Dans un Québec fracturé, le parti Québécois devient impertinent

Tribune libre

Ce qui arrive au parti Québécois, le risque qu'il disparaisse de la carte comme l'Union nationale jadis, est lié à l'évolution sociale et économique du Québec.
Il ne faut pas oublier que le parti Québécois a vu le jour en 1968, période faste au point de vue économique au Québec. À cette époque, le taux de chômage était relativement bas et la situation économique du Québec prometteuse. De plus, l'écart entre riches et pauvres était beaucoup moindre qu'elle ne l'est aujourd'hui.
Dans ce contexte, le projet de souveraineté du Québec, qui était un véritable projet de société, rejoignait l'ensemble des Québécois.
En 2012, la société québécoise a bien changé. On est au courant de toutes les fermetures d'usines des deux dernières décennies en particulier avec la mondialisation et la délocalisation. Les bons emplois manufacturiers sont plus rares qu'en 1968. L'écart des revenus entre riches et pauvres s'est accru. Les recours aux banques alimentaires, soupes populaires et comptoirs vestimentaires se sont accrus constamment depuis les 25 dernières années.
Le parti Québécois étant le parti d'un projet de société, ce parti est voué à l'impertinence dans une société de plus en plus individualiste dans laquelle les regroupements se font de plus en plus au niveau des classes sociales.
D'ailleurs les derniers partis politiques à naître au Québec reflètent cette réalité. Si la CAQ reflète les intérêts de la classe moyenne (en soulignant que la continuation de leur niveau de vie convenable dépend de leur appui aux intérêts de la riche classe capitaliste et pro-mondialisation des affaires et de la finance), QS représente de son côté les intérêts des classes socio-économiques inférieures (amélioration des programmes sociaux, création d'un revenu minimum garanti).
Dans un contexte où les Québécois s'identifient de plus en plus à leur classe socio-économique plutôt qu'à leur identité nationale et culturelle, il n'est pas surprenant de voir le parti Québécois dégringoler dans les sondages dans un Québec fracturé de la sorte.


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1 commentaire

  • Archives de Vigile Répondre

    2 février 2012


    Effectivement bonne analyse. N'ayant plus le nombre comme dans les années '60 et la nécessité de se créer de l'espace, le projet souverainiste n'est plus fondamental pour le développement de notre société. On parle deux langues alors il est où le problème?
    Les gens ont perdu leur racine et leur fierté à force de se faire dire que le Québec n'était pas bon ou qu'on était paresseux. On a réussi à leur faire croire qu'indépendant, le Québec allait sombrer dans un désastre économique et cela les gens le croient.
    L'immigration est comme un diluant qui fragmente encore plus les Québécois. On ne voit pas comment amener ces gens venus d'ailleurs à faire avec nous un pays.
    LE cynisme s'est emparé des gens au point où ils ne croient plus à aucun projet rassembleur. D'ailleurs ils ne veulent pas être rassemblés. Ils ont appris avec l'internet, les écouteurs et les jeux vidéo à être bien tout seul.
    C'est l'individualisme qui prime et la collectivité ça les agresse.
    Il faudrait une crise majeure et même après Meech, CHarlottetown, les réformistes, le Québec semble s'en accomoder. On est comme du téflon, plus rien ne colle sur nous.
    Ça prendrait un tribun, un homme charismatique mais même Lucien dans ses meilleures années n'y est pas arrivé. Même si l'un deux arrivait, GESCA se ferait un plaisir de la démoniser par tous les moyens même par des faussetés, on n'a pas un média d'importance pour faire la promotion à tous les jours. Qui pourrait aujourd'hui faire mieux que lui? Je n'en vois aucun à l'horizon. Il n'y a pas eu de relève.