« Déclaration de Buffalo » : « Un exemple d’ignorance », selon des chefs autochtones

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Les Indiens s'opposent à une reconnaissance statutaire du caractère distinct de l'Alberta


Des chefs de nations autochtones du Traité numéro six s’élèvent contre la Déclaration de Buffalo, publiée à la fin de janvier par quatre députés conservateurs albertains siégeant à la Chambre des communes.




« Cette Déclaration est un exemple patent d’ignorance et, plus encore, une revendication irréfléchie des inégalités » à l’endroit des Autochtones favorisées par ses signataires, expliquent les chefs dans une lettre rendue publique vendredi.


La Déclaration, datée du 20 février, demande « l’action immédiate » du gouvernement fédéral afin de soutenir l’Alberta, brandissant la séparation de la province comme solution de rechange.


Les quatre députés conservateurs signataires demandent notamment l’élimination de la péréquation et la reconnaissance de « la dévastation causée par le Programme énergétique national », adopté par le gouvernement de Pierre Elliott Trudeau dans les années 1980.


Désaccord sur les principes


Les chefs des Premières Nations du Traité numéro six s’insurgent toutefois contre les fondements sur lesquels s’appuie la Déclaration, à commencer par l’appropriation du bison d’Amérique dans le nom du document.



« L’insolence dont vous faites preuve en optant spécifiquement pour ce quadrupède que vos ancêtres ont tenté d’éliminer pour nous rayer de la carte est une insulte à notre peuple », écrivent-ils.


Selon les députés, le recours au ruminant dans le titre de leur document découle du nom par lequel le premier ministre de ce qu’étaient alors les Territoires du Nord-Ouest (incluant ce qui est devenu l’Alberta et la Saskatchewan), Frederick Haultain, désignait la province unique qu’il cherchait à fonder.


« Les bisons sont des êtres sacrés dans nos cérémonies et dans notre culture et ne devraient en aucun cas être utilisés à des fins politiques », répondent les chefs autochtones.


« Une région culturellement distincte »


Dans leur manifeste, les députés Michelle Rempel Garner, Blake Richards, Glen Motz et Arnold Viersen demandent à ce que l’Alberta soit reconnue comme « une région culturellement distincte » au sein de la Confédération canadienne.


Dans cette quête de reconnaissance, les signataires de la Déclaration demandent entre autres que « les droits et la culture des Premières Nations, des Métis et des Inuit soient respectés », reconnaissant du même souffle l’existence de territoires traditionnels.



Cette affirmation est dénoncée par les chefs des nations du Traité numéro six comme étant « un faux soutien et une fausse inclusion » des peuples autochtones.


« Nous sommes continuellement cités dans des documents comme celui-là, qui servent toutefois à promouvoir un programme colonialiste », expliquent-ils.


Ils affirment être « mentionnés huit fois » dans le document qui, « ironiquement, demande au premier ministre [fédéral] de reconnaître la province comme "culturellement distincte" ».


« Il s’agit d’une demande contradictoire en ce qu’elle exclut les peuples culturellement distincts qui habitent ces terres depuis le début. »


Le Traité numéro six, signé en 1876 entre la Couronne canadienne et les Cris des plaines, couvre une partie de la Saskatchewan et de l’Alberta. 


Épanouissement économique et social


Les quatre députés dénoncent ce qu’ils qualifient d’« important déclin économique précipité » par le gouvernement libéral de Justin Trudeau ayant « causé l’éviction d’Albertains de leurs maisons, la faillite d’entreprises, la destruction de gagne-pain et des suicides, en plus de retarder la province d’une génération ».


Selon eux, cette économie moribonde a notamment entraîné « une augmentation du taux de suicides et du nombre d’incidents de violence conjugale ».


Ces doléances, les chefs répondent qu’elles leur sont familières, mais à plus grande échelle.


« Malheureusement, les membres de communautés autochtones sont trois fois plus représentés dans ce genre de statistiques que ceux des communautés non autochtones », rétorquent-ils, demandant « pourquoi, selon vous, [ces statistiques] ne suffisent pas à soutenir nos propres revendications de souveraineté ».


Ils rappellent que les terres touchées par le Traité numéro six « ne sont, n’ont jamais été et ne seront jamais la propriété d’aucun gouvernement » et qu’il « est donc impossible, pour quelque gouvernement que ce soit, de les utiliser comme argument de menace » dans une dispute politique.


Avec les informations de Joel Dryden




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