Canadiens-Français, pourquoi?

Tribune libre

Quelles qu’étaient les intentions à notre égard des Anglais du Canada qui se sont désignés Canadians lorsque que le Canada a voulu cesser d’être nominalement une colonie de la Grande-Bretagne, le fait d’avoir été désignés par rebond de Canadiens-Français n’était pas forcément une ignominie car nous étions alors les Canadiens-Français de tout le Canada, autant des Pays d’en Haut que de l’ancienne Nouvelle France, les Acadiens étant un peuple frère mais différent, et déjà ainsi désignés. Nous sommes passés logiquement de Canadiens à Canadiens-Français et il faudrait prouver, en autant que cela soit vraiment nécessaire, que cela n’a pas été de notre fait. Quoi qu’il en soit, nos prédécesseurs ont adopté cette désignation qui leur paraissait logique et nous devons honorer ce fait autant que le reste de leur héritage. Il ne faut jamais oublier dans nos relations avec les autres peuples habitant le Canada qu’autrui n’a jamais dans le domaine de la subjectivité que le pouvoir sur soi qu’on lui accorde, autant collectivement qu’individuellement.


Nous avons espéré un temps construire l’état souverain du Québec. De souveraineté il n’y a toujours pas, pour des raisons étudiées en long et en large. L’immigration de masse nous prive maintenant de l’avantage démographique qui a été un temps le nôtre sur le territoire du Québec. Si nous étions une majorité potentiellement déterminante à l’époque de la première victoire électorale du PQ, la déliquescence depuis lors de notre classe politique nationaliste, que nous pouvons maintenant constater de façon quotidienne, nous commande de faire maintenant notre deuil d’un paradigme définitivement mis à mort sous le gouvernement de Lucien Bouchard.


Les Canadiens-Français du Québec ont accepté la désignation Québécois en adoptant le projet de construction de l’état du Québec devant déboucher sur sa souveraineté, notre propre état-nation. Nous nous percevions alors comme une majorité inclusive, bien disposée à accueillir tout immigrant désireux de se joindre à nous. Il fût tôt utile de faire des distinctions : la minorité anglaise historique du Québec devenait les anglo-Québécois,les immigrés de récente date ou non-assimilés, des néo-Québécois et nous étions les Québécois « de souche », distinction pour laquelle nous fûmes bientôt accusés de xénophobie. Désireux de faire l’unité pour notre projet de souveraineté, nous avons accepté la notion de future citoyenneté civique pour nourrir le mirage de souveraineté nationale qui se dissipait de plus en plus. Pendant ce temps le Québec devenait l’état du monde recevant proportionnellement le plus d’immigrants. Un regard à la carte électoral de la région de Montréal nous permet d’en mesurer l’impact concret, indéniable. La bataille de Montréal est perdue.


Nous sommes à une croisée des chemins. Continuer à ignorer la réalité va bientôt nous perdre. Les démographes nous disent que nous serons minoritaire sur l’ensemble du territoire québécois vers 2050, dans 30 ans. C’est le « gros Nouveau-Brusnwick » dont nous parlait Jean-Chrétien. 30 ans, c’est une génération. C’est il a y 30 ans, vers 1990, avant le second référendum, qu’a commencé la déferlante démographique qui a modifié à tout jamais le visage de nos quartiers montréalais.


Il faut faire face à la réalité, constater le lent mouvement de l’histoire, le reconnaître et le nommer. Nommer le paradigme tenant compte de la réalité. Quelle meilleure façon que de revenir au nom qui identifiait le miracle de notre survie non seulement sur le territoire de la province de Québec mais dans tout le Canada que nos ancêtres avaient les premiers parcouru.



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