Canada: la chute du prix du pétrole influencera-t-elle les électeurs?

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Réponse ce soir

Il y a quelques années encore, Fort McMurray portait le surnom « Fort McMoney ». La moyenne des salaires était la plus élevée parmi toutes les villes canadiennes. Mais ces années fastes sont révolues. Les compagnies pétrolières licencient à tour de bras, raconte Amy, une mère célibataire qui travaille dans une station service. « La vie est difficile. L’activité économique a beaucoup baissé. Mon père a travaillé pour l’industrie pétrolière, il a été licencié. » Pour compléter son salaire, Amy travaille aussi dans un restaurant comme serveuse.


Beaucoup de gens ont quitté la ville, car la crise affecte non seulement les grandes entreprises pétrolières mais aussi le secteur des sous-traitants. Avec son mari, Colleen Tatum a lancé un garage spécialisé dans l’inspection des grands camions, une affaire qui roulait bien, jusqu’à récemment, explique la jeune femme : « Notre entreprise est durement touchée par la crise. Nos bénéfices ont beaucoup baissé. Nous avions 14 salariés et maintenant nous n’en avons que huit », regrette-t-elle.


L’ancienne « Boomtown » compte de plus en plus de SDF


Signe de la crise : dans le centre-ville de Fort McMurray, en face du casino « Boomtown » se trouve un centre pour sans domicile fixe (SDF) dont la fréquentation est en hausse. Mais malgré la crise, la maire de Fort McMurray affiche son optimisme.


« Les quelques conversations que j’ai eues avec des dirigeants d’entreprises tournaient toujours autour de la question : comment réduire les coûts de production ? », explique Melissa Blake, qui connaît bien le dossier car elle a travaillé plusieurs années dans l’industrie pétrolière. « Si la production d’un baril de pétrole leur coûte 50 dollars mais qu’ils obtiennent seulement 40 dollars pour le baril sur le marché, ils ne vont pas s’en sortir. Si la crise perdure, on va perdre des emplois. Mais à la fin, on finira par produire le pétrole moins cher et cela rendra les entreprises plus compétitives », ajoute-t-elle.


L’avenir de Fort McMurray se joue à Washington


La ville a lié son destin à celui du pétrole, qui est en partie entre les mains des Américains. L’Alberta attend avec impatience la construction de l’oléoduc Keystone pour acheminer le pétrole extrait des sables bitumineux vers le golfe du Mexique. Mais le président Barack Obama a rejeté la construction de l’oléoduc Keystone. Pour le directeur de la Chambre de commerce canadienne, Jean-Marc Guillamot, c’est donc à Washington que se jouera l’avenir de Fort McMurray. « Si l’an prochain, un républicain est élu président, il donnera le feu vert pour le projet Keystone. Cela nous permettrait d’augmenter notre activité. » Et le directeur de conclure : « Quel que soit le nouveau gouvernement à Ottawa, cela ne changera rien pour Fort McMurray. Les gens d’ici regardent plus vers Washington que vers Ottawa. »


Si Fort McMurray reste un pilier de l’économie canadienne (le pétrole contribue à un tiers au PIP national), la contribution de la ville à la vie politique nationale est négligeable. Lors des dernières élections en 2011, l’abstention à Fort McMurray a atteint 60 % : un record national ! Ce n’est donc pas par hasard que le candidat libéral Justin Trudeau, favori des sondages, a terminé sa campagne électorale en Alberta. Le parti conservateur de Stephen Harper a toujours le vent en poupe, avec 57 % selon un dernier sondage, mais les libéraux gagnent du terrain. D’après le Calgary Herald, ils pourraient bien prendre quelques sièges aux conservateurs, des sièges qui pourraient faire la différence au Parlement d’Ottawa et aider les libéraux à constituer un gouvernement majoritaire.



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