La présente crise ferroviaire a plusieurs dimensions. On l’aborde du point de vue de l’ordre public et en s’inquiétant de ses effets économiques. Avec raison.
Mais elle est aussi révélatrice d’une inquiétante évolution des mentalités sur tout ce qui touche la question autochtone au Canada.
Cette dernière, depuis quelques années, a pris une grande place au cœur de la vie politique.
On comprend pourquoi.
Canada
La situation des populations amérindiennes est non seulement déplorable, mais scandaleuse. Les réserves se présentent trop souvent comme une forme de tiers-monde intérieur.
Le gouvernement fédéral devrait faire les efforts nécessaires pour changer la situation. Jusqu’ici, il a fait faillite moralement en la matière.
Mais trop souvent, on passe de l’appui légitime aux Amérindiens à la détestation des « Blancs », comme si les Européens qui ont construit le pays n’y étaient pas chez eux.
La rhétorique mensongère sur les territoires non cédés, qui s’est imposée politiquement en quelques années, engendre une mauvaise conscience touchant particulièrement la jeune génération.
Qui s’interroge sur la légitimité des blocages ferroviaires se fait vite accuser de verser dans la « suprématie blanche » par des incultes hargneux.
Apparemment, la seule manière d’être solidaire avec les Amérindiens serait de se coucher devant les plus radicaux d’entre eux, qui n’hésitent pas à prendre l’économie du pays en otage.
Les Québécois comme les Canadiens sont ici chez eux. Ils ont construit, en plus de quatre siècles, un pays (ou plus exactement deux) qu’ils ont dépierré, défriché, labouré, pour y construire villes et villages. Ils s’y sont enracinés.
Racisme
Évidemment, ce n’est pas une histoire immaculée. Les rapports entre les peuples et les civilisations ne sont pas angéliques. Il faut toutefois éviter de verser dans l’anachronisme quand on regarde le passé.
Chose certaine, décréter que les « Blancs » doivent se taire relève d’une forme de racisme plus ou moins conscient qu’il faudrait condamner clairement.