Déprimé, l’Empire rêve de 3e guerre mondiale

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Le rêve des uns peut devenir le cauchemar des autres





 


10/11/2015 Sauf
rebondissement, il semble donc assuré qu’un attentat a bel et bien
provoqué le crash de l’Airbus A321 russe, entraînant le massacre de près
de 230 innocents. Au-delà du manque indécent d’empathie de la presse
bobo-atlantiste pour des victimes civiles dès lors qu’il s’agit de
Russes, la première chose qui frappe dans cette affaire est la rapidité
des représailles djihadistes contre la Russie. L’attentat survient en
effet à peine un mois après le début des frappes lancées par Poutine,
alors que les Etasuniens bombardent «impunément» Daesh-EI depuis plus de
13 mois. C’est la confirmation s’il en était besoin que Washington et
Daesh sont en réalité des alliés au moins objectifs sur le théâtre
d’opérations syrien, sans parler de la coopération avérée des USA avec
al-Qaida. L’attentat contre l’Airbus vient ainsi s’ajouter à la longue
liste des crimes contre l’humanité issue des relations incestueuses
entre Washington et le terrorisme international. Pourtant, malgré le
déchaînement de violence que Washington fait pleuvoir sur le
Moyen-Orient depuis 20 ans dans sa folle tentative de le «remodeler», le
contrôle de la région est en train de lui échapper définitivement.
Alors, au fond de sa profonde dépression, l’Empire en vient à rêver de
3e guerre mondiale.




Fiasco à tous les étages

La politique américaine au Moyen-Orient est donc, depuis 20 ans, un
épouvantable fiasco. Malgré la sanglante occupation de l’Afghanistan et
la monstrueuse boucherie irakienne; malgré la guerre par procuration
permanente contre la Palestine et le Liban; malgré la dévastation de la
Libye ou, encore, les 30 ans d’embargo de l’Iran, rien, absolument rien,
n’a pu freiner le reflux de la puissance US dans la région.

Le fameux croissant chiite Iran-Syrie-Hezbollah que les USA voulaient
tant briser est même en train non seulement de reprendre la main, mais
de basculer dans l’escarcelle des ennemis ultimes des USA que sont la
Russie et, par extension, la Chine.

Ne reste grosso-modo aux Etats-Unis, comme vagues alliés au
Moyen-Orient, que la Maison des Saoud, matrice idéologique du terrorisme
islamique en passe de se noyer dans l’affaire yéménite, et un bunker
israélien de moins en moins fréquentable du fait de la
chronicité de sa psychose meurtrière.

On a, il est vrai, les amis qu’on peut.

La situation est à ce titre d’autant plus pitoyable que, comme tout
Empire les USA n’ayant pas d’amis mais uniquement des vassaux, l’Arabie
saoudite comme Israël n’hésiteront pas deux secondes à chercher l’appui
des Russes au moment où la déconfiture US sera consommée.



L’échec et mat du 7 octobre

C’est que la perte du Moyen-Orient s’inscrit dans un déclin général de
l’Empire qui n’a cessé de s’accélérer, inexorablement, à la fois par la
mécanique propre d’une stratégie globale américaine profondément stupide
(parfaitement résumée par un général US qui disait: «Nous on ne
résout pas les problèmes, on les écrase»)
, et par l’arrivée à
maturité de puissances concurrentes, russe et chinoise notamment.

Si la Russie avait déjà sifflé la fin de partie de la période unipolaire
US en 2008 en Géorgie avec un poignée de chars pétaradants, elle a porté
des coups décisifs d’une toute autre dimension contre la toute-puissance
de l’Empire US sur les dossiers ukrainien d’abord, puis surtout syrien.


On pourrait même fixer la date de l’échec et mat régional au 7 octobre
2015, lorsque la flotte russe est entré en action contre Daesh-EI non
pas de la Méditerranée, comme il aurait été plus simple et logique de le
faire, mais de la mer Caspienne.

Les 26 missiles de croisière Kalibr-NK tirés par Moscou à cette
occasion, bien plus performants que les vieillissants Tomahawks US
d’ailleurs, ont parcourus sans encombre 1500 km avant de détruire les 11
cibles visées (1).

Inutile dans sa forme, ce tir de précision à longue distance était
évidemment un message aux Etats-Unis, message disant qu’ils n’étaient
désormais plus maîtres ni des mers ni des cieux dans la région.



Affirmation de la supériorité militaire russe

Or cet épisode impose un autre constat plus large et dramatique encore,
qui est celui de l’affirmation de la supériorité militaire russe sur les
USA. Depuis 2008 en effet, la Russie s’est engagée silencieusement dans
une véritable révolution de sa production de technologie militaire, et
cela avec un succès sidérant.

On se souvient par exemple de l’interception spectaculaire des missiles
US tirés contre la Syrie en septembre 2013 (2), et plus
récemment des premiers tests russes réussis en matière de technologies
de brouillage des systèmes de communications et détections de l’OTAN. En
septembre 2014 (3), un Sukhoï-24 avait ainsi réussi à
neutraliser les systèmes du destroyer USS Donald Cook et, à la fin
octobre dernier (4), c’est un Tupolev-142 qui s’est
approché à 500 pieds du porte-avions USS Ronald Reagan sans que ni
celui-ci ne puisse réagir, attestant que la Russie est désormais capable
de détruire un navire amiral de l’OTAN.

Pour nouer la gerbe, on pourrait aussi évoquer le formidable fiasco que
représente le fameux bombardier américain du futur JSF/F-35 et ses
24 millions de lignes de code ingérables, appareil pré-vendu dont le
prix ne cesse d’exploser sans que le Pentagone ne parvienne même à le
faire voler correctement (5). Alors que, côté russe,
l’industrie militaire produit des bombardiers comme le T50 qui,
notamment grâce à ses radars tridimensionnel à détection passive et
active, surpassent déjà tous les avions de combat de l’OTAN selon les
spécialistes.

Avec une ironie parfaitement assumée, nous faisons donc l’hypothèse
qu’en tant que moyen de riposte à la nouvelle puissance militaire Russe (6)
le terrorisme US par procuration, type attentat contre l’A321
russe, pourrait bien s’inscrire désormais dans une guerre asymétrique...
du faible au fort (G4G).



Et pourquoi pas la Troisième?

Comme nous l’avons déjà déploré (7), un Empire meurt
toutefois rarement dans son lit. Et le choix du jusqu’au-boutisme et de
la fuite en avant est toujours une affaire de psychologie. Or côté
psychologie, le pire est hélas toujours à craindre avec Washington où
l’on est à cet égard nettement plus proche de l’adolescent attardé
bipolaire que du sage grec.

Face au déclin qui le torture, face au spectacle humiliant de son reflux
de puissance au profit de ses ennemis ultimes russes ou chinois,
l’Empire US semble donc désormais rêvasser à tous ses fantastiques
phallus nucléaires sommeillant dans leur silo et à tous les merveilleux
dégâts qu’ils pourraient infliger aux méchants d’en face.

Le quotidien italien Il Giornale a été le premier à remarquer que la
posture de l’insignifiant Obama était en train d’évoluer d’un pacifisme
hésitant vers la radicalisation. Il Giornale fait ainsi l’hypothèse
qu’inévitablement, les USA ne pourront pas ne pas riposter et évoque
quatre scénarios qui ont toutes les chances de déboucher sur une guerre
globale (8).

De son côté, le site du Comité international de la Quatrième
Internationale socialiste enfonce le clou avec une expérience qui vaut
son pesant d’ogives.

Il a envoyé son reporter assister à trois auditions de commissions
spécialisées du Congrès US sur les équipements des forces armées.

Le constat du WSWS est alarmant en ce sens que l’hypothèse d’une
Troisième guerre mondiale y a été systématiquement évoquée comme quelque
chose de pratiquement inéluctable non pas dans les décennies à venir,
mais dans les années à venir. Et cela sans qu’aucun intervenant ne se
pose jamais la question de la probable extinction de l’espèce humaine
qu’un tel conflit entraînerait.

«Une guerre des États-Unis contre la Chine et /ou la Russie, nous
raconte Patrick Martin du WSWS, était l’hypothèse de base, et les
témoignages des intervenants ainsi que les questions des sénateurs et
des représentants, démocrates comme républicains, portaient sur les
meilleures méthodes pour l’emporter dans un tel conflit.

» (...) Chacune de ces audiences considère comme acquis un conflit
majeur des États-Unis avec une autre grande puissance dans un laps de
temps relativement court, des années plutôt que des décennies.» (9)




Le poids de la servilité européenne

Certes. Comme on dit, il y a loin de la coupe aux lèvres et ces
discussions de salon façon Dr. Folamour traduisent surtout le niveau
d’égarement et d’inculpabilité dans lequel patauge la direction
politique US. Mais à moins de sombrer dans la folie pure, on voit
toutefois mal comment une guerre mondiale entre puissances nucléaires
pourrait survenir.

Au final, l’équation reste donc toujours la même: comment organiser
intelligemment les soins palliatifs de l’Empire US en contrôlant ses
soubresauts jusqu’au trépas final?

Nous évoquerions bien une émancipation soudaine de l’Europe qui
éteindrait l’hybris de Washington, et aiderait ainsi à l’émergence d’un
monde multipolaire débarrassé de la domination mortifère étasunienne.
Hélas, 70 ans de servilité zélée semblent avoir eu raison du goût de ses
représentants pour le courage et la liberté.

Il faudra donc trouver autre chose et, d’ici là, la crise entre
l’Empire, la Russie et la Chine ne peut que continuer à s’aggraver avec
son cortège de tueries et les risques de dérapages à mesure.



Mis en ligne par entrefilets.com,
le 10 novembre 2015.


PS : Nous conseillons
vivement la lecture de l’excellente enquête de Maxime Chaix sur

«La guerre secrète
multinationale de la CIA en Syrie et le chaos islamiste»






1

Syrie : La flotte russe tire des missiles de croisière depuis la
Caspienne


2

Syrie: La guerre balistique US/Russie a eu bien lieu !


3
Qu’est-ce qui a
tant effrayé l’USS Donald Cook en Mer Noire ?


4  La
Russie brouille les commandes du porte-avions Ronald Reagan et de la
7ème flotte


5
Les limites de la
quincaillerie US


6
L’armée russe
affirme sa supériorité en guerre conventionnelle


7

L’empire, le docteur Kübler-Ross et la Syrie

 


8

US President Barack Obama is currently moving from his pacifist
standpoint toward the risk of a big war


9

Washington se prépare à la Troisième Guerre mondiale






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