Il est extrêmement dommage qu'aucune entente ne soit encore intervenue entre le gouvernement et l'opposition officielle pour la tenue d'une commission parlementaire spéciale destinée à faire la lumière sur les résultats de la Caisse de dépôt en 2008. Faudra-t-il attendre l'étude des crédits, le printemps prochain, pour en savoir plus?
C'est la ministre des Finances, Mme Jérôme-Forget, qui a pris la décision de ne pas convoquer de commission spéciale, mais l'opposition porte sa part de responsabilité dans l'échec des négociations. En posant des exigences trop évidemment partisanes comme la comparution de l'ancien premier ministre Jacques Parizeau et d'anciens présidents de la Caisse comme Jean Campeau et Jean-Claude Scraire, l'opposition savait que le gouvernement dirait non. Demander à la ministre des Finances de répondre aux questions des députés, cela va de soi, mais pour le reste, une commission parlementaire n'est pas une commission royale d'enquête!
La ministre des Finances a eu beau jeu de mettre fin aux négociations en sachant que l'ex-président Henri-Paul Rousseau ferait une apparition publique lors d'un dîner de la Chambre de commerce, lundi prochain, après quoi il répondra aux questions des journalistes. Compte tenu de la forte personnalité de M. Rousseau et de sa connaissance approfondie des marchés financiers, il lui sera facile d'expliquer sommairement les déboires de la Caisse et de répondre à l'enfilade de questions des journalistes. Malheureusement, l'exercice restera très superficiel et on n'en saura pas davantage sur les failles de la mécanique d'évaluation des risques qui ont conduit au fiasco.
À la défense de l'opposition, il est vrai que deux journées seulement de commission spéciale ne suffiraient pas non plus pour répondre à des questions pointues. Il faut donc compter au moins le double et encore, pourvu qu'on s'en tienne aux résultats de 2008 sans s'attaquer au modèle même de fonds d'investissement qu'est la Caisse.
Il va de soi que bien d'autres questions mériteraient aussi d'être posées, comme: faut-il scinder l'institution en plusieurs entités autonomes et concurrentes? Faut-il modifier la loi dans le but d'accorder la priorité à l'investissement local sur la recherche de rendement? Faut-il renoncer au risque et revenir à des placements très conservateurs? Tout cela est fort intéressant, mais il faut être naïf pour croire qu'une commission parlementaire soit le meilleur endroit pour vider un sujet comme celui-là. Et de toute façon, ce que les Québécois veulent savoir à l'heure actuelle, ce sont les causes de la dégringolade de 2008, les conséquences sur nos finances et les moyens de corriger la situation à court terme. Pour répondre à cela, une commission parlementaire s'impose avant la nomination du prochain p.-d.g.
***
j-rsansfacon@ledevoir.com
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
Aucun commentaire trouvé