Ce n’est pas du français qu’on nous cause, mais de la peine !

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Cent fois sur le métier remettez votre ouvrage...

La langue française et son orthographe sont des plus complexes. Les réformer plus encore, semble-t-il. Et commenter les réformes en question moins simple encore, à en croire le pas de deux médiatique d’Hélène Carrère d’Encausse, secrétaire perpétuel de l’Académie française.
Interrogée par RTS, chaîne de télévision suisse, la dame en vert commence par affirmer que les éditeurs de manuels scolaires allaient renoncer à mettre en œuvre ladite réforme. « Trop compliqué », à l’en croire, et paradoxal, donc, pour qui entendait, justement, simplifier la langue de Molière. Au cœur de la bataille, l’accent circonflexe. Et madame l’académicien d’affirmer : « On dit que les Français sont déclinistes, qu’ils se moquent de tout… mais dès qu’on touche à l’accent circonflexe, ils ont l’impression qu’on leur enlève beaucoup plus que leur portefeuille, qu’on leur enlève ce qu’ils sont. C’est une marque d’identité pour eux. »
Puis, devant la polémique qui commençait à enfler, voilà que la donzelle se rétracte, assurant au Figaro qu’elle aura été mal comprise. Décidément… Nonobstant, Hélène Carrère d’Encausse persiste à penser que « cette réforme de l’orthographe décidée en 1990 va retomber dans l’oubli, comme celles de 1905 et 1914 ». Bref, tout cela paraît aussi clair que la réforme plus haut évoquée, et nul doute que cela a dû twister sévère sous les bicornes du quai de Conti.
Au-delà de cette polémique pas follement passionnante, rappelons peut-être ceci : la langue française n’a pas vocation à être à jamais gravée dans le marbre, mais ne saurait non plus être le joujou de pédagogues fous, tentant à chaque réforme plus ou moins inspirée de lui tordre le cou. Il y a seulement l’usage, la patine du temps qui font que la faute d’hier devient norme d’aujourd’hui. Cela vaut, évidemment, pour toutes les incongruités de cette langue comptant parfois plus d’exceptions que de règles.
Voilà qui s’appelle aussi la poésie, un peu comme dans l’ancien système monétaire de nos amis « anglois », quand il fallait trois pence et demi pour faire un tiers de shilling, lequel shilling valait alors quelque chose comme trois quarts de livres, âge du capitaine inclus. Personne n’y entravait que dalle, mais au moins était-ce joli. Et puis, voilà qui n’a jamais empêché quiconque de commander une pinte de bitter au comptoir. Depuis que ces cons sont passés au système métrique, il peut arriver que la bière n’offre plus le même goût.
Alors, entre gardiens du temple confits dans la naphtaline et révolutionnaires convulsifs, gageons que notre chère langue française, forte de son génie propre, ne manquera pas de se maintenir pour les siècles à venir tout en se réinventant chaque jour, accents circonflexes et autres chapeaux chinois ou pas.
La tradition, comme disait jadis un auguste chef d’État italien, n’est-elle pas une statue qui marche de l’avant ?


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