Pandémie

Confidences d'un aîné

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Tibune libre

Dès les débuts de la pandémie en mars, les aînés sont vite devenus le pôle d’attraction de la Santé publique et du gouvernement Legault. Très rapidement, les aînés de 70 ans et plus ont été « catalogués » dans la catégorie des personnes vulnérables et, de ce fait, rapidement confinés à leur résidence, coupés de tout contact avec leur famille. Et, comme si ce n’était pas suffisant, de nombreux foyers d’éclosion ont pris naissance dans les Centres hospitaliers pour soins de longue durée (CHSLD) et l’hécatombe a frappé dans les résidences des aînés avec une force qui est devenue incontrôlable.

En tant qu’aîné « vulnérable », j’ai suivi religieusement les consignes sanitaires de la Santé publique. Je me suis cantonné chez moi avec mon épouse, isolés du monde, seul le petit écran nous tenant informés presque d’heure en heure du nombre de décès s’étant produits dans les CHSLD. On nous inondait de statistiques alarmantes qui n’avaient rien pour nous remonter le moral…

Puis vint l’été et le déconfinement qui, enfin, nous a permis pendant ces quelques mois, de revoir nos proches et de revivre aux plaisirs de la vie. Mais ce fut de courte durée. Le virus n’avait pas dit son dernier mot. Une deuxième vague a subitement jailli telle une bête affamée, cette fois-ci s’attaquant davantage aux plus jeunes. Conséquemment, les aînés retombèrent en confinement, leurs enfants et petits-enfants risquant de devenir des agents de contamination auprès de leurs parents et grands-parents.

Depuis lors, le temps fuit, les jours, les semaines, les mois s’écoulent, l’implacable temps passe inexorablement et le peu de temps à venir s’amenuise tel un compte à rebours. Une réalité avec laquelle les aînés doivent vivre dans un contexte où un virus destructeur vient gruger sur leurs dernières années de vie.  

Il m’arrive parfois de tourner mon regard vers l’avenir et j’éprouve un vif sentiment d’urgence devant l’indomptable spectre du coronavirus. Jusqu’à quand vais-je devoir vivre tel un ermite? Que de jours précieux qui se perdent dans la tourmente incessante du confinement! Aurai-je le temps de renaître à la vie, aux doux plaisirs de serrer à nouveau mes enfants et mes petits-enfants dans mes bras, de leur faire une bise sur la joue et de leur chuchoter un « je t’aime » à l’oreille?

Rassurez-vous, cette petite réflexion ne se veut pas la complainte d’un aîné eu égard aux contraintes de la pandémie mais seulement une façon de lever la main et d’oser prendre la parole dans un monde qui, malheureusement, a parfois tendance à oublier notre existence!   


Henri Marineau, Québec


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Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplôme de l’École Normale Supérieure en 1972. Cette année-là, il entre au Collège des Jésuites de Québec à titre de professeur de français et participe activement à la mise sur pied du Collège Saint-Charles-Garnier en 1984. Depuis lors, en plus de ses charges d’enseignement, M. Marineau occupe divers postes de responsabilités au sein de l’équipe du Collège Saint-Charles-Garnier entre autres, ceux de responsables des élèves, de directeur des services pédagogiques et de directeur général. Après une carrière de trente-et-un ans dans le monde de l’éducation, M. Marineau prend sa retraite en juin 2003. À partir de ce moment-là, il arpente la route des écritures qui le conduira sur des chemins aussi variés que la biographie, le roman, la satire, le théâtre, le conte, la poésie et la chronique. Pour en connaître davantage sur ses écrits, vous pouvez consulter son site personnel au www.henrimarineau.com




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