout faciliter les licenciements. Le gouvernement lui-même a d'ailleurs déjà prévu une augmentation du chômage, qui atteindrait en 2012 un nouveau sommet à 24,3%.
«La réforme ne sert qu'à faire baisser le coût des licenciements. Elle ne va pas aider à créer de l'emploi. Elle ne va qu'empirer les choses», remarquait Iker Rodriguez, un fonctionnaire de 35 ans.
Outre cette réforme, les syndicats dénoncent plus généralement la politique de rigueur visant à ramener le déficit public de l'Espagne de 8,51% du PIB fin 2011 à 5,8% fin 2012. Pour ce faire, Mariano Rajoy doit présenter le 30 mars le budget 2012 du pays, marqué par de sévères mesures d'austérité.
Les régions autonomes, qui pèsent très lourd dans le déficit global de l'Espagne, ont été sommées de redoubler d'efforts et ont déjà mis en place des plans de rigueur visant l'éducation et la santé, leurs deux principaux domaines de compétence.
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