Cas de la Ville de Trois-Rivières

Déliquescence démocratique

Ce que vous appelez démocratie est pure démagogie

Tribune libre

Depuis quelques mois, la démocratie à Trois-Rivières a subi de graves revers. La victoire de M. Lévesque aux dernières élections présageait la situation. C’était la première fois qu’un opposant talonnait (45% pour le nouveau parti Force 3R) le maire sortant (55%) de si près, alors que seulement 40% de la population avait voté. À croire que la santé démocratique des trifluviens avait déjà été hypothéquée par les années de vaches maigres sous la gouverne tutélaire de M. Lévesque.
Le projet d’amphithéâtre (estimé à 50 millions) et la création inique de la Corporation de l’amphithéâtre ont jeté de l’huile sur le feu déjà allumé par l’arrogance de M. Lévesque et ses sbires d’aller de l’avant dans ce gouffre financier, malgré le référendum dont le maire s’est contenté de déchirer en deux, comme les contrats, pour faire passer le projet en douce grâce à ce subterfuge administratif. Sans compter les contrats juteux accordés dans les événements entourant l’épopée délirante du 375e anniversaire de la ville, dont le vérificateur général s’est montré peu tendre dans les octrois de contrats qui plaçaient le président M. Dubé (Président de la Corporation de l’amphithéâtre) dans une situation évidente de conflits d’intérêts.
Que penser du projet Trois-Rivières sur Saint-Laurent, cet autre lubie supposée redonner aux citoyens l’accès aux berges, prétexte pour bâtir de luxueux condos qui noirciront davantage le paysage, comme le centre-ville, figure indécente dans le décor de misère des premiers quartiers. Et que dire de l’agrandissement de l’aéroport qui s’est fait dans un emportement inconsidéré totalement mal planifié, en plus de la faillite de l’hippodrome (Ludoplex) en face duquel on construit par hasard un gigantesque projet hybride faisant office d’hôtel et de résidence pour personnes âgées!
Non monsieur le maire, notre ville n’est pas en compétition, nous ne sommes pas à vendre! Votre siège n’est pas imputable, et à l’abri de la colère du peuple pris en otage. Ce que vous appelez démocratie est pure démagogie. Vous croyez peut-être vous en sortir en rejetant la faute sur le conseil des 7, qui, lui, représente fièrement l’intérêt des citoyens, mais vous ne vous en tirerez pas indemne avec votre discours populiste et vos abus d’autorité.
C’est votre devoir légal et moral d’agir en faveur de la volonté générale pour garantir la paix sociale. C’est nous qui avons le dernier mot, c’est nous qui savons ce qui est bien pour nous. Votre rôle n’est pas de décider de la nature et de la direction de notre avenir, mais d’entériner la volonté des citoyens, de s’assurer que notre argent n’est pas indûment volatilisé dans des éléphants blancs que la population rejette.
La ville est un bien public inaliénable. La richesse collective volée et concentrée entre les mains d’intérêts privés est de l’appauvrissement général, un viol contre nos libertés collectives et notre émancipation. La richesse fait sur le dos de la population pour servir contre elle est un crime odieux qui mérite de graves sanctions exemplaires, car l’éthique est ce qui est de plus fondamental en société.
La démocratie participative n’est pas un crime. C’est le devoir de la population de défendre la démocratie lorsqu’une minorité a usurpé son pouvoir contre elle. L’insurrection devient alors une solution, mais nous ne vivons plus au temps des révoltes sanguinaires qui ont été le lot des innocents qui se sont battus contre des despotes pour nos droits et libertés actuelles.
Alors la seule issue possible est une procédure légale entreprise par la population en son entière légitimité: c’est la destitution sans préavis. On n’a pas le droit de risquer la qualité de vie d’une majorité quand des vies sont en jeu, quand on pense plus aux « résultats » qu’à la santé de la démocratie, qui est le reflet ultime de toute société.
Non M. le maire, nous n’endossons pas vos agissements qui vont contre l’ordre social. Nous ne sommes plus à l’âge des grandes Révolutions qui ont marqué à jamais le cours de l’histoire et l’imaginaire de l’humanité, mais sachez que la mémoire des peuples libres est longue, et que le combat pour la démocratie n’est pas une bataille excentrique et utopique, mais le devoir le plus noble de toute société libre qui se respecte.

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Svetli Dubeau1 article

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