Comment peut-on parler sérieusement d'une farce si honteuse ?

Ce texte fut censuré par Le Devoir

Tribune libre

Monsieur Claude Lévesque, dans son article de vendredi le 6 novembre 2009, dit qu'il est long de bâtir la démocratie!
Bâtir la démocratie ?!!
Mais vous voulez rire des gens!
C'est vrai que nous avons de grosses poignées dans le dos et qu'on peut sans peine nous charrier comme des malles.
Il n'y a pas de suspense électoral sur place dans le territoire occupé par l'occident qui s'appelle Afghanistan.
Le suspense c'est plutôt: quand donc ces étrangers vont-ils plier bagages et cesser de tuer du barbare?
Vous nous faites de la romance pour nous endormir la conscience, mon cher Monsieur Lévesque.
Parlez donc de construction de démocratie (sic) aux 133 boîtes qui nous sont revenues enveloppées de l'unifolié.
Parlez donc de démocratie à ces centaines de milliers de cadavres qui ont des familles qui doivent penser à se trouver des ceintures de bombes et un billet d'avion pour venir se faire éclater dans notre métro.
Parfois, cher monsieur, j'en ai plein le popotin d'entendre parler de mascarade.
Et les femmes afghanes, allez-vous nous les ressortir les femmes afghanes?
Ça fait presque neuf ans que les talibans ne sont plus maîtres du pays et comment expliquer que les burqas ont tant de popularité? C'est sans doute les nouveaux "standards" pour la liberté féminine?
Non, mais, parlons de choses sérieuses.
Combien pour tuer dans ce pays?
Combien de nos impôts qui pourraient servir à nous soigner et à bien instruire nos enfants.
Cet argent qui pourrait servir à promouvoir la paix et la culture, notre culture de la paix et de la justice sociale.
Combien d'autres boîtes enveloppées de l'unifolié, doivent-elles nous revenir pour que nos compagnies puissent aller faire la piastre dans la région si on la stabilise en éliminant le plus de "barbares" possible? («Barbare»: terme employé par notre barbare Labeaume)
C'est honteux, nous parler de démocratie pendant que l'on poursuit la tuerie pour des raisons gardées sous silence.
La tuerie Monsieur Lévesque, ce n'est pas du tout de la démocratie.
Comment pouvez-vous décrire sérieusement cette honteuse farce?
Êtes-vous vraiment journaliste ou si vous êtes porte-parole de la politique d'occupation occidentale?
Un repos tranquille dans ce pays démocratique qu'est l'Afghanistan vous ferait sûrement le plus grand bien.
Allez donc sur place pour nous parler de la démocratie.
Parfois, les journalistes me choquent, disons, beaucoup (pour ne pas dire pire).
Les fustiger est parfois toléré.
Par contre, ce n'est pas un droit, on tolère l'opinion contraire lorsqu'elle n'est pas trop virulente.
Le Devoir dit : «Libre de penser», mais il faut penser avec certaines limites.
Un tel texte est une insulte aux centaines de milliers de morts en Afghanistan.
C'est aussi une insulte aux 133 Canadiens morts pour un combat dont on nous cache les vrais raisons et dont les responsables se garderaient bien de perdre leur vie pour de tels motifs.
Les grands responsables de cette tuerie immonde sont actionnaires de fabriques d'armement ou de grandes entreprises prêtes à récolter les sommes que nous fournirons pour reconstruire ce que les armes que nous avons payer aurons détruit.
Cependant, toutes ces vies qui ont été fauchées ne renaîtront pas.
Toutes ces vies brisées, tous ces parents aux cœurs brisés sont autant de bombes humaines qui, aidé d'allah ou de al-quaïda, réaliseront peut-être, un jour ce désir de faire lourdement payer la mort de leurs proches en venant se faire sauter dans nos rues.
Parler de démocratie en Afghanistan est une honte. La démocratie, qui même chez-nous a des ratés importantes, est un leurre totale en ce qui concerne ce reste de pays du Moyen-Orient.
On devrait plutôt chercher à élucider les causes de cette occupation et les intérêts qui sont en jeu.
Ce texte envoyé très tôt vendredi matin a été censuré par Le Devoir.
Il a été retransmis le lendemain, Le Devoir va-t-il le censurer une seconde fois?
Maintenant que le lectorat du Devoir a lu l'article de Monsieur Lévesque, on risque de l'accepter. La censure utilise aussi la publication retardée. C'est moins évident et tout aussi efficace.
Serge Charbonneau
Québec


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2 commentaires

  • Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre

    7 novembre 2009

    J'ai aussi un texte d'opinion soumis au journal Le Devoir le jeudi 29 octobre. Comme il faisait écho à 2 articles du journal du jour même, j'avais bonne confiance de le voir publié vendredi ou samedi. Pas de nouvelles. Trop subversif?
    Remember Saint-Léonard! (1969)
    L’ancêtre de 101 s’appelle 63 et il a accouché dans la rue. Saint-Léonard a rimé avec frappe-fort. Des quatre points de l’horizon, les collèges ont rempli des autobus jaunes, puis, cap sur la Colline à Québec! Nous avons secoué quelques barricades et montré des doigts aux agents, mais on ne nous a pas gazés.
    Plus tard, Trudeau nous a nargués à la Fëte nationale. Bourgault nous a laissé lancer quelques projectiles et la cavalerie nous a piétinés.
    Aujourd’hui, la Supreme Court of Canada nous barre la retraite, confirme M. Larose (Le Québec ne doit pas se laisser faire,Le Devoir 29 oct). La démocratie nous est confisquée, titre M. Xavier Dionne (ibid.). Le vote ne nous garantit pas des administrateurs intègres. Seule voie qui nous reste : descendre dans la rue. Et il a raison de dire que ça demande du courage, de la ténacité et la couenne dure! Le seul mouvement qui ose la résistance maintenant, le Réseau de Résistance du Québécois, nous conviait mercredi à une protestation devant le bureau de Me Brent Taylor, le procureur du Canada contre le français. Eh bien le mâtin avait mandaté un agent pour rabattre au sol notre bénévole porte-voix sans l’avertir. Et c’est la riposte habituelle aux actes de démocratie directe. Pour Ottawa, même la pacifique désobéissance civile est un acte séditieux.
    La répression décourage les moins braves. La colonie britannique ne tolère plus la résistance française. Sommes-nous encore assez nombreux de révoltés pour descendre dans la rue? L’autre option c’est la reddition, l’assimilation, yes sir!
    Au Texas, après un surprenant raid du général mexicain Santa Anna, le Général Sam Houston a crié vengeance à la bataille de San Jacinto, au mémorable cri de Remember the Alamo! (vestiges touristiques à San Antonio). Il nous faut de toute urgence un Général qui nous mène au libérateur cri de Remember Saint-Léonard!
    Et je signais en bonne et due forme.

  • Jean-François-le-Québécois Répondre

    7 novembre 2009

    Il semblerait que monsieur Ahmid Karzaï, l'actuel président de l'Afghanistan, soit une homme très, très riche... Et cela, parce qu'il serait l'un des plus gros narcotrafiquants de cette région-là de la planète.
    Je ne dis surtout pas que je voudrais voir reprendre le pouvoir, ces brutes moyenâgeuses que sont les Talibans, mais là, c'est à peu près comme si le pays qu'est l'Afghanistan, était un cartel de drogue protégé par les forces armées occidentales!